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Le vote «stratégique»: une maladie chronique

La fièvre du vote stratégique est une maladie plutôt répandue dans les pays affligés d'un mode de scrutin uninominal à un tour hérité de la monarchie parlementaire britannique. La majorité des citoyens en ont déjà été victimes au moins une fois dans leur vie; j'en ai moi-même déjà fait l'expérience. Par chance, il est possible d'éviter cette calamité ainsi que les amers regrets qu'elle laisse comme séquelles.
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La fièvre du vote stratégique est une maladie plutôt répandue dans les pays affligés d'un mode de scrutin uninominal à un tour hérité de la monarchie parlementaire britannique. La majorité des citoyens en ont déjà été victimes au moins une fois dans leur vie; j'en ai moi-même déjà fait l'expérience. Par chance, il est possible d'éviter cette calamité ainsi que les amers regrets qu'elle laisse comme séquelles.

Diagnostic

Les symptômes se manifestent habituellement dans les deux dernières semaines des élections générales et se déclinent comme suit : aveuglement persistant, perte de mémoire, aliénation du jugement critique, crainte démesurée face au statu quo, vieillissement prématuré, perte de vision à long terme, abandon momentané de sa dignité et aplatventrisme spontané. Voici une description plus détaillée des principaux symptômes et de leurs conséquences sur la santé de la politique ainsi que les remèdes proposés.

Aveuglement, aliénation du jugement

Les électeurs contaminés par l'idée de voter «stratégique» se font subitement convaincre de voter pour un parti qu'ils ont critiqué vivement et sans relâche durant les dernières années, sous prétexte que sur une dizaine d'autres choix, il constitue la deuxième option la moins pire.

Vieillissement prématuré

Une partie des jeunes électeurs, habituellement plus enclins à faire des choix audacieux pour le Québec, décide soudainement de voter pour un des deux partis qui alternent au Parlement depuis plus de 40 ans. Ils se convainquent que maintenir le système en place est la seule attitude véritablement responsable à adopter. Tout à coup, rien ne devient possible pour eux que de maintenir ce qui existe déjà.

Crainte démesurée face au statu quo

Soudainement, voter pour un des deux partis d'alternance devient vraiment pire que de voter pour l'autre. L'évidence que cette alternance des deux partis ne change rien de fondamental pour le Québec est subitement occultée par une panique irrationnelle. Le centrisme de l'un apparaît radicalement opposé au centrisme de l'autre et les positions se cristallisent vigoureusement dans le conservatisme.

Perte de mémoire

Les électeurs s'apprêtent à voter pour un parti qui les a maintes fois déçus, trompés et trahis. Les faits des dernières décennies sont momentanément oubliés et la mémoire laisse place au retour d'un espoir qu'on jugeait improbable.

Conséquences

Les conséquences du vote «stratégique» chronique sont délétères. Cette maladie maintient en place un système éminemment conservateur et donne une légitimité de gouverner à des partis politiques que la population n'aime pas vraiment. Il s'ensuit une désillusion face à la politique qui mène à un désintéressement généralisé affligeant tout particulièrement les électeurs de moins de 35 ans. Par ailleurs, en réduisant les appuis aux partis qui proposent des projets véritablement audacieux, le vote stratégique empêche le Québec d'avancer, réduit le financement des partis hors-alternance et nuit au renouvellement de la classe politique.

Le remède ultime : la proportionnalité dans le mode de scrutin

Le remède ultime serait d'inclure une composante de proportionnalité dans le mode de scrutin. Cela signifierait que chaque vote aurait un impact, puisque c'est le pourcentage de votes obtenu par un parti qui déterminerait son nombre de sièges à l'Assemblée nationale. Aucun électeur n'aurait l'impression de perdre son vote, même en choisissant un parti émergent correspondant mieux à ses valeurs et ses aspirations.

Le remède en attendant : le courage

En attendant une réforme du mode de scrutin, nous ne pouvons pas lutter contre le vote stratégique autrement qu'en utilisant tout notre courage pour y résister. Il faut voir notre vote comme un investissement hautement plus stratégique. En votant pour un parti comme Option nationale, par exemple, vous contribuez à le financer pour qu'il puisse continuer de propager ses idées pendant les quatre prochaines années. Vous votez pour que tout le Québec sache que pour vous, l'indépendance est l'enjeu fondamental, celui que nous devons avoir le courage de mener de front. Vous votez pour contribuer à redresser le mouvement indépendantiste en le contraignant à revenir aux principes fondamentaux qui l'ont fait naître.

Ne soyons plus victimes d'une autre épidémie de vote stratégique. Votons avec nos tripes.

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