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Il est encore temps de faire marche arrière et de laisser Samuel de Champlain au Panthéon de nos gloires canadiennes. Il reste encore du temps pour définir la place de Maurice Richard dans l'histoire canadienne.
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Quand la nouvelle a circulé la première fois, c'était il y a longtemps. Plus d'une année. Je n'en croyais pas mes oreilles. Du moins, je pensais à l'époque être le seul - avec quelques amants de l'Histoire - à trouver cette idée pas mal « surprenante ». Je me disais tout simplement « Bah, l'idée va passer. Ils vont bien s'apercevoir que ça n'a pas d'allure. »

Évidemment, il n'est pas trop tard pour changer d'idée. Le ministre Lebel a bien d'autres chats à fouetter que celui d'une nouvelle controverse entourant le « pont » Champlain.

En matière de toponymie, la controverse s'invite régulièrement. Qu'on pense à l'avenue Du Parc qu'on a voulu changer pour Robert-Bourassa sous l'administration Tremblay. Par manque de leadership municipal, le projet ne s'est pas réalisé. Pourtant, on ne tassait pas un personnage pour en honorer un autre! Ce fut le cas par contre avec le boulevard Dorchester qu'on a voulu changer en René-Lévesque sous l'ère de Jean Doré. À l'époque, la communauté anglaise s'était émue qu'on substitue aussi facilement le nom cet illustre gouverneur anglais. Jean Doré s'est tenu debout et a imposé son choix. C'était le bon. Car la place de René Lévesque dans l'histoire politique canadienne dépassait de loin celle de l'ancien gouverneur colonial Guy Carleton, et ce même si celui s'est comporté favorablement et avec empathie envers ses sujets canadiens-français. Dorchester est finalement demeuré à Westmount et Montréal-Est, deux bastions anglophones attachés à leur passé. Le compromis était acceptable.

Mais en voulant débaptiser le pont Champlain pour Maurice-Richard, le gouvernement fédéral a fait un choix. Et c'est ce qui blesse la logique historique ici. Un choix entre un des pères fondateurs du Canada qui a transporté la culture européenne en sol américain contre un joueur de hockey à une époque où la Ligue nationale de hockey ressemblait plus une ligue du vieux poêle que le circuit qu'on connaît aujourd'hui. Sans vouloir choisir entre « son père et sa mère » ou diminuer Maurice Richard par rapport à Samuel de Champlain, nous en sommes très certainement à comparer des pommes avec des cerises de terre, si je peux limiter ici les images comparatives.

De plus, nos zélotes du hockey doivent aussi considérer les hommages à Maurice Richard déjà existant : funérailles nationales, multiples livres et bouquins, films et documentaires, un lac dans les Laurentides, plusieurs rues un peu partout au Québec, un aréna d'importance à Montréal, une place publique, des statues, et j'en passe. Le site de la Commission de toponymie du Québec répertorie officiellement déjà cinq hommages à l'homme de hockey. Pourquoi en rajouter?

Stephen Harper est un fan inconditionnel de hockey. Partant d'une intention sincère, il a sans doute voulu concrétiser sa passion et la faire conjuguer avec un des héros Canadiens-français. Y avait-il une intention électorale derrière ce geste? Je ne le crois pas. Juste une décision inappropriée portée par l'émotion bien subjective d'un amant du hockey. Il est encore temps de faire marche arrière et de laisser Samuel de Champlain au Panthéon de nos gloires canadiennes. Il reste encore du temps pour définir la place de Maurice Richard dans l'histoire canadienne.

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