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Franchement, messieurs les élus, pour qui prenez-vous vos citoyens? Nous voulons tous la même chose: la sécurité du public. La seule différence entre les propriétaires de chiens et les politiciens, c'est que nous n'essayons pas de nous faire du capital politique et de satisfaire le peuple en brûlant des sorcières.
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Tout d'abord, Coderre, Couillard et consorts: fuck you. C'est pas poli, pas constructif, mais fallait que ça sorte. Essai désespéré et vain, pour que mon corps arrête de trembler de rage et d'impuissance.

« On a choisi les humains avant les chiens », de dire notre bon maire, roi du sophisme, avec son air suffisant de père de famille borné des années 50. Le peuple sera en sécurité. Acclamations de la foule.

Je n'ai pas la patience et la tempérance d'écrire un article pondéré, comme vous l'aurez compris par le "fuck you" en introduction, qui m'a fort peu soulagée, pardonnez-moi. Depuis le début du débat sur les pitbulls, au cœur duquel je suis, étant moi-même propriétaire d'une magnifique am-staff, je prône le dialogue et l'écoute. J'essaie de discuter avec les gens et de leur expliquer pourquoi un bannissement ne serait pas efficace, pourquoi les pitbulls ne sont pas plus dangereux que d'autres types de chiens. J'essaie d'être calme et posée. On m'a dit plusieurs fois que si tous les maîtres de pitbulls était comme moi, «il n'y aurait pas de problème» (sic). Je suis parlable.

Well... je suis contente que ça ait été si efficace (ironie ici), mais maintenant, je sors les dents.

Bande. De. Gros. Câlisse. D'imbéciles.

Pensez-vous que nous, propriétaires de pitbulls, nous voulons faire passer les chiens avant les humains?! Imaginez-vous que nous envisageons un seul instant que la vie et le bien-être de notre animal vaut plus qu'une vie humaine?

Franchement, messieurs les élus, pour qui prenez-vous vos citoyens?

Nous voulons tous la même chose: la sécurité du public. La seule différence entre les propriétaires de chiens et les politiciens, c'est que nous nous rangeons derrière les recommandations des experts que vous avez mandatés pour vous éclairer sur le problème. Nous n'essayons pas de nous faire du capital politique et de satisfaire le peuple en brûlant des sorcières. Nous réclamons des mesures efficaces. Nous avons du courage et une vision à long terme.

Votre bannissement ne sera pas efficace, comme il ne l'a été nulle part où il a été mis en place. C'est d'une tristesse infinie, mais des enfants continueront de se faire mordre, probablement et malheureusement de mourir, des chiens continueront à être maltraités et utilisés comme des armes. Mais à partir du jour où votre législation ridicule prendra effet, messieurs Coderre et Couillard, ce seront vos mains qui seront tachées de sang. Ce sont vos consciences que les prochaines victimes - et elles risquent d'arriver plus vite que vous ne le pensez - entacheront. Ces terribles accidents arriveront par votre faute. J'espère pour vous que les quelques votes que vous aurez gagné pèseront assez lourd dans la balance.

Je m'excuse, au nom de ma race. C'est encore nous, les monstres. Nous n'apprendrons jamais.

Les humains doivent passer avant les chiens, dites-vous, sauf, bien sûr, les propriétaires de pitbulls, qui seront maintenant considérés comme des citoyens de seconde zone. Mon chien a autant le potentiel de tuer qu'un berger allemand ou un husky, mais je devrai me plier à des conditions drastiques et en grande partie inutiles.

Ce soir, mes pensées vont aux personnes à faible revenus, à ces gens de la rue qui n'ont pour seul compagnon un chien de type pitbull qui seront obligés de s'en départir. Je m'estime chanceuse d'avoir les moyens financiers de conserver ma famille intacte.

Je pense évidemment à tout ces animaux exceptionnels qui seront condamnés à mort, dans une ville, une province, où l'adoption des chiens de ce type sera interdite. Ces douces âmes finiront leur vie dans une cage de refuge pour aucune raison valable.

Pendant ce temps, Coderre et Couillard s'auto-congratuleront et seront réélus. Le Québec continuera d'être considéré comme le tiers-monde des animaux de compagnie, les usines à chiots et les back-yard breeders pulluleront, chiens et chats seront toujours considérés comme des meubles par des propriétaires sans scrupules, avec les conséquences que l'on sait sur la sécurité publique.

Ce soir, je regarde Simone et une peine incommensurable m'envahit. I failed you, ma belle fille. Je m'excuse, au nom de ma race. C'est encore nous, les monstres. Nous n'apprendrons jamais.

Ce billet de blogue a également été publié sur le Tumblr de Sophie Bienvenu, Une fois par jour.

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