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Nederlands Dans Theater: un triple spectacle de toute beauté

Dans le cadre de Danse Danse - dont la programmation est chaque année toujours plus admirable - voici donc le Nederlands Dans Theater de retour à Montréal après 20 ans d'absence.
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Se démarquer du répertoire traditionnel ; allier esthétique, virtuosité et créativité ; expérimenter des manières inédites de chorégraphier et de mettre en scène les ballets sans se priver de l'accompagnement éventuel de musiques classiques... Sans doute toutes les compagnies de danse contemporaine ont-elles cette ambition. Quant à y parvenir avec autant de brio que le Nederlands Dans Theater depuis sa fondation, il y a 57 ans, ceci est une tout autre affaire...

Dans le cadre de Danse Danse - dont la programmation est chaque année toujours plus admirable - voici donc le Nederlands Dans Theater de retour à Montréal après 20 ans d'absence. Les trois pièces présentées sont de toute beauté. Très différentes les unes des autres, on en doit deux (Sehnsucht et Stop-Motion) au génial couple de chorégraphes Sol León et Paul Lightfoot - qui collaborent artistiquement depuis plus de 25 ans - et une troisième (In the Event) à la très grande chorégraphe canadienne Crystal Pite.

Sehnsucht en allemand signifie quelque chose comme « désir », « aspiration à », avec peut-être une petite pointe de nostalgie... Et c'est bien ce que ressent le spectateur pour cette première partie qui présente essentiellement deux cadres de performance, l'un sur la scène avec de nombreux danseurs et l'autre dans la pièce d'une maison où vit un couple d'amoureux. Entre les deux, sous la figure d'un danseur exceptionnel (mais comme le sont les autres aussi, à n'en pas douter), quelque chose qui ressemble aux aspects contrastés et contradictoires du désir, qui va, qui vient, que l'on voudrait constant, mais qui ne l'est pas toujours. Sur une musique de Beethoven, une mise en scène et des décors extraordinaires non seulement par leur beauté, mais par leur ingéniosité, la chorégraphie semble dévoiler toutes les vicissitudes du couple qui retient ses deux membres avec des envies contradictoires d'évasion, de rupture et de fusion qui ne peut être qu'éphémère.

Le spectacle s'ouvre sur une sorte de statue humaine, noire et blanche, qui se déploie en silence et avec une lenteur extrême, et, accroché au mur, un splendide tableau, une peinture que l'on s'attendrait à voir dans un très grand musée d'art contemporain. Mais la sculpture et le tableau s'animent et de mille manières inédites et qui défient les lois de la pesanteur. Treize autres danseurs revêtus de pantalons soyeux qui mettent en valeurs leurs torses de chairs et leurs corps splendides s'y ajoutent dans des revues parfaitement coordonnées, mais aussi avec des duos et de solos toujours plus magnifiques. Tout danse en eux, jusqu'à leurs épaules, leurs bras et leurs mains, et dans une énergie qui se combine à de la douceur et de la grâce sans renoncer aux apports de la danse classique.

Du même couple de chorégraphes (et avec des images de la fille qu'ils ont eue ensemble), le troisième ballet Stop-Motion n'est pas moins magnifique et magique avec non pas un tableau, mais une photographie géante qui s'anime doucement du visage triste d'une jeune femme. Photo-vidéo en noir et blanc qui fait écho aux projections géantes de poudre blanche qui virevoltent autour des sept danseurs dans leurs performances superbes. Stop-Motion est empreint d'une grande mélancolie. Une projection vidéo qui couvre le fond de la scène suggère l'abandon tragique jusqu'à que tout le décor disparaisse et achève cette troisième partie de la soirée.

Entre les deux, In the event de Crystal Pite offre un contraste fort et toujours aussi réussi dans son genre. Là plusieurs danseurs semblent au chevet d'un des leurs. Les gestes du deuil, de la stupéfaction face à la catastrophe sont stéréotypés. Les corps nerveux semblent des automates qui s'animent pour exprimer les sentiments les plus humains. Dans le fond de la scène, une immense tenture qui tremble par moments et une musique de tonnerre suggèrent de manière magnifique et grandiose le côté fragile et vulnérable de notre humanité. Les danseurs se battent face aux éléments, s'entraident quand ils le peuvent, mais le cataclysme est trop fort face à leur petitesse...

Après 20 ans d'absence, Nederlands Dans Theater est de retour au Québec pour un triple spectacle époustouflant que le public de Montréal ne devrait surtout pas manquer...

Sehnsucht, Stop-Motion et In the Event : un programme triple de NDT, du 1er au 5 novembre 2016 au théâtre Maisonneuve à Montréal

Ce billet de blogue a aussi été publié sur info-culture.biz

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