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La chirurgie esthétique excessive de mon amie

Vanessa Tremblay (*Nom fictif). Quel serrement au cœur j'ai ressenti en te voyant. Ou plutôt, en voyant ta photo. Ton visage émacié, toi qui avais de belles rondeurs, des pommettes saillantes, une mâchoire avec du caractère; ta poitrine surdimensionné, toi qui avait déjà de belles courbes, un corps fin, désiré par l'ensemble de la population masculine.
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Vanessa Tremblay (*Nom fictif). Quel serrement au cœur j'ai ressenti en te voyant. Ou plutôt, en voyant ta photo. Ton visage émacié, toi qui avais de belles rondeurs, des pommettes saillantes, une mâchoire avec du caractère; ta poitrine surdimensionné, toi qui avait déjà de belles courbes, un corps fin, désiré par l'ensemble de la population masculine.

Te rappelles-tu, Vanessa, quand on déambulait dans le métro ensemble? Les gens te dévisageaient - ça en était presque indécent. Les filles t'enviaient d'avoir été si gâtée par la nature, les garçons voulaient se rapprocher de toi de quelque manière que ce soit. Juste pour pouvoir te contempler, encore et encore. Juste pour vérifier si ta beauté intérieure était au moins égale à ta beauté extérieure.

Tu dégageais une confiance à toute épreuve. Ça, et un effluve changeant au gré de tes humeurs. Des flacons de parfum de toutes les couleurs, de toutes les formes s'alignaient sur la commode de ta chambre, décorée avec tant de goût. Comme j'étais impression, la première fois, de mettre le pied dans TA chambre. Dans ce lieu où tant rêvaient d'assouvir leurs fantasmes, de découvrir l'arrière du décor, ta vulnérabilité si peu palpable, derrière tes airs de femme fatale au visage si régulier, doux, enfantin.

Je me rappelle de tes yeux. Si expressifs, si vivants, si vrais, surmontés de tes sourcils pâles, naturellement bien définis. De ta voix rauque qui détonnait avec la douceur de tes traits.

Puis, il y a eu le bronzage. « Elle est belle, ton amie Espagnole ». « Elle n'est pas Espagnole; son nom de famille est Tremblay », répondais-je mi-amusée, mi-envieuse.

Ensuite les faux ongles qui ont pris de l'ampleur avec le temps, pour devenir surdimensionnés. Et les décolletés qui se sont faits de plus en plus plongeants. Les jupes qui sont devenues de moins en moins amples. Tes cheveux déjà foncés naturellement devenus artificiellement ébènes et qui ont accueillis des rallonges dont tu n'avais pas besoin.

Puis, tes sourcils pâles ont perdu des poils, au détriment des coups de crayon brun formant un arc très prononcé. Tes cils naturels ont été rehaussés de faux cils, tes paupières colorées de multiples fards et khôls. Tes lèvres fines ont été travesties en lèvres pulpeuses à l'aide d'un rouge de qualité.

Un jour, ces artifices temporaires n'ont plus été suffisants. Tu as eu besoin de plus; d'être plus belle, plus désirable, plus sensuelle, plus « femme ». Était-ce pour faire la coupure avec ton enfance douloureuse, Vanessa? Avais-tu besoin à ce point de t'éloigner de qui tu avais été pour enfin sentir que tu étais?

D'abord, tes seins qui sont devenus énormes, à la limite du ridicule. Puis, ton visage. Ton si beau visage que tu as fait se fracasser pour le remodeler à ton goût. Il ne reste rien de ta mâchoire franche, de tes sourcils qui adoucissait ton regard de braise. Il ne reste plus rien de ton héritage génétique. Était-ce que tu voulais, Vanessa? Ne plus avoir de liens visibles avec tes parents qui t'ont fait souffrir?

Ta silhouette est méconnaissable, tout comme ton visage. Te détestais-tu à ce point que tu avais besoin de devenir quelqu'un d'autre?

J'ai été si triste, Vanessa, de constater qu'il ne restait plus grand-chose de qui tu avais été. Je l'aimais bien, moi, Vanessa. Sous ses airs farouches, il y avait une grande sensible. Étais-ce trop pour toi?

Et pourquoi si moi, amie de passage qui ne t'ait pas revue en chair et en os depuis de nombreuses années, puis-je comprendre toute la détresse qui t'a poussée à te départir de ce que tu étais pour devenir quelqu'un d'autre, ton chirurgien en a fait complètement fi et t'a remodelée sans vergogne?

L'appât du gain, sans doute. Un manque d'éthique, fort possiblement. La motivation de pouvoir se faire installer un solarium tout neuf, dans lequel il pourra lire cet article sans même se reconnaitre, sans même avoir de regrets.

Moi je te regrette, Vanessa.

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