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Notre action humanitaire a fait une différence et sauvé des vies

L'an dernier, les équipes de MSF ont fourni plus de huit millions de consultations médicales aux personnes dans le besoin à travers le monde. Elles ont traité plus de deux millions de cas de paludisme, ont réalisé 200 000 accouchements et secouru 23 000 réfugiés et migrants de la noyade en mer.
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Tous les mois de décembre, nous profitons de l'occasion non seulement pour jeter un regard sur les accomplissements des 12 derniers mois, mais aussi pour trouver des raisons d'espérer alors que nous nous dirigeons vers une nouvelle année. C'est loin d'être une tâche facile, surtout lorsqu'on considère le travail de Médecins Sans Frontières (MSF) sur les lignes de front des crises humanitaires du monde entier - qui, par sa nature même, peut souvent mettre en évidence les conflits apparemment sans fin et les besoins croissants.

Dans cette optique, les situations d'urgence et les besoins auxquels MSF a répondu en 2016 avaient la même ampleur que les années passées. La guerre brutale et tragique qui se poursuit en Syrie, le conflit et la précarité au Yémen, la terreur et la malnutrition dans le nord-est du Nigeria et un nombre record de personnes à travers le monde forcées de quitter leur foyer sont quelques-unes des crises qui ont nécessité notre intervention l'année dernière.

Mais c'est la violence contre les civils, les humanitaires, les professionnels en santé et les hôpitaux - passant de dommages collatéraux dans les zones de conflit à des cibles directes - qui a testé notre détermination et failli nous arrêter dans notre élan. En dépit des protestations internationales et de notre indignation, les attaques contre les hôpitaux, les médecins et les convois d'aide humanitaire ont continué sans relâche et se sont normalisées en 2016. Non seulement ces violations du droit international humanitaire n'ont pas systématiquement été dénoncées, mais dans certains cas , elles ont été perpétrées par les plus grands États membres des institutions internationales qui sont censées respecter et faire respecter les règles. Cet effritement du consensus humanitaire mondial d'après-guerre représente un important échec politique, et nos collègues sur le terrain et les patients que nous servons ont souvent payé de leur vie.

C'est à nous de faire une différence

Ce serait une erreur, cependant, de laisser ces défaillances gouvernementales et militaires détruire les principes humanitaires et miner notre détermination. En fait, ces échecs ne font qu'augmenter la dépendance des populations touchées par des crises sur les travailleurs humanitaires, qui leur apportent une aide vitale et les accompagnent dans leurs moments difficiles. Par ailleurs, ce n'est qu'en étant présents dans les zones de crise et en témoignant des horreurs sur le terrain que nous pouvons amener les décideurs politiques à rendre des comptes. Ainsi, alors que nous sommes conscients des risques accrus et cherchons à les minimiser, il n'en tient qu'à nous en tant qu'individus unis dans la conviction qu'il faut aider les personnes rendues vulnérables par la crise et les conflits, de travailler plus fort que jamais pour soulager la souffrance humaine partout où elle se trouve.

Voilà pourquoi il est important de ne pas s'attarder sur ce qui échappe à notre pouvoir, mais plutôt de prendre du recul et de mesurer l'impact que nos équipes médicales et nos supporteurs peuvent avoir sur la vie des populations dans le besoin. C'est aussi pour cette raison, malgré les défis auxquels nous sommes confrontés, que je puise l'espoir dans le travail que nous avons accompli ensemble l'année dernière ».

En République démocratique du Congo (RDC), par exemple, une épidémie de fièvre jaune en 2016 a menacé de plonger toute la région d'Afrique centrale dans une grave crise sanitaire. Mais l'épidémie n'a pas atteint le seuil critique, en dépit du fait qu'il n'y a pas de remède pour la fièvre jaune et que sa propagation ne peut être contenue que par la vaccination. Grâce à une intervention rapide et à un système d'alerte précoce efficace, MSF a pu collaborer avec les autorités pour vacciner plus d'un million de personnes - 370 000 personnes dans la ville de Matadi et plus de 710 000 personnes dans la capitale de Kinshasa en 11 jours - ce qui a permis de prévenir une situation sanitaire potentielle catastrophique.

En Haïti, quand l'ouragan Matthew a frappé en octobre dernier, beaucoup craignaient le pire. Mais MSF — qui était déjà sur le terrain en Haïti, opérant plusieurs établissements de santé, dont un hôpital obstétrique d'urgence — et d'autres organisations ont rapidement pu rejoindre un grand nombre de sinistrés dans les plus touchées par la tempête et leur fournir des soins vitaux. Dans les deux mois qui ont suivi, nos équipes ont traité plus de 4 500 patients et mis en place plusieurs centres de traitement du choléra, afin de répondre à des centaines de cas possibles et d'aider à prévenir les épidémies de masse de la maladie.

