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L'effet «François(e)»

Mais vous direz, c'est ça la politique. C'est l'art de glisser, d'utiliser les statistiques à son avantage, et de faire paraître l'adversaire comme un incompétent. Françoise David n'a donc pas l'air d'en faire, elle, de la politique. Elle se dit parfaitement heureuse de voir une femme à la tête du gouvernement, sachant très bien que ce ne sera pas elle, mais sa « rivale » Pauline Marois qui a des chances de l'être.
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Au masculin comme au féminin, l'effet « François » se fera sentir mardi soir.

En effet, François Legault, avec la plateforme plutôt pragmatique, centrée sur les affaires et le resserrement des valeurs centre-droite de la Coalition avenir Québec, ne prône pas la souveraineté pour l'instant, bien qu'il puisse y être « ouvert », car le Québec n'est pas encore bien positionné vis-à-vis du reste du Canada, dit-il. C'est un discours intéressant, et c'est bien la première fois que l'on évoque le fait qu'il y ait de la vie à l'ouest de la rivière des Outaouais. Ça pourrait être assez pour rallier le vote anglophone quasiment au complet.

De son côté -- de l'autre côté --, à l'opposé du spectre politique, Françoise David prône la souveraineté, mais peut-être encore plus les valeurs humanitaires qui sont fondées sur l'égalité des sexes, du statut de l'individu, du revenu, etc. Ces idéaux de gauche ne font pas le bonheur de tous, car beaucoup les trouvent trop idéalistes et non pratiquables.

Par contre, l'habileté de Françoise David à s'exprimer sur un ton qui respire à la fois l'honnêteté et l'humanisme la place très loin en dehors du cadre du politicien typique dans lequel les autres péquistes, libéraux et caquistes se retrouvent, malgré leurs efforts de populisme, leurs réponses téflon et leurs refus de prendre en considération les perspectives qui diffèrent des leurs.

Mais vous direz, c'est ça la politique. C'est l'art de glisser, d'utiliser les statistiques à son avantage, et de faire paraître l'adversaire comme un incompétent. Françoise David n'a donc pas l'air d'en faire, elle, de la politique. Elle se dit parfaitement heureuse de voir une femme à la tête du gouvernement, sachant très bien que ce ne sera pas elle, mais sa « rivale » Pauline Marois qui a des chances de l'être. Et elle se positionne non pas comme une adversaire, mais comme un complément au pouvoir en place.

Les gens semblent trouver Françoise David lucide et sincère. Surtout, dans le cadre de cette joute électorale -- et ici, heureusement, on n'est pas dans l'arène des lions comme aux Etats-Unis où tous les coups sont permis, le show biz, l'art du spin et la rhétorique déferlent pour créer le buzz le plus attrayant -- elle définit ses idées sans confrontation aucune. Non seulement est-ce rafraîchissant, voire rassurant, mais peut-être même que la non-confrontation est un trait recherché de la part d'un électorat en quête de réponses à des questions pertinentes auxquelles il n'arrive souvent pas à trouver des idées claires dans le tollé des phrases stratégiques. La franchise de Françoise plaît.

Du côté de François Legault, la nouveauté, le courage politique, la volonté de « faire le ménage » peuvent être rassurants aussi pour une population qui a vu la réputation de sa classe politique être traînée dans le scandale et la corruption au cours des dernières années. Les gens semblent vouloir faire confiance à un ancien souverainiste qui aurait vu une certaine « lumière » et qui aurait compris qu'il y a d'autres priorités au Québec. On a l'impression que François joue franc.

C'est pour cela que, selon moi, l'effet «François» -- au masculin comme au féminin! -- pourrait empêcher la majorité du gouvernement élu mardi prochain.

Et si c'était la franchise et le franc-parler qui gagnaient au Québec, un soir de septembre en 2012?

Grand rassemblement de Québec solidaire en 2012


François Legault en campagne

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