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S'attaquer à la diversité, c'est s'attaquer à ce que nous sommes

J'ai été abasourdi par la dernière charge de Christian Rioux contre la « diversité ». Il m'est apparu qu'une telle position idéologique ne pouvait que nuire à l'unité nationale québécoise et à la possibilité même de l'épanouissement de notre culture.
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Réplique à Christian Rioux sur la diversité.

J'ai été abasourdi par la dernière charge de Christian Rioux contre la « diversité ». Il m'est apparu qu'une telle position idéologique ne pouvait que nuire à l'unité nationale québécoise et à la possibilité même de l'épanouissement de notre culture.

Tout d'abord, l'analogie grossière que M. Rioux opère dans sa chronique entre un étalage de poissons douteux et la diversité culturelle des néo-québécois était tout à fait méprisante et incompatible avec les idéaux humanistes qu'il prétend prôner par ailleurs. Il ne fait pas honneur à la culture qu'il veut tant conserver si en son nom, il regarde les autres avec autant de condescendance. Quelques lectures sur la vie de Nelson Mandela et sur le principe de l'Ubuntu pourraient peut-être lui rappeler la notion de dignité humaine qu'il semble avoir perdue de vue du haut de sa Tour Eiffel.

«L'idéal diversitaire»

À entendre M. Rioux, «l'idéal diversitaire» aurait été érigé en valeur absolue par une élite économique mondialisée afin de servir d'écran à ses tactiques de domination du monde et d'acculturation globalisée. Cette idéologie viserait à couper tout le monde de ses racines afin de les rendre plus malléables et faciles à exploiter.

S'il est tout à fait juste de s'inquiéter du pouvoir des entreprises multinationales et de leurs effets dévastateurs sur la diversité culturelle internationale, y réagir en stigmatisant les immigrants est à peu près la pire intervention possible. Se braquer contre ceux qui ont été le plus souvent arrachés à leur patrie, précisément à cause des effets de la globalisation économique, c'est la façon la plus injuste et la moins efficace d'agir pour protéger les cultures nationales.

Le formol conservateur

Le problème principal des nationalistes conservateurs comme M. Rioux est qu'ils semblent concevoir la culture comme quelque chose de statique. Toutefois, l'identité d'un peuple est autant définie par son passé que par son présent et la façon dont il entrevoit son avenir. Mettre une culture dans le formol, c'est la folkloriser et s'assurer qu'elle perde toute perspective d'avenir.

Personnellement, je suis très heureux que la culture québécoise ait changé depuis un siècle. Je n'aurais pas voulu naître femme au Québec en 1917 et encore moins au 18e siècle. J'espère par ailleurs que notre culture changera encore, notamment quant à notre façon de produire, de consommer et de se déplacer. J'aimerais, par exemple, que nous soyons parmi les premiers peuples à inventer un mode de vie durable et à sortir de l'ère pétrolière.

L'importance de l'unité nationale

Mais pour accomplir de grands projets de société et relever les défis que nous impose le 21e siècle, il faut favoriser le sentiment d'appartenance à la nation québécoise. Ce sont les collectivités qui font de grandes choses, pas les sociétés atomisées. Et pour que les néo-Québécois développent un sentiment d'appartenance à la nation québécoise, il faut qu'ils s'y voient représentés et valorisés à la télévision, dans les journaux et dans l'ensemble des lieux de décision.

Le véritable problème identitaire au Québec, ce sont les conservateurs qui le créent en se braquant contre ce qu'ils appellent la «diversité». Quand un fils d'immigrants né à Montréal vous dit qu'il se sent étranger en son pays, c'est là que se trouve la crise identitaire. Ce que M. Rioux ne comprend pas, c'est que s'attaquer à la diversité, c'est s'attaquer à ce que nous sommes.

Pour fortifier l'unité nationale, il nous faut bien sûr une langue et une culture commune, mais il faut accepter qu'elle soit vivante, qu'elle change. Chaque être humain, au cours de sa vie, fait cette expérience. Au contact des autres, nous changeons. Nous changeons même parfois radicalement, sans toutefois perdre notre identité.

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Mai 2017

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