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La «Convergence nationale» plombée par le corporatisme politique?

Bref, ce que l'on retiendra du premier Congrès de la Convergence nationale, c'est que si les militants souverainistes implorent majoritairement lesde tous les partis dits «indépendantistes» à s'entendre afin de favoriser un Front Uni lors des prochaines élections provinciales, force est de constater que le corporatisme électoral prime encore. Tant au Parti québécois que chez Québec solidaire ou Option nationale.
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Mathieu Breton

La prémisse de l'article de Lisa-Marie Gervais dans Le Devoir concernant le congrès de la Convergence nationale propose des pistes de réflexion intéressantes.

«Ce fut un modeste départ pour le congrès de la Convergence nationale qui, malgré un enthousiasme bien senti des militants souverainistes de la base, n'a pas semblé convaincre les représentants des partis politiques indépendantistes.»

Il faudra bien le dire un jour... Et si c'était le corporatisme politique des dirigeants de chaque formation dite «souverainiste» qui bloquait toute velléité de Front Uni des indépendantistes? Je suis persuadé que la majorité des souverainistes québécois sont prêts à sacrifier l'étiquette auprès de laquelle ils logent - quand il y en a une - au profit de l'avancement de la cause.

Il y a bien quelques enragés belliqueux s'identifiant à l'une ou l'autre des formations souverainistes qui passent leur temps, sur les médias sociaux notamment, à attaquer les autres formations souverainistes. Ce qui est intriguant dans leur cas, c'est le silence qu'ils manifestent envers les adversaires fédéralistes, à un point tel qu'on peut se demander s'ils ne bossent pas pour ceux d'en face, les fédéralistes justement!

Le billet se poursuit après la galerie

Bernard Landry, premier ministre du Québec 2001-2003

Convergence nationale: têtes d'affiche

Mais généralement, ceux pour qui l'implication et l'intérêt politique passe par l'espoir d'un Québec souverain n'hésiteraient pas à appuyer un candidat dans leur comté issu d'une primaire souverainiste par exemple. Mais pour que cela se fasse, il faut que les dirigeants des partis acceptent de mettre de côté les intérêts particuliers de leur formation politique. Dans le système électoral actuel, cela n'est pas facile, car ça implique moins de ristourne induite par la compilation de chaque vote à un parti en particulier.

Sur le site du Directeur général des élections du Québec, on explique:

Allocations versées aux partis politiques autorisés

«Le directeur général des élections détermine, après chaque élection générale, l'allocation annuelle qui peut être versée aux partis autorisés conformément à l'article 82 de la Loi électorale. Cette allocation est révisée annuellement. Elle est distribuée proportionnellement au pourcentage des votes valides obtenus par les partis aux dernières élections générales.»

Ces fonds sont essentiels à la survie et au fonctionnement des partis politiques; locaux, employés, équipes de recherche, publicité, etc. Si on prend le cas spécifique d'un comté comme Gouin, celui de Françoise David en 2012, une primaire entre souverainistes aurait impliqué que l'un des partis accepte de céder une contribution au prorata du vote dont il a toujours besoin. Pour le PQ, il se serait agit d'une perte qui représente plus de 32 % (et près de 11 000 votes) du suffrage exprimé dans cette élection. En contrepartie, Québec solidaire aurait certainement engrangé plus de fonds suite à l'appui unanime des souverainistes, nombreux et majoritaires, dans ce comté. Comment procéder pour s'assurer que les autres formations souverainistes n'y perdent pas au change?

Petit aparté.

Au moment où chaque formation souverainiste planifie sa participation au Congrès de la Convergence nationale, qui envoyer, quel discours prononcer, quel type d'appui y manifester, le co-chef de Québec solidaire, Amir Khadir, publie sur son blogue, le jour où s'ouvre le Congrès (hébergé sur le site du parti), un long article qui plante, mais là royalement, le Parti Québécois.

Bravo champion. On aurait voulu, chez Québec solidaire, plomber le Congrès de la Convergence nationale qu'on ne s'y serait pas pris autrement. Ils auraient pu joindre l'article de Khadir à leur court communiqué de presse faisant état de leur participation à la Convergence, non? Comme les deux ont été publiés à la même date!

Les cyniques pourraient ajouter que manifestement, Amir Khadir semble plus enthousiaste quand il est question d'appuyer la gauche canadienne que la souveraineté québécoise. On se souvient de son explication alambiquée à Jean-François Lisée, avant son passage en politique active, sur son blogue à l'Actualité. L'histoire nous a montré depuis que le corporatisme électoral a imposé au NPD de stopper net ses ardeurs à défendre le Québec et la voix de la majorité des potiches NPD issues de la «Vague orange» ne résonne pas fort quand il est temps de discuter «Clarté référendaire» ou «Bas-Churchill». Car au NPD, on doit aussi ménager les susceptibilités du ROC sur ces questions, perspectives de pouvoir obligent...

Bref, ce que l'on retiendra du premier Congrès de la Convergence nationale c'est que si les militants souverainistes implorent majoritairement les leaders de tous les partis dits «indépendantistes» à s'entendre afin de favoriser un Front Uni lors des prochaines élections provinciales, force est de constater que le corporatisme électoral prime encore tant au Parti québécois que chez Québec solidaire ou Option nationale.

Voilà qui est bien dommage, car une fenêtre inespérée s'ouvre à la division chez nos adversaires fédéralistes. Déjà que la CAQ, dans la foulée de la génuflexion de Legault à The Gazette au mois d'août dernier, avait convaincu quelques fédéralistes anglophones de Montréal de l'appuyer, voilà que les débats sur le projet de Loi 14 portent la frange plus radicale des tenants de l'assimilation du Québec par un bilinguisme à tout crin ont décidé de ressusciter le sinistre Howard Galganov et l'incarnation radicale de leurs aspirations, le «Parti Égalité 2.0»...

Il doit bien exister quelques militants, et pourquoi pas certains bien en vue, dans chaque parti souverainiste afin de faire pression sur les chefs et leur entourage afin qu'ils entendent ce que la majorité des souverainistes leur crient: «Unissez-vous bordel ! sinon, nous travaillerons à vous tasser pour le bien de la cause!»

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