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Dieudonné refoulé: une excellente décision

Le refoulement de Dieudonné aux frontières canadiennes est une excellente décision des autorités aéroportuaires, n'en déplaise aux partisans d'une liberté d'expression absolue.
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Dieudonné a été refoulé mardi soir aux frontières canadiennes. Le jour de son refoulement, on apprenait qu'une nouvelle peine de prison lui était imposée pour ses propos antisémites. Fin avril, on nous informait que Dieudonné devra faire face à la justice en octobre prochain dans le cadre d'accusations criminelles : il aurait fait feu sur un huissier qui venait de se présenter à son domicile pour exécuter des jugements qu'il refusait d'honorer. Faut-il aussi souligner les accusations d'évasions fiscales qui planent aussi sur ses entreprises et celle de sa conjointe.

J'ai longtemps aimé Dieudonné. Surtout pour ses sketchs d'une saveur incroyable : particulièrement 1905, et Sandrine. À une certaine époque, l'humoriste avait le don de se moquer de tout le monde, de tous les groupes, y compris l'avocat africain, l'itinérant ou le restaurateur vietnamien. Son numéro sur le voile islamique est d'ailleurs d'une redoutable efficacité.

Puis vint l'acharnement envers la communauté juive. L'acharnement envers des membres de la communauté juive, tout simplement parce qu'ils étaient juifs. Puis vint la provocation pour le simple plaisir de provoquer, sans l'assortir d'une quelconque réflexion. Puis vint ce commentaire de trop en ouverture de son spectacle à Paris concernant Patrick Cohen, un journaliste-animateur de France Inter. Je n'aime pas particulièrement le style et le tempérament de Cohen. Sa suffisance me tape sur les nerfs, mais de là à lui souhaiter les chambres à gaz, c'en était trop. Ce n'est plus de l'humour ni même de la provocation. C'est un derby de démolition insensé. Souhaiter la mort de quelqu'un tout uniquement parce qu'il appartient à une communauté ? Non merci. C'est dégueulasse.

Puis vinrent les attentats contre Charlie Hebdo. Alors que la France était sous le choc, Dieudonné en rajoute une couche alors qu'il aurait dû tout simplement se la fermer. Provoquer pour provoquer ne fait pas partie de la liberté d'expression. Et j'applique le même raisonnement pour certaines caricatures de Charlie Hebdo qui soulevaient chez moi plus le dégoût que l'admiration. Pousser les limites de la liberté d'expression est contre-productif. Parfois, cette liberté devient une arme de destruction massive. On le constate tous les jours sur Facebook, Tweeter, et les égouts sociaux en général.

Cet abus de droit entraîne des conséquences, et nous l'avons vu avec le refoulement de Dieudonné aux frontières canadiennes. Il s'agit d'une excellente décision des autorités aéroportuaires, n'en déplaise aux partisans d'une liberté d'expression absolue.

Dieudonné n'était plus un humoriste. Il est devenu un politicien polémiste engagé et enragé. Ainsi, il ne doit pas bénéficier de l'immunité de l'humoriste pour faire passer son message politique. Il doit jouer avec les mêmes règles du jeu que ceux et celles qui sont engagés dans la vie publique. Ce travestisme d'humour et son acharnement ont fini par occulter un talent exceptionnel de raconteur. C'est dommage. Dieudonné a ruiné sa carrière par obstination. Il est trop tard.

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Mai 2017

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