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Pauvre Michael Zehaf Bibeau

L'heure n'est pas au blâme, mais au bilan. Une chose est certaine, le cas de Zahef Bibeau est la démonstration violente des failles d'une société qui s'était donné pourtant tous les moyens de prévenir l'irréparable. Bien que le bilan zéro n'existe pas en matière de risque, Zahef Bibeau est un triste échappé. Il a crié à l'aide et nous l'avons ignoré.
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Quoi? De la pitié pour celui qui a semé l'émoi, et qui a tué un de nos militaires?

Oui. Et je ne connaissais aucunement Michael Zehaf Bibeau. Loin de moi l'intention de vouloir excuser son geste. Mais il faut quand même regarder la réalité en pleine face. Et cette réalité nous est rapportée par un article de l'Agence France-Presse repris dans le quotidien La Presse le 24 octobre dernier.

Zehaf Bibeau est le parfait exemple des mailles éventrées et des trous profonds de notre beau système de filet social. Et oui, ce filet qui est censé rattraper les éléments plus faibles de notre société et offrir aux plus démunis une méthode de soin et d'aide. Zehaf Bibeau a souvent crié à l'aide. En 2011, il a lui-même tenté de se faire arrêter afin d'être mis en prison pour qu'on le traite. Souffrant d'une dépendance sévère au crack, il ne se possédait plus. Devant le tribunal, le juge d'instruction a refusé de l'incarcérer et c'est suite à la supplique extrême de Zehaf Bibeau qu'on se ravisa du bout des lèvres :

«Monsieur le Juge, je ne sais pas si vous avez lu mon dossier? Je suis accro au crack et, en même temps, je suis un croyant. Je veux sacrifier ma liberté et les bons côtés de la vie pendant un an (...), peut-être même suivre un traitement si vous pouvez le décider, un peu comme une cure de désintoxication

Il fut emprisonné par mesure de protection. Rien de plus.

À une seconde récidive, il s'est livré à la police dans l'espoir d'être pris en charge «par la société».

Oui, nous aurons de grands débats sur le niveau de sécurité à maintenir et les libertés individuelles que nous devrons sacrifier pour faire en sorte que le terrorisme des loups solitaires ne se reproduise plus - ou le moins souvent possible.

Depuis ces événements tragiques, nous n'en avons que pour la sécurité et la terreur. Une grande partie de la populace s'est même permis de renouer avec le racisme et l'islamophobie. Bien évidemment, nos grandes gueules consanguines du petit Québec profond en on aussitôt profiter pour exciter les tensions ethniques, allant jusqu'à suggérer l'infiltration des mosquées «afin d'entendre ce qui s'y dit ». C'est payant de manger de l'arabe et de l'Islam.

Je ne suis pas psychiatre. Mais l'histoire nous enseigne que le pattern morbide utilisé par Zehaf Bibeau n'est pas exceptionnel. Combien de terroristes chrétiens disant agir au nom de Dieu ont fait sauter des cliniques d'avortement ou tué des médecins aux États-Unis? Combien de gourous sectaires ont entraîné dans la mort leurs fidèles, convaincus de l'imminence d'un voyage dans l'au-delà? La religion n'est qu'un prétexte à justifier les actions d'une personne qui n'était tout simplement pas bien mentalement.

L'heure n'est pas au blâme, mais au bilan. Une chose est certaine, le cas de Zahef Bibeau est la démonstration violente des failles d'une société qui s'était donné pourtant tous les moyens de prévenir l'irréparable. Bien que le bilan zéro n'existe pas en matière de risque, Zahef Bibeau est un triste échappé. Il a crié à l'aide et nous l'avons ignoré.

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