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Vers un Bloc québécois moribond?

Il y a fort à parier que le Bloc ne comptera même plus trois députés quand la prochaine campagne électorale débutera . En grande partie, ce déchirement du Bloc sera dû à l'incapacité de marier défense décomplexée de l'indépendance et respect de l'héritage passé de cette formation politique.
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Je lis toute sorte de supputations concernant la démission de Jean-François Fortin du caucus du Bloc québécois, certaines qui sont carrément loufoques. Permettez-moi de remettre les pendules à l'heure en fonction de ce que m'ont raconté plusieurs contacts aux premières loges du dernier congrès.

« Le Bloc vient carrément d'être repris par Option nationale! »

Au lendemain de la victoire de Mario Beaulieu, j'ai longuement jasé avec quelques - certains ex, d'autres encore - employés du Bloc. Le congrès avait laissé un goût amer dans la bouche de ceux qui œuvraient au sein de la formation fédérale depuis longtemps. À chaque fois on m'expliquait que Beaulieu avait fait le plein de militants plus « déterminés » (d'autres les appellent pressés ou purs et durs) souvent affichés ouvertement Option nationale.

Lors du Congrès de Rimouski en juin dernier, il ne fallut mobiliser que quelques centaines de membres autour de Mario Beaulieu afin qu'il ne récolte 53,5% des votes et ne devienne chef du Bloc. Dès l'annonce de sa victoire, douche froide dans l'assemblée, surtout pour les militants de longue date du Bloc. Le discours de victoire du nouveau chef a déjà annoncé les fractures que nous voyons apparaître aujourd'hui. Tout de suite, on a senti dans ce discours une attaque à peine voilée envers l'héritage passé des anciens chefs, mais de la formation politique en général.

Deux camps se sont instinctivement formés : l'ancienne garde du Bloc derrière Bellavance et le clan du vainqueur qui rassemble plusieurs nouveaux venus précisément pour la chefferie, souvent recrutés par Beaulieu, excellent homme de terrain. L'ancienne garde privilégie une défense des intérêts du Québec au fédéral et une approche plutôt étapiste de la défense de l'indépendance (quoique Jean Francois Fortin avait signé un texte dans Le Devoir en janvier dernier où il prônait un Bloc fort à Ottawa pour y défendre résolument l'indépendance). Il va s'en dire que Beaulieu et son entourage préconisent une défense décomplexée, voire radicale parfois aux yeux des premiers, de l'option indépendantiste. L'affrontement était inévitable.

Pourtant, le clan de Mario Beaulieu devrait pouvoir tirer leçon de l'aventure d'Option nationale au provincial. L'ancien parti de Jean-Martin Aussant est réduit à la marginalité, l'enthousiasme des premiers élans ayant fait place à une certaine indifférence et ce parti, comme le PQ et tous les indépendantistes en général, doit participer à une remise en question concernant l'état actuel du mouvement.

La dernière grande enquête fédérale place le Bloc en 3e place (16%) au Québec, loin derrière les Libéraux et le NPD, quoique ce sondage est pan canadien et que l'échantillon soit assez faible au Québec.

Une chose est certaine, s'aliéner l'héritage passé de ceux qui ont travaillé au Bloc dans le passé est une stratégie suicidaire. «Le Bloc n'a pas réussi à faire élire plus de 50 députés à Ottawa dans le passé en ne comptant que sur le vote des indépendantistes convaincus! Le Bloc réussissait à fédérer tous les nationalistes, mais Beaulieu en radicalisant le discours envoie une large part de cet électorat chez Mulcair, ou pire, chez Trudeau! », me racontait ce matin un contact au Bloc.

Il y a fort à parier que le Bloc ne comptera même plus trois députés quand la prochaine campagne électorale débutera au plus tard en septembre 2015. En grande partie, ce déchirement du Bloc sera dû à l'incapacité de marier défense décomplexée de l'indépendance et respect de l'héritage passé de cette formation politique; ce qui impliquait, oui, de devoir aussi faire de l'œil aux nationalistes moins pressés.

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