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J'ai longtemps voulu être normale, être comme les autres. Comme tout le monde. Enfant, je me rappelle avoir eu des préoccupations généralement réservées aux ados, voire aux adultes. J'enviais l'insouciance de mes camarades de classe, leur légèreté. Aussi, j'étais grande. Anormalement grande et développée. L'apparence physique joue bien souvent des tours : ainsi, on s'adressait à moi comme si j'étais une ado, on avait des attentes et exigences plus élevées pour moi que pour les autres enfants de mon âge. Parce que je ne faisais pas mon âge.
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J'ai longtemps voulu être normale, être comme les autres. Comme tout le monde.

Enfant, je me rappelle avoir eu des préoccupations généralement réservées aux ados, voire aux adultes. J'enviais l'insouciance de mes camarades de classe, leur légèreté. Aussi, j'étais grande. Anormalement grande et développée. L'apparence physique joue bien souvent des tours : ainsi, on s'adressait à moi comme si j'étais une ado, on avait des attentes et exigences plus élevées pour moi que pour les autres enfants de mon âge. Parce que je ne faisais pas mon âge. On me demandait de performer davantage à l'école, d'être plus compréhensive, plus flexible, plus mature, plus, plus, plus.

Et ado, on me pensait plus vieille que mon frère qui pourtant, a trois ans de plus que moi. Encore une fois, mon corps voulait grandir, appartenir au monde des adultes précocement. J'ai été dans les premières de mes amies à avoir mes règles, à m'acheter des soutiens-gorges, à observer mes hanches s'élargir, mes jambes s'allonger, encore et encore.

J'avais une vie familiale assez rock and roll qui faisait en sorte que je possédais une maturité (précoce) et ce, tant au plan physique que psychologique. Mais moi, tout ce que je voulais, c'était avoir mon âge, ne pas me poser tant de questions, ne pas réfléchir autant et vivre, tout simplement.

Combien de fois mes amis m'ont dit : « Ah! Tu penses trop! ». Encore « trop ». Pas « juste assez », pas « tu aimes penser ». Non. « Tu penses trop ».

Et mes intérêts. Enfant, j'aimais me faire croire que la sorcellerie existait, que j'avais probablement des pouvoirs magiques, que j'avais été « choisie ». Heureusement, une de mes amies aimait se faire les mêmes accroires. Mais nous étions encore en marge des autres, qui préféraient jouer à la Barbie (quoique j'adorais mes Barbie également!), aller faire un tour de vélo ou aller en montagne pour skier.

Moi, je n'ai jamais eu l'appel du ski, ni même du snowboard. Adolescente, j'étais celle qui restait chez elle un samedi soir parce que ses amis étaient partis dévalé les pentes je ne sais trop où. Je préférais lire un bon livre ou écouter de la musique en m'imaginant chanter devant une foule en délire. Encore dans ma tête, dans mes pensées, dans mon imagination. « Tu penses trop ». Encore différente des autres.

Puis, une fois adulte, mes amis ont eu envie de la vie de nuit, des bars, des sorties qui s'éternisent, des bouteilles de vin ou de bière qui s'enchainent. Moi, jamais. Je suis sortie quelques fois pour danser, car j'adorais la danse. Mais l'ambiance me dérangeait, m'irritait, même. Je n'aimais pas la superficialité des rencontres, la petitesse des jupes des filles, la chemise un peu trop déboutonnée des garçons. Je ne me sentais pas à ma place là où tout le reste du monde semblait à l'aise. Je préférais - et de loin - un souper en tête à tête avec une amie, durant lequel on pouvait se parler « des vraies affaires », réinventer le monde, si ça nous chantait.

Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis fait dire : « Ah! T'es donc ben plate! », « T'es ben matante! » et autres observations et jugements pertinents (heu hum). Avant, ça me mettait en rogne. J'en voulais à la Terre entière de ne pas me comprendre, de me rappeler à quel point j'étais différente des gens de ma génération, moi qui voulais malgré tout être comme tout le monde.

Puis, j'ai accepté que j'étais ainsi. À partir de ce moment, finie les railleries. Ou si elles étaient présentes, elles ne m'atteignaient désormais plus car je m'assumais. Et j'assumais ce que ma différence, aussi futile ou au contraire, fondamentale soit-elle, m'apportait.

Aujourd'hui, je constate que ces expériences de vie atypiques, hors normes, me donnent accès à de l'inspiration à perte de vue. Qu'elles me permettent une capacité d'introspection peu commune. Que grâce à elles, j'ai développé une imagination luxuriante qui m'a, je dois l'avouer, sauver la vie à plus d'une reprise.

Aujourd'hui, je célèbre ma différence, mon unicité.

Bonnes célébrations à vous également!

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