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Le coq de St-Victor: une campagne publicitaire sexiste

À en juger par la bande-annonce, non seulement la totalité des hommes blancs a tous les attributs du mâle occupant un rôle important dans le village, mais les rares scènes où des femmes (blanches, de surcroît) apparaissent, elles cuisinent, chassent un coq avec un rouleau à pâte ou se font bronzer sur des chaises longues.
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Reblogué depuis Les Bébés pigeons

La campagne publicitaire bat son plein : partout, on peut voir les affiches annonçant le film qui sortira en salle ce vendredi. Le métro de Montréal en est tapissé. Je pensais donner une chance au coureur avant de taxer Le coq de St-Victor de sexiste, mais après une visite sur le site web du film (qui ressemble à s'y méprendre au site web de Fred Pellerin...) et après avoir visionné la bande-annonce, le constat est éclatant : la manière dont le film est marketé est sexiste.

On aurait bien pu s'en douter à la simple vue des dites affiches : des personnages hyper stéréotypés, une majorité d'hommes, des personnages focaux seulement masculins, des personnages féminins qui ne semblent avoir été pensé qu'en fonction des hommes... Mais je suis bonne joueuse, d'habitude, j'attends de voir un film, avant de le juger à sa couverture.

D'habitude.

C'est surtout qu'aujourd'hui, je suis tombée par hasard sur le blogue de Margot Magowan, Reelgirl.com . Elle y fait annuellement une critique des affiches de films pour enfants sortis cette année-là. C'est en compilant ce genre de données qu'on fait ce terrible constat : au-delà du propos du film, la manière dont celui-ci accapare l'espace public compte. Et ce n'est pas joli à voir.

Le pire est au bout du clavier

Une visite sur le site officiel du film s'est donc imposée. J'étais curieuse de voir la biographie des personnages. Dans la section «Personnages et lieux», on parle de sept individus... dont seulement une femme. Et savez-vous la meilleure? Elle n'a pas de biographie, seulement une recette de brioches à la cannelle! Pareil comme dans ces chères et regrettées années '50!

On a donc toute une brochette de personnages, très largement mâles et occupant des rôles très stéréotypés. Une chance qu'on va bientôt se doter d'une charte, au Québec, afin de protéger l'égalité homme femme. Dire qu'on prétend que celle-ci n'aura des effets qu'à Montréal!

Oh! Parlant de charte, pas de dangers de voir un seul voile dans Le coq de St-Victor. C'est blanc comme neige, dans mon pays qui ne semble être que l'hiver, du moins, dans ce film-là.

À en juger par la bande-annonce, non seulement la totalité des hommes blancs a tous les attributs du mâle occupant un rôle important dans le village, mais les rares scènes où des femmes (blanches, de surcroît) apparaissent, elles cuisinent, chassent un coq avec un rouleau à pâte ou se font bronzer sur des chaises longues. J'ai bien hâte de savoir si ce film obtiendra la cote Bechdel. D'autre part, rien ne laisse entendre qu'autre chose qu'une vision hétérocentriste du monde soit présentée dans ce film, ce qui en ferait, de fait, un film hétérosexiste.

Des devoirs pour tout le monde

Le fait de représenter la société traditionnelle québécoise d'une telle manière dans les films pour enfants, en 2014, ne pourrait servir que deux causes : soit sensibiliser les jeunes à un passé archaïque, dégradant pour les femmes et les minorités et rigide dans les rôles de genre, soit en faire un commentaire sur le présent par une relecture du passé.

Je doute que le but des producteurs ait pu être de sensibiliser les jeunes au passé et à cette vision de la société traditionnelle. Le fait de représenter celle-ci, en 2014, serait donc un message sur le présent.

N'ayant pas vu ce film, je ne peux que deviner la signification de la perte du coq pour Saint-Victor. Dans la bande-annonce, il est évident que celui-ci représente une sorte de stabilité, un repère important pour le village, que les villageois décident de bannir.

Je ne sais pas pour vous, mais nous nageons en pleine métaphore sur notre passé religieux. Et si ce n'est pas le cas, à tout le moins, nous sommes loin du commentaire sur le sexisme, sur l'hétérosexisme et sur la fermeture au monde qu'on aurait été en droit de s'attendre d'un film qui les dépeint si bien.

Dépeindre du sexisme, de l'hétérosexisme ou du racisme sans les remettre en cause est dangereux. Ne pas amener les spectatrices et les spectateurs à réfléchir sur ce qu'on leur présente l'est tout autant. Si vous avez l'audace d'amener vos enfants voir ce film, prenez bien soin de faire le travail qui n'a pas été fait dans la campagne publicitaire actuelle, en réfléchissant avec vos enfants sur la manière dont est dépeinte la société, dans ce film.

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