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La véritable «affaire Bolduc»

La véritable tempête doit sortir du verre d'eau et se porter ailleurs. Le premier ministre Couillard a effleuré la véritable question de fond la semaine dernière, mais avec timidité : le job de député doit il être exclusif? Quelles sont les balises à apporter aux activités extra-parlementaires d'un élu?
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Remboursera ? Remboursera pas? Combien? Erreur de jugement? Comme dirait le commentateur démagogue de premier niveau: C'est tu assez écoeurant? Encore un élu qui s'en met plein les poches pendant que le travailleur moyen peine à boucler les fins de mois!

À première vue, la situation du ministre Bolduc peut choquer. Peut-être rien d'illégal, mais beaucoup de questions morales. Mais le problème fondamental n'est pas là. La véritable tempête doit sortir du verre d'eau et se porter ailleurs. Le premier ministre Couillard a effleuré la véritable question de fond la semaine dernière, mais avec timidité : le job de député doit il être exclusif? Quelles sont les balises à apporter aux activités extra-parlementaires d'un élu?

Plusieurs employeurs exigent l'exclusivité du travail pour de multiples raisons, dont certaines sont évidentes. À chaque fois que j'entends un élu de l'Assemblée nationale se vanter de poursuivre ses activités « professionnelles » en parallèle avec son job de législateur, je tombe en bas de ma chaise. D'ailleurs, cette situation n'est pas propre à Bolduc et aux membres de l'aile parlementaire du PLQ. Tous les partis politiques sont confrontés à cet examen de conscience, sans exception.

Deux arguments militent en faveur de l'exclusivité : le salaire et la tâche.

Le salaire de base d'un député est actuellement de 89 950,00 $ auquel on y ajoute une allocation de dépenses (non imposable, donc sans impôt) de 16 226 $. Un « simple » député gagne donc un salaire de 106 176 $. Si le député est appelé à vaquer à des fonctions parlementaires, il peut espérer un gain supplémentaire minimale de 13 493 $. Je vous fais grâce des autres indemnités non imposables liées aux déplacements de l'élu, celles-ci étant remboursées sur la base de la dépense réelle.

Qui - dans notre société - peut être un simple salarié gagnant plus de 100 000 $ et se permettre d'avoir un deuxième job plus lucratif? Personne.

Mais c'est au niveau de la tâche que la situation devient gênante. Dans notre démocratie, le député est la porte d'entrée du citoyen pour tous ses problèmes. Il demeure bien souvent le premier et le dernier recours de ceux-ci face à l'appareil gouvernemental. De plus, un député doit desservir en moyenne une population de 45 000 personnes, tout en composant avec les travaux parlementaires, son rôle de législateur, ses diverses participations aux commissions parlementaires, caucus, comités de toutes sortes sans oublier la représentation et l'arbitrage auprès du « milieu » : municipalités, organismes communautaires, commissions scolaires, MRC, Conférence régionale des élus, CLD, et tous les autres. Pour l'avoir vécu et vu dans le quotidien pendant nombre d'années, je m'imagine mal un élu de l'Assemblée nationale poursuivre une carrière professionnelle « on the side ». Il y a trop de dossiers importants qui méritent une implication de tous les instants.

Je pose la question sincèrement aux 125 élus de l'Assemblée nationale : dans le contexte du XXIe siècle où la complexité de la gestion des affaires publiques exige un dépassement constant et une originalité exceptionnelle, comment peut-on ne pas s'y consacrer entièrement? La fonction d'élu n'est-elle pas une vocation « de chasteté » à laquelle celui qui l'embrasse doit nécessairement s'y consacrer totalement, ne serait-ce que par loyauté envers ceux et celles que nous représentons?

Bref, je pose la question fondamentale, celle qui aura eu le mérite d'émerger de l'affaire Bolduc : ne serait-il pas grand temps de mettre de l'ordre dans la baraque de l'Assemblée nationale et d'exiger l'exclusivité de nos élus?

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