À l'automne dernier, grâce aux efforts infatigables de nos supporteurs ici au Canada et partout dans le monde, les géants pharmaceutiques GSK et Pfizer ont décidé de réduire le prix du vaccin contre la pneumonie dans les contextes d'urgence humanitaire. La pneumonie tue plus d'un million d'enfants dans le monde chaque année, et ces deux pharmaceutiques sont les seuls fabricants du seul vaccin qui peut prévenir ces décès. Au début de 2016, MSF payait 68 $ par dose pour les médicaments de Pfizer dont nous avions besoin pour vacciner les enfants réfugiés en Grèce; maintenant, le même vaccin est offert à 3,10 $ par dose aux organisations humanitaires qui œuvrent en situation d'urgence. Il s'agit là d'un énorme pas en avant, qui aura un impact immédiat sur notre capacité à sauver des vies et à protéger plus de personnes vulnérables contre des maladies évitables.

Des millions de gestes qui sauvent des vies

Ces réalisations sont loin d'être les seuls exemples de ce qui peut être accompli quand nous nous engageons envers l'action humanitaire. L'an dernier, les équipes de MSF ont fourni plus de huit millions de consultations médicales aux personnes dans le besoin à travers le monde. Elles ont traité plus de deux millions de cas de paludisme, ont réalisé 200 000 accouchements et secouru 23 000 réfugiés et migrants de la noyade en mer. Les chiffres de 2016 ne sont pas encore finalisés, mais nous savons qu'ils seront semblables, sinon plus élevés. Chacune de ces réalisations et des millions d'autres interventions de nos équipes auprès des patients, constitue un geste d'aide et un moment unique, transformateur, ayant un impact positif sur une personne touchée par la misère et la souffrance.

Certes, ces gestes en eux-mêmes ne pourront jamais satisfaire à tous les besoins, ni être un substitut à l'inaction politique et à l'insensibilité. Donner à une enfant syrienne une jambe artificielle va l'aider à marcher de nouveau, mais cela ne pourra pas arrêter les bombes de pleuvoir sur Alep; traiter un enfant malnutri au Niger ne pourra pas empêcher les gens de mourir en fuyant la violence au Nigeria, le pays voisin. Mais en tant qu'humanitaires, nous croyons fermement que toute vie mérite d'être sauvée et que tout le monde mérite la dignité; en outre, ces gestes individuels de soins et d'humanité donnent des raisons d'espérer et d'aider les populations à persévérer en sachant qu'elles ne sont pas seules ni abandonnées. Et ces gestes soulignent comment avec détermination nous pouvons continuer à relever les défis auxquels nous sommes confrontés en offrant des soins et en traitant avec dignité les personnes qui en ont le plus besoin.

Voir l'espoir dans des circonstances tragiques

Laura Puteris, infirmière de MSF Canada, a vu l'espoir et la tragédie en face, cette opposition qui accompagne si souvent le travail de MSF.

Une histoire douce-amère de notre récent travail sur le terrain, dans la vidéo ci-dessus, résume bien le sentiment, je pense, mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Il nous est offert par Laura Puteris, une infirmière canadienne qui vient de rentrer de sa mission avec MSF en Haïti où elle travaillait en soins maternels. Une nuit, Laura et son équipe ont reçu une femme qui avait été brûlée au point d'être méconnaissable dans l'explosion d'un bidon de carburant. La femme était enceinte de huit mois et, malheureusement, à son arrivée, elle avait très peu de chance de survivre à son calvaire. Laura et ses collègues ont essayé de sauver la mère et l'enfant, mais tragiquement, la femme a succombé à ses blessures. Laura et son équipe lui ont donné une chance, l'ont accompagné dans la dignité dans ses dernières heures et ont heureusement réussi à sauver la vie de son nouveau-né.

Ce fut un moment émotionnellement difficile, qui a fait réfléchir Laura sur les différences que nous pouvons faire sur les lignes de front des tragédies humaines. « Nous avions deux vies en danger », a-t-elle raconté. « Nous avons seulement réussi à sauver une. Cela n'est pas toujours en votre pouvoir. Mais le fait que nous étions là et capables d'aider une personne ... compte pour beaucoup. Cela signifie que l'enfant, la personne qu'il deviendra, aura la capacité de changer le monde. Cette personne pourrait faire une énorme différence dans la vie de quelqu'un d'autre — ou de milliers de gens ».

Dans un monde en proie aux conflits et aux crises, où les mesures durement gagnées pour protéger les plus vulnérables pourraient elles-mêmes être éprouvées, il est utile de rappeler que les individus comptent, et que de simples gestes de bienveillance - aussi simples et isolés soient-ils - peuvent encore faire une différence.

Nous vous remercions de votre soutien en 2016. C'est avec enthousiasme que nous accueillons 2017 qui nous permettra d'offrir de l'espoir, des soins et la dignité à toutes les personnes qui auront besoin de notre aide, et nous espérons pouvoir compter sur vous.

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Mai 2017

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