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La nomination de Trump est historique et irrationnelle

Pour tout esprit éduqué et rationnel, difficile de croire que l'impossible va arriver aujourd'hui. Ce jeudi 21 juillet, Donald Trump acceptera formellement la nomination du Parti républicain pour l'élection présidentielle américaine de novembre 2016.
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Pour tout esprit éduqué et rationnel, difficile de croire que l'impossible va arriver aujourd'hui. Ce jeudi 21 juillet, Donald Trump acceptera formellement la nomination du Parti républicain pour l'élection présidentielle américaine de novembre 2016. C'est le point final de plus d'un an d'une campagne historique, qui peut être le plus totalement résumée par une simple citation: I love the poorly educated («j'aime les gens non instruits»).

Lors de la Convention nationale de Cleveland, dans l'Ohio, trois jours de controverses se sont succédé. L'épouse du candidat républicain, Melania Trump, s'est illustrée par un plagiat flagrant lors de son discours. Le gourou budgétaire du Parti républicain à la Chambre des représentants, Paul Ryan, s'est rendu coupable d'amnésie volontaire en ignorant allègrement la réalité du bilan économique positif du Président Obama. Al Baldasaro, conseiller de Trump sur les affaires liées aux vétérans, a déclaré qu'Hillary Clinton devait «passer devant le peloton d'exécution».

«Les alertes se sont multipliées pour signifier au Parti républicain que, après des années de radicalisation, 2016 pourrait être enfin l'année de son implosion.»

Difficile de croire que Donald Trump devient le représentant officiel de l'un des deux grands partis de la première puissance mondiale. Ses prises de position sont tout simplement incohérentes pour un dirigeant américain. Du mur à la frontière mexicaine à l'interdiction d'entrée sur le territoire pour les musulmans, en passant par le protectionnisme vanté par sa campagne, tout va à l'encontre du Melting Pot et du free trade, deux des fondements de l'histoire américaine. En particulier, la rhétorique au vitriol de Trump contre les Mexicains -même s'il feint de ne s'attaquer qu'aux immigrés illégaux- fait suite aux propos tenus par Mitt Romney il y a quatre ans. Celui-ci, en 2012, promettait de rendre la vie si difficile aux immigrants hispaniques qu'ils finiraient par «s'auto-déporter» (self-deport).

L'approche qui est celle du Parti républicain à l'endroit des minorités est tout à fait spectaculaire à l'heure où un tiers de non-Blancs votent lors de l'élection présidentielle. Elle témoigne d'une fermeture d'esprit tout à fait remarquable à l'heure où, dans un mouvement inexorable, les minorités font grandir les États-Unis et contribuent à protéger le statut de première puissance économique mondiale du géant américain. Entendre Donald Trump promettre de rendre à l'Amérique sa grandeur passée en mettant fin à l'immigration et en limitant le commerce international constitue une véritable épreuve intellectuelle pour toute personne dotée d'un minimum de culture historique et économique.

Les alertes se sont multipliées pour signifier au Parti républicain que, après des années de radicalisation, 2016 pourrait être enfin l'année de son implosion. Mais le mouvement «Never Trump», qui a tenté depuis le mois de mai et jusqu'à ce lundi de s'opposer à la nomination de Trump, a échoué. Le clan Bush et le candidat républicain de 2012, Mitt Romney, ont refusé de soutenir Trump; mais ils refusent également de soutenir Hillary Clinton, tout comme ils refusent pour le moment d'appuyer officiellement le candidat du Parti libertarien Gary Johnson.

L'implosion du Parti républicain paraît donc improbable, mais son changement radical et son réalignement idéologique sont encore possibles. En cas de victoire de Trump face à Clinton, le magnat de l'immobilier aura consacré sa victoire face aux garde-fous de l'establishment. En cas de défaite, la méthode Trump serait certes largement remise en question en vue des prochaines primaires de 2020. Mais dans quatre ans, les candidats républicains devront de nouveau s'arroger les votes d'une base devenue incontrôlable, la même qui souhaite (littéralement) l'exécution d'Hillary Clinton.

Dans l'état actuel des consultations, les principaux sondeurs et spécialistes outre-Atlantique penchent majoritairement pour une victoire de Clinton le 8 novembre prochain. Mais même avec la défaite annoncée de Trump, où la droitisation du Parti républicain s'arrêtera-t-elle? Aujourd'hui, nul sondeur, analyste ou commentateur ne peut le dire, car avec la nomination de Trump, la radicalisation du parti de Lincoln, Eisenhower, Reagan et Bush sombre officiellement dans l'irrationnel.

Ce billet de blogue a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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