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«Swan Lake» par Dada Masilo: le mariage réussi du classique et du tribal

Dada Masilo danss'appuie sur la question des mariages arrangés pour ajouter celles de l'homophobie, de la discrimination voire du sida.
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De mariage, il en est bien sûr question dans le livret de Begitchev écrit pour le Lac des Cygnes de Tchaïkovski.

L'histoire raconte que le prince Siegfried est prié de choisir une épouse parmi des jeunes filles lors d'un bal. Mais bien sûr, aucune ne lui plait, et il s'éprend d'une autre rencontrée dans la forêt, interdite à cause de la malédiction que lui a jetée un sorcier et qui la transforme en cygne dès que le jour apparaît. Pour tromper encore Siegfried, le sorcier invite au bal suivant sa propre fille qui est le sosie de l'aimée du prince. La fin connaît différentes variantes plus ou moins heureuses pour Siegfried et les deux jeunes filles.

Mais Dada Masilo n'est pas du genre à en rester là. Très jeune et brillante chorégraphe sud-africaine, elle opère toutes les transgressions avec à la fois de l'humour et du sérieux, et surtout avec un talent fou.

Originaire d'un quartier pauvre de Soweto, formée à la danse classique et contemporaine dont deux ans à l'école d'Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles, Dada Masilo dans Swan Lake s'appuie sur la question des mariages arrangés pour ajouter celles de l'homophobie, de la discrimination voire du sida. Car c'est d'un bel homme noir et non d'une femme que s'éprend le jeune prince...

Dada Masilo conserve les tutus et les plumes des beaux cygnes du lac, mais en revêt aussi les hommes. Le public retrouve la maîtrise et la gestuelle du pur classique en danse, mais avec des ajouts très nombreux de danses africaines et tribales. Le silence des danseurs n'est plus de mise, et on les entend parfois chanter, crier, voire se quereller tout en jouant et en dansant.

Ce mariage audacieux de différents styles de danses est accompli par une troupe de 13 artistes d'une virtuosité et d'une beauté rares. Les corps sont élastiques, les gestes à la fois fluides et d'une rapidité extrême. Le passage des poses classiques avec pointes pour certains, arabesques très cambrées, grand jeté, solos et autres pas de deux, à la libération du geste et à l'abandon au rythme, les pieds nus, semble s'accomplir tout naturellement avec grâce et avec légèreté.

Du côté de la musique, c'est toujours Tchaïkovski qu'on entend, mais là aussi avec des transgressions vers d'autres rythmes et d'autres compositeurs. L'ensemble forme un superbe métissage, une alliance des cultures qui communique au public l'énergie folle, joyeuse et ludique des artistes dans cette chorégraphie du Lac des Cygnes comme nul autre que Dada Masilo n'aurait pu l'imaginer...

Swan Lake, à la place des Arts, salle Wilfrid-Pelletier du 14 au 16 janvier 2016.

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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