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Recours collectif à Longueuil: des citoyens sans jugement

C'est en furetant sur Facebook que je suis tombé sur cette nouvelle qui m'a fait bien rire: des citoyens de Longueuil veulent intenter un recours collectif contre leur ville suite à la problématique de contamination de l'eau potable.
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C'est en furetant sur Facebook que je suis tombé sur cette nouvelle qui m'a fait bien rire: des citoyens de Longueuil veulent intenter un recours collectif contre leur Ville suite à la problématique de contamination de l'eau potable.

Plusieurs pourraient être tentés de blâmer des avocats guidés par l'appât du gain. Peut-être. Mais là n'est pas la question fondamentale.

En matière de dommages et de recours, la « victime » doit évidemment prouver son préjudice. Or, en 2015, l'eau du robinet n'est plus nécessairement un bien essentiel à la consommation humaine. La mode est à l'eau en bouteille, et le préjudice de se procurer cette eau - même temporairement pendant la période de la contamination - relève plutôt de l'anecdote que de la catastrophe humanitaire. Combien d'entre nous avons un distributeur d'eau de source à la maison? D'ailleurs, je serais curieux de constater combien de citoyens ont «profité» de cette crisette pour troquer les boissons gazeuses riches en calories et ainsi se découvrir subitement un goût prononcé pour l'eau du robinet.

Mais ce qui choque la logique, c'est qu'un recours collectif des citoyens contre leur Ville va nécessairement se retourner contre eux-mêmes puisqu'ils finiront par se poursuivre... eux-mêmes! Car même si le citoyen frustré de son eau du robinet a gain de cause, qui devra payer les frais d'avocats de la Ville? Le contribuable. Qui devra payer l'indemnité qui sera déterminée par le Tribunal? Le contribuable.

Advenant une condamnation par personne de 100$ pour dommages et inconvénients, le total de la facture pourrait facilement s'élever à près de 40 millions de dollars, en y incluant l'ensemble des frais juridiques. La Ville de Longueuil fera quoi de ce jugement contre elle? Pourra-t-elle présenter cette facture judiciaire à ses assurances? Pas nécessairement. Devra-t-elle en retour poursuivre le gestionnaire privé du système de production de l'eau potable ? Pas évident, sans engendrer encore plus de frais juridiques et un débat d'experts qui coûtera une fortune.

Et pourtant, on ne parle pas ici de refoulements d'égouts ayant causé des dommages matériels au patrimoine d'un citoyen. Ni d'une blessure corporelle causée par un mobilier urbain inadéquat. Non. On parle ici d'une petite frustration liée à un robinet temporairement hors d'usage. Et de plus, la Ville a mitigé les dommages en offrant gracieusement de l'eau potable à ses citoyens pendant la crise. Qu'est-ce qu'on peut dire sinon féliciter l'administration de la Mairesse St-Hilaire!

Ce que les citoyens doivent absolument comprendre, c'est qu'un comme dans l'autre, ils finiront tous par payer la facture collectivement, que ce soit par le fonds général de la Ville ou un règlement d'emprunt qu'ils devront supporter pendant des années. Bref, c'est le compte de taxes qui devra augmenter ou se compenser par des coupures de services aux citoyens.

Mais parfois, expliquer cette logique à un citoyen frustré dans son confort personnel - ou même pire - assoiffé de cette maladie d'abuser du système, est peine perdue. On aura beau dire ou faire, il y aura toujours quelque part cette même réponse idiote et stupide que j'ai entendu mainte et mainte fois dans mes 10 années de mairie : « Aye, je paie assez de taxes icitte toé là là... » Gérer la collectivité dans un tel contexte, non merci. J'ai aucun respect pour ce genre de citoyen profiteur, aveugle et inconséquent.

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Avril 2018

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