«Je préfère qu'on reste amis»: léger, drôle et rafraîchissant

«Je préfère qu'on reste amis», voilà la phrase qui tue lorsqu'elle est prononcée par celui dont on attend le même désir que soi, pour un rapprochement vers une relation amoureuse qui tarde à s'installer. L'harmonie est pourtant là, et on se sent si bien ensemble...

Lui, le distingué Jean-Dimitri, travaille dans une agence de publicité; il roule à moto et c'est un très beau garçon qui multiplie les relations sans lendemain. Elle, Claudine - Cloclo pour les intimes - est fleuriste; elle s'abreuve de chansons de variété et sa beauté est plutôt intérieure... Ils se voient sans arrêt depuis cinq ans qu'ils se connaissent, sont les meilleurs amis du monde, se font entièrement confiance, se téléphonent sans arrêt, passent plusieurs soirées par semaine à rire et à boire ou à regarder la télé. Ils sont complices, intimes et se disent tout, absolument tout. Tout sauf peut-être l'essentiel.

Lorsque Claudine décide enfin de déclarer les sentiments amoureux qui la rongent depuis qu'elle le connaît à Jean-Dimitri, les choses ne se passent pas du tout comme elle l'avait prévu; ni comme le spectateur l'imaginait non plus. Pour les deux qui croyaient n'avoir aucun secret ni tabou, c'est une avalanche de découvertes et de révélations. Jean-Dimitri n'est pas exactement l'homme que Claudine croyait si bien connaître...

Dans cette comédie amoureuse, pièce de boulevard légère, drôle et pleine de rebondissements et d'intermèdes musicaux, le texte de Laurent Ruquier (l'animateur entre autres de la célèbre émission de télévision française On n'est pas couché) a été légèrement modifié par Denise Filiatrault pour intégrer les références montréalaises qui ajoutent à l'humour et aux nombreux petits coups de théâtre. La pièce en elle-même n'est pas un grand chef-d'œuvre, mais elle est vraiment très bien interprétée par ses deux acteurs sur scène, Patrick Hivon, garçon distrait et cachotier comme il se doit, et Geneviève Schmidt, qui ne chante pas toujours très juste (ce qui fonctionne très bien) et dont le tac au tac de la répartie est parfait. Ce sont ses deux acteurs qui tiennent cette pièce et qui en font un divertissement des plus agréables.

Dans trois séries de décors bien pensés (surtout celui de la boutique remplie de jolis bouquets de fleurs multicolores) qui se modifient pendant que chacun des acteurs semble penser intérieurement en s'adressant au public, la pièce de 1h30 sans entracte ne laisse pas de répit au spectateur et multiplie les bons mots et les traits d'humour. On se sent un peu comme dans l'émission On n'est pas couché: rythme rapide, léger et assez drôle. Ça ne vole pas très haut. Pas de grandes thèses ni de profonde pensée philosophique sur l'amour ou sur l'amitié, mais un très bon moment passé entre le sourire et le rire, et une fin qui met tout le monde de bonne humeur. Une comédie romantique légère et agréable et qui mérite le déplacement.