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Polytechnique: 25 ans de supercherie et de mensonges

Je tiens à m'excuser auprès de toute la population. La vérité fait mal et il faut profiter de cette commémoration du 25e anniversaire du massacre de Polytechnique pour remettre les pendules à l'heure.
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D'entrée de jeu, je tiens à m'excuser auprès de toute la population. La vérité fait mal et il faut profiter de cette commémoration du 25e anniversaire du massacre de Polytechnique pour remettre les pendules à l'heure. Pendant toute cette période, les politiciens (tous, sauf les conservateurs), les féministes, et les survivant(e)s de Polytechnique nous ont entraîné dans un gâchis: celui du mensonge et de la pure démagogie.

Et je ne discuterai pas ici de la question des Femmes, et de la violence qu'elles subissent encore tous les jours. Je suis père de deux filles, et je connais très bien la problématique. Mes filles sont informées que nous vivons encore - malheureusement - dans un monde mené par l'homme, et qu'elles sont sujettes à l'agression, le viol, le meurtre, et les abus. Et comme père de famille, j'ai peur pour mes filles et je suis constamment inquiet. Là ne sont pas la question ni le propos.

Ce qu'il faut déplorer en ce 25e anniversaire tragique, c'est l'approche vicieuse de celles et ceux qui ont mené le combat pour le « contrôle des armes à feu », comme s'il n'existait aucun contrôle au Canada, premier mensonge d'une honte indescriptible. Et encore aujourd'hui - bien que débarrassé de ce registre ridicule et complètement inutile relativement aux armes d'épaule (armes de chasse) - il y en a encore qui instrumentalisent les 14 femmes victimes de Polytechnique pour faire la promotion de ce grand mensonge, le NPD et son chef Thomas Mulcair en tête de liste. Et j'oserais même ajouter que les démagogues qui font leurs choux gras des tribunes téléphoniques et des journaux ne vous diront jamais que l'abolition du registre ne touchait uniquement que les armes de chasse, celles que nous avons besoin dans nos régions pour la chasse et nous protéger. Ils vont préférer vous parler des autres armes d'assaut, celle qui sont prohibées au Canada ou fortement contrôlées, afin de vous faire peur et vous faire croire que c'est le bordel. Et pourtant, il n'en est rien. Ce sont tout simplement des menteurs.

Tout ceci est bien pathétique. Car il n'existe absolument aucun lien entre la violence faite aux femmes et l'arme à feu. Cette affirmation relève de l'idiotie intellectuelle. Mais le bon peuple refusant de voir la vérité froidement, préfère carburer à l'émotion et suivre, tels des moutons sans cervelle, les leaders d'opinion et les politiciens en quête de votes et de culpabilité sociale.

Depuis 1974, le nombre d'homicides commis à l'aide d'une arme à feu est en constante régression. Le registre des Libéraux en 1994 n'y ait absolument pour rien. En 1974, on dénombrait au Canada près de 300 meurtres par armes à feu, 218 en 1989 (année du massacre de Polytechnique) et 196 dans l'année de la création du registre (1993-1994). Plus globalement, c'est le nombre de meurtres commis par armes blanches qui a pris de l'expansion - à un point tel qu'en 2011 on dénombrait 204 meurtres commis par armes blanches contre 158 pour des armes à feu. Il s'agissait d'ailleurs du plus bas taux d'homicides par armes à feu depuis les 50 dernières années!

Les statistiques sont similaires pour les tentatives de meurtre par armes à feu, en baisse générale depuis 1974.

Quand on décortique les données, on découvre plusieurs faits surprenants. Par exemple, en 1974, la majorité des homicides par armes à feu se réalisait par armes de chasse à raison de 65% contre 27% par armes de poing. Puis cette tendance s'est inversée au fil des décennies pour atteindre 22% en 2004 par armes de chasse et 65% par armes de poing, une arme pourtant à utilisation restreinte et fortement contrôlée par les autorités judiciaires! Au moment d'instaurer le registre, le pourcentage des armes de chasses impliquées dans des homicides était de 34% alors que l'arme de poing représentait 46%, un inversement complet de la tendance amorcée au début des années 70.

Même au niveau des agressions sexuelles impliquant une arme à feu, et où les femmes sont largement majoritaires en matière de victimes, le taux est stable depuis pratiquement 40 ans, avec moins de 1%! Si on pousse un peu plus loin la recherche, on découvre que les victimes des armes à feu - en nombre - ne sont pas principalement les femmes, mais bien les hommes dans une proportion allant de 2 à 3 fois plus! À titre d'exemple, en 2004, on répertoriait 32 décès de femmes contre 140 d'hommes.

Mais qu'en est-il du suicide? Idem. On assiste à une baisse générale et constante du suicide par armes à feu depuis le milieu des années 70.

Voilà le résultat. Et quand on analyse froidement les statistiques, et qu'on se détache de l'émotion que suscite Polytechnique, on se rend compte qu'il n'existe AUCUN lien entre la circulation d'armes à feu et la violence faite aux femmes. Les principales victimes sont plutôt les hommes eux-mêmes, n'en déplaise à ceux qui carburent à l'industrie du souvenir et de la culpabilité.

En terminant, permettez-moi de rejeter du revers de la main cet argument fallacieux des syndicats policiers qui voudraient un retour du registre afin de mieux « cibler » leurs interventions dans les cas de violence conjugale. Rien n'est plus faux et vide de sens. Je suis même étonné de constater qu'en cas de violence conjugale, la police mettrait la pédale plus douce en l'absence d'inscription dans un registre, surtout quand on considère que l'arme blanche fait plus de victimes en cette matière.

Profitons de ce triste 25e anniversaire pour reprendre nos esprits et penser avec notre tête et nos avec nos émotions. Baser une politique publique sur l'émotion comme voudrait le faire le NPD fédéral ou même l'Assemblée nationale - aussi unanime soit-elle - est une pure bêtise qui ne se base sur aucune logique. Et la cause féministe n'a rien à voir là-dedans, pas plus que ces 14 femmes qui ont été tuées le 6 décembre 1989.

Sources : Ministère de la Justice du Canada et Statistiques Canada.

Geneviève Bergeron

Les victimes de l'École Polytechnique - 1989

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