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Pétrolia: un comité de suivi pour évincer les citoyens

Le problème avec les pétrolières relève de la psychologie économique. La présence d'hydrocarbures induit des comportements de fuite chez les industriels qui évitent la réalité, cherchant désespérément à empocher des profits.
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Un comité de suivi sert à éliminer les obstacles nuisant à la réalisation d'un projet. C'est ce que tente Pétrolia avec son projet Haldimand 4, d'après les nouvelles publiées par Radio-Canada, le Journal de Québec et la station Radio Gaspésie CJRG-FM.

C'est aussi l'opinion de Mme Lise Chartrand, porte-parole du comité citoyen Ensemble pour l'avenir durable du grand Gaspé qui m'a confirmé par courriel: «Ils veulent répondre aux questions des citoyens et rendre le projet acceptable. C'est des relations publiques, rien d'autre.»

Selon un sondage mené par CHAU-TV, 81% des gens de Gaspé s'opposent au développement pétrolier. La population craint la contamination de l'eau potable. Le déversement accidentel de 176 barils de diésel dans le réseau d'aqueduc de Longueuil a coûté 740 000 dollars à la municipalité. À Gaspé, la contamination de la nappe phréatique serait irrécupérable.

Les forages sont à 350 mètres des habitations et Pétrolia veut exploiter les 7,7 millions de barilsdès 2016. Il faut questionner ce potentiel pour comprendre que les hydrocarbures au Québec ne correspondent pas à la présence de réserves ni de gisements économiquement rentables.

Un rapport de l'INRS avec lequel Pétrolia justifie l'absence de risques de contamination mentionne que: «Malgré des travaux étendus de géophysique sismique, des analyses de laboratoire et le forage de sept nouveaux sondages, aucun résultat probant concernant l'accumulation de quantités économiques d'hydrocarbures n'a été obtenu (Lavoie et Bourque, 2001). Ceci a mené au retrait de la SOQUIP et de la plupart des autres compagnies pétrolières de la Gaspésie au début des années 1980.»

Si Pétrolia exploite Haldimand 4, cela ne représente que 375 millions de revenus. Avec 100 barils par jour, il faudra 210 ans pour extraire ce pétrole! Le projet Haldimand 4 coûte 8 millions de dollars, cette exploitation ne sera plus rentable à partir de 45 forages! Combien de forages les citoyens accepteront-ils à 350 mètres de leurs maisons? Quels seront les impacts sur la nappe phréatique?

Le problème avec les pétrolières relève de la psychologie économique. La présence d'hydrocarbures induit des comportements de fuite chez les industriels qui évitent la réalité, cherchant désespérément à empocher des profits. C'est «la maladie comportementale du milieu des affaires».

Le problème avec la loi est que l'obtention des permis permet à l'industrie d'exploiter à sa guise. Bien que les compagnies doivent s'entendre avec les propriétaires de terrains, s'il y a litige, ces derniers n'ont aucun droit.

Les pétrolières s'imposent d'abord sur le terrain et informent ensuite les citoyens des travaux. Elles n'ont pas à obtenir leur assentiment concernant les risques de contamination, de déversements, de pollution, de rejets de gaz à effet de serre et de destruction irréparable des écosystèmes. De simples permis et certificats des ministères suffisent à leur donner le feu vert.

Cette situation place les citoyens devant des faits accomplis. Les lois sont conçues par les gouvernements pour favoriser l'industrie afin d'accélérer la croissance économique sans jamais tenir compte des règles du développement durable.

Les pétrolières engagent des responsables de relations publiques qui usent de stratégies démagogiques en poussant le sophisme jusqu'aux limites des études scientifiques afin de forcer l'acceptation de leurs projets.

Dans une lettre du 16 janvier 2014 que Lise Chartrand m'a transmise, Jean-François Belleau, le directeur des affaires publiques et gouvernementales chez Pétrolia, mentionnait que l'entreprise avait obtenu un certificat de torchère pour brûler les émanations de méthane. Selon M. Belleau, «le torchage du gaz naturel n'émettrait que du CO2 et de la vapeur d'eau.»

Or, la combustion du méthane produit trois principaux gaz à effet de serre: du CO2, du méthane et du protoxyde d'azote (N2O). Chaque litre de méthane brûlé à la torchère émet 2,7 g de gaz à effet de serre. En février 2015, la planète flirte avec 400 ppm de CO2 alors que la moyenne était de 240 ppm depuis 800 000 ans.

Pétrolia justifie ses activités par une analyse de l'Institut économique de Montréal évaluant le coût d'une transition énergétique accélérée pour se débarrasser du pétrole. Cette analyse prétend que les mesures «coûteraient aux Québécois 6,4 milliards de dollars par année, soit un peu plus de 1875 dollars par ménage», que seulement 12% seraient prêts à payer et que «la consommation totale de pétrole serait réduite d'au mieux 20% (sic) et les émissions de GES diminueraient de seulement 12%.»

Le coût des changements climatiques pourrait atteindre et dépasser plusieurs centaines de milliards de dollars par année d'ici 2050! La facture refilée aux citoyens par les gouvernements sera multipliée par 25!

Dans mon dernier article, j'expliquais pourquoi il n'y a pas de pétrole commercialement exploitable au Québec. Les pétrolières québécoises sont toutes penchées au-dessus de leurs puits. La nervosité grimpe et leurs mensonges prolifèrent. L'industrie agonise sous le respirateur artificiel de l'aide financière gouvernementale, et les valeurs en Bourse sont gavées de rumeurs.

À défaut de pétrole, c'est tout ce qui reste pour ne pas sombrer. Pendant ce temps, le développement économique nous prépare un sombre et coûteux avenir climatique...

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Avril 2018

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