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«Les Diablogues» ou les drôleries de la communication humaine

Dans une très belle mise en scène de Denis Marleau, des décors réussis et très ingénieux de Stéphane Longpré, les brefs dialogues sont proposés au théâtre du Rideau vert par une troupe de six acteurs remarquables.
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Difficile de définir précisément ce qui fait rire et sourire le spectateur dans les dialogues quelque peu diaboliques du grand Roland Dubillard. Génie discret, acteur de cabaret et de théâtre, dramaturge et homme de radio français disparu en 2011, Roland Dubillard ne s'est jamais pris très au sérieux, et a créé dans cette œuvre et dans d'autres, des dialogues à la limite du délire, gentiment moqueurs à l'égard des autres et de soi-même; entre surréalisme et théâtre de l'absurde, non-sens et dialogues de fous, mais toujours pleins d'humour et de logique. Sans doute parce que saturés de logiques, peut-être parfois...

Dans une très belle mise en scène de Denis Marleau, des décors réussis et très ingénieux de Stéphane Longpré, les brefs dialogues - qui à l'origine furent diffusés sur les ondes de la radio française entre deux personnages seulement - sont proposés au théâtre du Rideau vert par une troupe de six acteurs remarquables.

Parmi le gros corpus disponible des Diablogues et des nouveaux Diablogues, quatorze petits sketchs sans lien les uns avec les autres ont été sélectionnés pour ce spectacle rondement mené de 1h20 sans entracte.

Toutes les saynètes se déroulent dans de très beaux intérieurs, luxueux et dépouillés, qui ressemblent aux grands appartements haussmanniens de Paris. Projetées sur le fond de la scène, les images des pièces larges et aérées donnent toujours sur une fenêtre où l'on peut apercevoir quelque arbre ou nuage qui s'agitent. Et le décor est si bien disposé qu'il se poursuit sur la scène avec de vrais accessoires.

Ainsi, le trompe-l'œil des décors s'harmonise-t-il parfaitement avec les dialogues, eux aussi en trompe-l'œil, proposés par les acteurs sur la scène. Car de réelles communications, il n'y en a pas vraiment. Les personnages se répondent en manifestant en principe toute leur attention à leur interlocuteur. Mais chacun tombe pourtant toujours très à côté de ce que l'autre a vraiment voulu dire.

Dialogues complexes, drôles, torturés; dialogues de sourds le plus souvent et qui laissent entrevoir la difficulté qu'il y a à se comprendre et à exister grâce au seul médium à la disposition de l'être humain, le langage justement. Sans être poussé à l'excès de la non-compréhension, chacun de ces brefs dialogues pointe un petit travers humain ou une petite réflexion existentielle qui parasite la communication et la rend totalement comique lorsque l'on s'y arrête.

Au-delà des rires et des sourires suscités par les saynètes présentées, il y a beaucoup d'enseignements quasi philosophiques à en tirer. Les Diablogues ressemblent au fond à bien des dialogues que l'on entend quotidiennement, voire à certains auxquels on participe soi-même, lorsque l'on part sur une idée fixe qui nous inquiète, qu'on oublie d'écouter l'autre ou qu'on s'abandonne à pousser la logique dans un champ que l'on ne connait pas forcément très bien et qui nous fait totalement passer à côté de l'essentiel.

Les Diablogues, du 29 mars au 23 avril 2016 au Théâtre du Rideau vert à Montréal.

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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