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Le déclenchement des élections est un choix naturellement électoraliste

Des élections? Bien sûr qu'il y en aura. La décision en reviendra à la première ministre Marois, un des rares avantages d'une gouvernance minoritaire dans ce système parlementaire britannique désuet qu'est le nôtre...
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Des élections? Bien sûr qu'il y en aura. La décision en reviendra à la première ministre Marois, un des rares avantages d'une gouvernance minoritaire dans ce système parlementaire britannique désuet qu'est le nôtre...

Certains s'offusquent que cette décision n'en revienne qu'à la première ministre, on la taxe d'opportunisme, on ajoute cela sur le tas du mépris quotidien que certains de ces détracteurs de toujours continuent de propager. Pourtant, Jean Charest a-t-il hésité une seule seconde avant de déclencher des élections à quelques jours de Noël afin d'y gagner sa «majorité»? Car comble de cynisme, les stratèges libéraux savent très bien que leur parti compte plus de chance de l'emporter quand le taux de participation est bas. Décourager l'électorat de voter? Quel cynisme direz-vous? Analysons les résultats électoraux depuis le scrutin de 1976...

On remarquera que dans l'histoire récente du Québec (entre 1976 et 2012), le PLQ a toujours été mieux servi quand le taux de participation aux élections générales au Québec était inférieur à 77%.

- 15 novembre 1976, taux de participation: 85.27% ► PQ majoritaire

- 13 avril 1981, taux de participation: 82.49% ► PQ majoritaire

- 2 décembre 1985, taux de participation: 75.64% ► PLQ majoritaire

- 25 septembre 1989, taux de participation: 74.95% ► PLQ majoritaire

- 12 septembre 1994, taux de participation: 81.58% ► PQ majoritaire

- 30 novembre 1998, taux de participation: 78.32% ► PQ majoritaire

- 14 avril 2003, taux de participation: 70.42% ► PLQ majoritaire

- 26 mars 2007, taux de participation: 71.23% ► PLQ minoritaire

- 8 décembre 2008, taux de participation: 57.43% ► PLQ majoritaire

- 4 septembre 2012, taux de participation: 74.69% ► PQ minoritaire

Il est donc tout à fait plausible qu'un parti politique déclenche des élections en fonction de tous les avantages que lui confère sa position de décider la date du scrutin. Cela s'est vu à maintes reprises dans l'histoire du Québec. D'ailleurs, une des mesures que les libéraux ont refusé de mettre place pour le scrutin de 2012 visait justement, comble de cynisme (voilà le fléau du XXe siècle non?), à décourager le vote étudiant, dont ils savaient qu'il leur était largement défavorable. C'est pourquoi Charest salivait à l'idée d'installer des bureaux de scrutin dans les résidences de personnes âgées (CHSLD) mais refusait de le faire sur les campus d'institution d'enseignement postsecondaire. Le projet de loi 13 du gouvernement actuel, entré en vigueur en avril 2013, permettra aux étudiants de voter dans les centres de formation professionnelle ainsi que dans les établissements d'enseignement collégial et d'enseignement universitaire.

Mode de scrutin désuet

Le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour, qui est le nôtre, est parmi les systèmes électoraux les plus simples que l'on puisse rencontrer, mais c'est aussi le plus inique, le plus injuste en quelque sorte. Exemple: lors d'une élection, le candidat A recueille 25% des voix, les candidats B, C, D et E obtenant respectivement 22%, 19%, 18% et 16% des voix. Le candidat A est élu avec 75% des électeurs dans l'opposition. Bref, ce mode de scrutin est désuet et c'est pourquoi nombre de gens au Québec, mais aussi au Canada, militent pour qu'il soit remplacé par la proportionnelle. Ce n'est pas gagné, car ceux qui ont le pouvoir de le changer sont aussi ceux qui profitent le plus de son iniquité. On demande ainsi aux politiciens de scier sur la branche d'or sur laquelle ils sont assis... Pas évident.

Une façon de forcer le gouvernement à se pencher sur la question se trouvait, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, dans le programme électoral du PQ: le référendum d'initiative populaire (RIP). S'il y a une question, un enjeu sur lequel il serait possible de mobiliser une large part de l'électorat sans égard à son inclinaison politique, c'est la nécessité de réformer notre mode de scrutin et le processus des RIP est tout désigné pour y arriver. Vivement le retour de cette proposition dans le programme du PQ...

Électoralisme imposé

En attendant, le mode de scrutin actuel impose à toutes les formations politiques de jouer le jeu de sa désuétude, ce qui implique une certaine part d'électoralisme; ce qui serait moins vrai si on octroyait les sièges à l'Assemblée nationale en fonction du pourcentage des suffrages par exemple. Le système actuel commande à chaque parti, surtout s'il aspire au pouvoir, d'user de chaque avantage dont il dispose, dont celui de la date du déclenchement des élections.

À ceux qui reprochent au PQ de se prévaloir de cet avantage, on répondra que n'importe quel parti placé dans la même situation ferait de même. C'est inhérent aux règles du jeu. Renoncer à cet avantage reviendrait à donner à ses adversaires un double avantage numérique dont il est difficile de se remettre.

Autant marquer dans son propre filet.

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Avril 2018

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