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Jon Lachlan Stewart dans «Big Shot», à voir absolument au Prospero

Il n'y a pas une seconde d'ennui dans cette pièce d'une durée de 1h30, comme un film, où le récit se déploie à un rythme effréné et digne des meilleurs films d'action.
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Dans cette œuvre où interviennent six personnages principaux et quelques autres secondaires, le tout présenté sur une scène de théâtre, mais comme si on était au cinéma, avec des actions dans un train et dans d'autres lieux, Jon Lachlan Stewart incarne tous les rôles avec brio. Il est partout, debout, par terre, accroupi, se bagarrant, modifiant l'expression de son visage et de son corps, parlant plusieurs langues et avec plusieurs accents, jouant, racontant, interpellant le public ou la régie, mimant et se métamorphosant dans une sorte de chorégraphie savante et remplie de force, d'énergie et d'intelligence. L'an dernier, dans Le Joueur de Dostoïevski présenté sur la scène de ce même Prospero, il irriguait la pièce de sa présence magique. Aujourd'hui, dans Big Shot, cette création dont il est non seulement l'interprète, mais l'auteur, il est impressionnant de talent, tant dans sa performance que dans le texte qu'il déploie et qui rend hommage - avec émotion et non sans humour - tout autant au théâtre qu'au cinéma, sans oublier bien sûr les drames du quotidien.

Pour Schopenhauer, la différence entre le théâtre et le réel (ou la vie), c'est que le théâtre prend appui sur le réel, mais le réel ne prend appui sur rien. C'est cela qu'en un sens illustre cette œuvre. Avec la question du cinéma en toile de fond, cela donne à l'ensemble une mise en abyme vertigineuse et des plus réussie. Et si au début du cinématographe, certains pensaient que ce nouvel art reviendrait à du théâtre filmé. Plus de cent ans après, Big Shot s'autorise un beau retournement en parlant de cinéma dans un one man show remarquable sur une scène de théâtre. Et ce, sans se priver du clin d'œil humoristique du personnage principal qui affirme que, pour lui, qui adore le cinéma, le théâtre n'est qu'ennui.

Mais pas une seconde d'ennui dans cette pièce d'une durée de 1h30, comme un film, où le récit se déploie à un rythme effréné et digne des meilleurs films d'action.

Mais pas une seconde d'ennui dans cette pièce d'une durée de 1h30, comme un film, où le récit se déploie à un rythme effréné et digne des meilleurs films d'action.

De quoi s'agit-il dans cette histoire qui donne beaucoup à réfléchir? Dans un décor filmé, l'action se passe à Vancouver qui connaît une industrie cinématographique florissante et une population diversifiée.

Un grand ado, qui vit avec une mère droguée et dont le père manque cruellement, s'évade de sa vie triste et monotone en allant au cinéma. Si seulement les actions d'un film pouvaient transformer les spectateurs, les réunir plutôt que les laisser indifférents, chacun dans leurs coins tandis qu'ils s'empiffrent de pop-corn! Si la vie était comme ce que l'on voit sur l'écran, s'il s'y passait des choses... Si la vie ressemblait plus à un film d'action... C'est cela que rêve le garçon pendant qu'il emprunte le Skytrain, ce train ultramoderne et plein d'indifférence dans lequel il n'y a même pas de chauffeur.

Dans ce train, se côtoient ce jour-là un Junkie fragile et bagarreur en phase de désintoxication, un ingénieur informaticien japonais transformé en petit fleuriste frustré et malhonnête, un policier nerveux de savoir que sa femme le trompe avec son collègue et meilleur ami, et un professionnel du cinéma en blazer noir, plus ou moins cocaïnomane et qui s'est accroché la veille avec le Junkie. Le réalisateur recherche un sujet pour son prochain film. Tous sont des usagers ordinaires du train de Vancouver et reflètent sa population. L'adolescent est là aussi et c'est le Big Shot...

L'écriture complexe est remarquable. Le jeu est époustouflant. Ce spectacle qui connaît un grand succès depuis sa création en anglais en 2012, nous est ici proposé en version bilingue (trilingue même, parfois...) avec surtitres en français. Jon Lachlan Stewart qui ne manque pas une occasion d'être génial joue même de ce procédé pour enrichir sa performance. C'est peut-être à ce jour, l'un des meilleurs, voire le meilleur spectacle auquel j'ai eu la chance d'assister cette année à Montréal. Une occasion pour les francophones de profiter de cet artiste hors-norme et au formidable talent.

Big Shot du 11 au 29 avril, au théâtre Prospero à Montréal

De et avec Jon Lachlan Stewart

Mise en scène Georgina Beaty

Théâtre Surreal SoReal

Traduction Mélodie Roussel

Éclairages Audrey Anne Bouchard

Projections Matthew Schuurman

Environnement sonore Dave Clarke

Consultant Paul Ahmarani

Durée : 1 h 30

Cet article a aussi été publié sur info-culture.biz

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Mai 2017

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