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Les indépendantistes n'ont plus à porter seuls le poids des limbes constitutionnels

Ne soyons pas dupes, les élections de 2018 vont se jouer, en tout ou en grande partie, sur la question constitutionnelle... Les indépendantistes ne doivent pas tomber dans le piège de laisser leurs adversaires les définir et établir les paramètres des débats.
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Si les campagnes de 2012 et de 2014 nous ont enseigné quelque chose, c'est que les adversaires du PQ, des indépendantistes, ne lésineront plus jamais sur les moyens -loyaux ou déloyaux- à prendre pour défaire le parti québécois. Il est absolument impératif que le parti québécois qui se définit, en ce moment, et qui établira par le fait même ses grandes orientations pour la prochaine bataille électorale, ne répète pas les erreurs du PQ de la défaite d'avril 2014. C'est capital. Notamment en ce qui a trait à la question constitutionnelle.

Car ne soyons pas dupes, les élections de 2018 vont se jouer, en tout ou en grande partie, sur la question constitutionnelle...

Les indépendantistes ne doivent pas tomber dans le piège de laisser leurs adversaires les définir et établir les paramètres des débats. Je pense ici, bien sûr, mais pas uniquement, à tout ce qui entoure la question de son statut dans le Canada. Le Québec est dans les limbes constitutionnels; il n'aura pas signé la constitution de 1982 quand s'amorceront les festivités du «Canada post-national» de Justin Trudeau. Le Québec ne sera pas de cette orgie multiculturelle dopée au révisionnisme historique. Tant mieux. Mais y'a une raison pour ça. Les gouvernements fédéralistes et souverainistes qui se sont succédé au Québec depuis 1982 n'ont jamais ratifié cette «horreur de constitution, fabriquée sans nous, et contre nous, dans notre dos»... Oui ce pays des autres, tel que l'affirmait René Lévesque.

Mais il y a plus. Les fédéralistes ont depuis tout fait pour banaliser cette question; la repousser au plus profond des «pas vraies affaires» afin d'éviter de reconnaître l'affront qui fut fait au Québec en avril 1982. Ceci de l'ex-éditorialiste en chef du Devoir Bernard Descôteaux:

« Banaliser ainsi l'exclusion du Québec ne sert qu'à occulter la véritable signification de cet événement que plusieurs politiciens voudraient repousser au plus profond des limbes politiques. L'amnésie ne saurait modifier la réalité des choses. La réalité est que le 17 avril 1982, l'un des deux peuples fondateurs a proclamé sa supériorité sur l'autre en lui imposant une Constitution qui réduisait sa capacité légale à protéger sa langue et sa culture. Le compromis historique de 1987, accepté de mauvais gré par les Québécois à l'époque, se trouvait altéré. Le Canada n'en était pas à son premier déshonneur. »

Assez l'époque où seuls les indépendantistes avaient à porter le lourd poids des limbes constitutionnels, assez cette époque où la seule évocation de l'épouvantail référendaire permet à un parti corrompu, épuisé, méprisant, de s'accaparer du pouvoir sans n'avoir même à proposer de programme politique et encore moins une quelconque vision des avantages du fédéralisme pour le Québec! Ah ça non. Quand ils se présentent devant les Québécois ces chantres du fédéralisme, ils évitent de nommer le multiculturalisme qui le définit; ils lui préféreront tous les euphémismes, mais surtout éviteront de nommer les choses. Car c'est connu que la grande majorité des Québécois préfèrent, et de loin, la laïcité républicaine au multiculturalisme débridé, sans bornes, d'un Justin Trudeau (et pas mal de Canadiens aussi en passant). C'est quand la dernière fois que Philippe Couillard s'est livré à un discours passionné pour défendre les vertus du multiculturalisme, du fédéralisme tel qu'on le pratique maintenant. Quand le chef du PLQ s'est-il montré enthousiaste à défendre la capacité des Canadiens de reconnaître ne serait-ce que les conditions minimales édictées par un de ses prédécesseurs libéral, Robert Bourassa, afin que le Québec joigne la constitution du Canada comme société distincte et digne peuple fondateur de ce pays; et non sans avoir à capituler sans condition, sinon que la seule qui semble faire de nos jours, soit la reddition et l'acceptation docile de l'assimilation...

Philippe Couillard rêve de signer la constitution de 1982 à temps pour les grandes célébrations de 2017. Mais il ne peut pas, car jamais les Canadiens n'accepteront quelque compromis que ce soit afin d'accueillir dignement le Québec dans son giron. Jamais. La chose est entendue. Alors, comme les autres de son parti avant lui, comme Charest par exemple, il banalise. «Le fruit n'est pas mûr.» Normal. Il s'est fané.

La même chose peut être dite du «nationalisme» de François Legault. Fraude intellectuelle s'il en est une, ce «nationalisme» castré, inopérant, n'est rien d'autre qu'une étiquette qui ne passe même pas le test de la défense du programme caquiste quand il en parle.

Vous souvenez-vous de ceci tiré du programme de la CAQ à la section 4 «Reconnaissance du Québec»...

«Une nouvelle entente entre le Québec et le Canada devra donc ultimement aboutir à la reconnaissance constitutionnelle pleine et entière du Québec en tant que nation.»

Nous savons d'ores et déjà que la CAQ, François Legault et tous les autres de ce parti -qui aspire à ravir l'électorat et la place du PLQ, donc farouchement fédéraliste-, attaqueront le PQ en faisant usage de l'épouvantail référendaire. On entendait déjà Legault caqueter «référendum... référendum».

Parfait.

Et cette «nouvelle entente constitutionnelle avec le Canada», gens de la CAQ... On y arrive comment? Je le répète encore... Les gens de la CAQ refuseront de répondre à cette question... qui est pourtant le socle de leur étiquette «nationaliste». Sauf que François Legault le sait mieux que quiconque, la reconnaissance du Québec comme nation dans la constitution d'un Canada «post-national» comme le définit Trudeau est non seulement impossible; il s'agit là d'un prédicat loufoque et intellectuellement facétieux.

Non, les indépendantistes ne doivent plus porter seuls le poids des limbes constitutionnels. Il faut passer d'un discours défensif, et complaisant des paramètres fixés par nos adversaires, à un mode d'attaque qui impose aux fédéralistes d'expliquer aux Québécois comment ils entendent sortir le Québec de l'impasse constitutionnelle. Il est impératif aussi de forcer les fédéralistes à défendre le multiculturalisme canadien au Québec, sans euphémismes.

Nous savons aussi que les adversaires des indépendantistes, fussent-ils dans les médias, dans la haute caste financière, feront tout pour éviter que le débat ne bifurque sur les éléments les plus compromettants du fédéralisme. Ça nous le savons. Le débat entourant la question de la laïcité au Québec lors de l'éphémère gouvernement Marois l'a bien montré, tout comme la couverture de la campagne électorale de 2014. Il faut s'y préparer maintenant. Il existe tant de possibilités, ici et maintenant, de contourner cette médiacaste conventionnelle. Il faut y voir.

Cette grande bataille commence maintenant. Il nous faudra répondre coup pour coup aux attaques de nos adversaires -je n'use jamais du terme «ennemis» car nous sommes tous Québécois en dépit de nos divergences idéologiques-; mais il nous faudra aussi porter des coups. Ça commence par l'initiative de forcer les fédéralistes à définir comment ils entendent vendre, plaider en faveur de ce Canada multiculturaliste à outrance de Justin Trudeau aux Québécois...

Go.

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