Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Congrés du PLC: à main levée, deux poids deux mesures...

Revenons-en au congrès du PLC qui se tenait en fin de semaine à Winnipeg. Le menu était imposant, beaucoup de discussions et une refonte de certains éléments majeurs de la constitution du parti, dont celui, controversé, de transformer complètement le parti libéral du Canada en un mouvement politique.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
John Woods/Canadian Press

Cette image me trotte dans la tête depuis quelques jours. C'est passé dans l'beurre comme on dit. L'image en tête de cette entrée de blogue a été prise en fin de semaine au congrès du parti libéral du Canada. Les délégués votent, à main levée, sur une proposition. Banal? Non. Car le parti de Justin Trudeau, qui se targue de toujours plus de transparence, a refusé de tenir un débat sur cette pratique dans ses instances. Des militants libéraux auraient voulu que les votes en congrès soient secrets. Certains craignent d'être identifiés, isolés, s'ils contestent le chef. Mais Trudeau a tranché. Le vote à main levée restera.

En avez-vous entendu parler? Moi pas. Et pourtant... comment ne pas se souvenir de cette médiacaste au Québec qui s'insurgeait des votes à main levée en assemblée étudiante lors du printemps érable... Intimidation! Illégitimes ces votes!

J'ai encore en mémoire les nombreuses entrevues que devaient accorder les représentants des associations étudiantes lors du printemps érable où ces derniers devaient défendre le «processus démocratique» de leurs assemblées. Combien de fois les Paul Arcand, Mario Dumont, Éric Duhaime et tant d'autres dans les médias s'insurgeaient de ces «votes secrets», illégitimes, anti-démocratiques.

Le gouvernement Charest, dont la gestion était un élément déclencheur de cette contestation sociale, avait même suggéré d'imposer le vote secret aux associations étudiantes. La ministre Line Beauchamp arguait que les votes secrets pouvaient mener à l'intimidation.

Je rappelle cette réplique d'un étudiant en sociologie à l'UQAM, Olivier Amoureux-Lafleur, à la ministre Beauchamp qui faisait la leçon démocratique aux étudiants. Un texte toujours pertinent aujourd'hui d'ailleurs.

«L'intimidation est un qualificatif malheureusement trop souvent associé au processus des votes de grèves actuels. On comprendra que ce mot est plus que populaire de nos jours au Québec, c'est à croire que d'ici peu le seul fait d'exprimer ses idées sera considéré comme de l'intimidation.

Dites-moi aussi, madame Beauchamp, vous vous souvenez du militant libéral et député de Vimont, Vincent Auclair, qui avait osé proposer en congrès d'ouvrir la porte à une commission d'enquête sur la construction? Il n'avait trouvé aucun secondeur. Ces petits airs de Russie sont bien exotiques, mais ils me glacent le sang. Pas de surprise que le député ait annoncé son retrait de la vie politique. Pour se faire entendre, aurait-il dû faire la demande d'une injonction contre le Parti libéral?»

Ce à quoi j'ajouterais aussi la pathétique expérience du militant libéral du comté de Groulx Martin Drapeau en novembre 2010 en plein Conseil général du PLQ. Ce militant avait eu le courage de demander en congrès que soient enfin débattus de face les problèmes éthiques dans le milieu de la construction. Rappel:

«Un militant de la circonscription de Groulx, Martin Drapeau, membre du Parti libéral du Québec depuis 30 ans, a tenté de présenter un amendement visant la tenue «d'une vaste enquête sur l'attribution des contrats publics au Québec, particulièrement à l'industrie de la construction». Mais cet amendement n'a pu être débattu puisque personne parmi les quelque 500 libéraux présents dans la salle ne s'est levé pour seconder la présentation de la proposition de M. Drapeau.»

Quand on parle d'intimidation... le parti libéral du Québec en sait quelque chose.

Intimidation au parti libéral du Canada?

Revenons-en au congrès du PLC qui se tenait en fin de semaine à Winnipeg. Le menu était imposant, beaucoup de discussions et une refonte de certains éléments majeurs de la constitution du parti, dont celui, controversé, de transformer complètement le parti libéral du Canada en un mouvement politique, notamment en retirant complètement le membership. Justin Trudeau et les apparatchiks du parti n'avaient pas du tout le goût que leur plan soit contesté, que le tout s'étire en longs débats. Car il y avait bel et bien des gens qui n'entendaient pas laisser le tout se produire sans en débattre...

La journaliste Joan Bryden de La Presse canadienne en a traité justement dans son compte-rendu.

«Under the proposal, anyone willing to register for free as a Liberal will in future be entitled to vote in leadership and nomination contests, attend conventions and take part in policy development. Some grassroots Liberals had said they felt intimidated by the heavy-handed tactics used to rally support for the proposal, with Liberal MPs and party staffers lobbying hard among the delegates.

That manifested itself Friday in an unsuccessful attempt to change the rules to allow a secret ballot vote on the proposed constitution, where delegates wouldn't feel «pressured one way or the other,» as one Liberal put it.»

(Selon la proposition, quiconque pourrait s'inscrire gratuitement en tant que libéral et pourrait, à l'avenir, avoir le droit de voter en investiture, sur la confiance envers le chef, assister à des congrès et prendre part à l'élaboration des politiques du parti.

Certains militants libéraux ont toutefois rapporté qu'ils se sentaient intimidés par les tactiques douteuses utilisées par les députés libéraux et des membres du personnel du parti qui faisaient pression parmi les délégués pour rallier le soutien à la proposition. Le tout a culminé vendredi par une tentative infructueuse de changer les règles du parti de permettre le vote secret sur la constitution proposée, afin que les délégués ne se sentent pas sous pression d'une façon ou d'une autre, comme un libéral l'a dit.)

Au final, Trudeau a remporté son pari malgré les réticences de nombreux délégués. Un résultat soviétique: 1988 pour, 66 contre. Vote à main levée.

Quand on considère que les apparatchiks du parti, en plein débat en congrès vendredi -et pendant que le chef était au Japon- ont un instant craint que la nouvelle constitution si chère au chef et à son entourage puisse être battue, ce vote a quelque chose de vraiment douteux. Au moins aussi douteux qu'une assemblée de grève de l'UQAM non!

Pourtant, on parle ici d'un vote qui a radicalement changé la constitution du parti qui gouverne le Canada.

En avez-vous beaucoup entendu parler?

VOIR AUSSI SUR LE HUFFPOST

Justin Trudeau au Japon pour le G7

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.