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Pourquoi les indépendantistes ne votent-ils pas tous pour le même parti? (2/2)

Question pertinente, surtout ces temps-ci. Et on sait qu'avant que ne soit instaurée une composante de proportionnalité dans notre mode de scrutin, il faudra un jour que les indépendantistes se rassemblent s'ils veulent aspirer à faire l'indépendance. Comme je le disais dans un article précédent, il y a deux obstacles qui empêchent ce grand rassemblement.
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Question pertinente s'il en est une, surtout ces temps-ci. Et on sait qu'avant que ne soit instaurée une composante de proportionnalité dans notre mode de scrutin, comme c'est le cas en Catalogne, il faudra un jour que les indépendantistes se rassemblent s'ils veulent aspirer à faire l'indépendance. Comme je le disais dans un article précédent, il y a deux obstacles en ce moment qui empêchent ce grand rassemblement: le débat sur le mode d'accès à l'indépendance et la conception de l'indépendance comme un projet national ou un projet de classe sociale. Par chance, il y a des solutions à ces problèmes. Le présent texte portera sur le deuxième enjeu.

L'indépendance : un projet de gauche, de droite ou démocratique ?

Depuis l'arrivée de Québec solidaire dans le paysage politique québécois, un débat chaud des années 1960, dont on peut retracer les origines dans les pages de la revue Parti pris, a ressurgi parmi les indépendantistes. La question est souvent formulée comme suit : «L'indépendance devrait-elle se faire à gauche, à droite, ou au centre ?» Il n'y a pas de bonne réponse à cette question et cela s'explique par le fait qu'elle est mal posée.

On entend souvent les militants et porte-paroles solidaires justifier leur dissidence par rapport au Parti québécois en soutenant qu'ils ne veulent pas d'un «Québec Inc.», que si l'indépendance ne se fait pas «à gauche», elle ne sert à rien. Voici pourquoi cette opposition est inconsistante.

La constitution sera rédigée par la population, pas par un parti politique

Tout d'abord, même si QS parvenait à obtenir un gouvernement majoritaire avec sa plateforme actuelle et que le référendum que ses dirigeants promettent portait sur une constitution véritablement indépendantiste, le Québec qu'ils construiraient ne serait pas plus à gauche que celui que propose le PQ. Pourquoi ? D'une part parce que tous les partis (ON, QS et PQ) proposent de laisser à la population le soin de rédiger la constitution et, d'autre part, parce que l'orientation politique du Québec souverain ne sera pas fixée dans le béton au jour de son indépendance.

La plateforme actuelle de QS ne permettrait pas de rédiger une constitution «de gauche» et celle du PQ ne permettrait pas de rédiger une constitution «de droite». La seule certitude que nous avons, c'est que la constitution du Québec souverain sera démocratique. Elle sera écrite par le peuple, pour le peuple, et c'est très bien ainsi.

Tout ce qu'un gouvernement de gauche ou de droite pourra instaurer comme modifications aux lois québécoises sera susceptible d'être défait par un gouvernement suivant, de droite ou de gauche. Bref, la lutte pour la gauche que mène QS ne se terminera pas au jour de l'indépendance du Québec, par contre, elle pourra enfin commencer pour de vrai. La lutte pour plus de solidarité et pour une plus grande protection de l'environnement est sans grand avenir dans le Canada des prochaines décennies. Même avec 125 députés écologistes au Parlement québécois, nous ne pourrions pas légalement empêcher les pipelines de sillonner notre territoire et de menacer nos rivières. Nous n'aurions pas les moyens financiers de compenser pour les coupes que le fédéral a faites dans la recherche sur les milieux marins et nous ne pourrions pas signer les traités internationaux visant à protéger l'environnement. Ce n'est qu'en étant politiquement indépendants, en contrôlant l'ensemble de nos lois, de nos impôts et de nos traités, que nous aurons les coudées franches pour faire du Québec de demain le reflet de ce que souhaite sa population. Entre un Québec démocratique et un «Canada Oil Inc.», le choix est assez clair, surtout pour quelqu'un qui se considère progressiste.

L'indépendance : un projet national ou un projet de classe sociale ?

Pour faire du Québec un pays, nous devrons rassembler le plus grand nombre d'indépendantistes possible. Nous n'avons pas le luxe d'être assez nombreux pour nous diviser sur des enjeux de gouvernance provinciale. De toute façon, comme le disait Pierre Bourgault : « L'indépendance doit être dépassée très rapidement, elle n'est qu'un instrument vers autre chose. » Mais pour opérer ce passage nécessaire vers autre chose, il faudra savoir s'unir et être rassembleurs.

La semaine dernière, M. Khadir, en commentant l'annonce du «livre blanc» de Mme Marois, a affirmé ceci: «La foi ne suffit pas. Entre le vouloir dans ses rêves et agir, il y a le courage d'affronter le milieu d'affaires qui est le plus grand adversaire de la souveraineté (...) Nous on est des indépendantistes et on s'engage à agir.» (Journal de Québec, 6 février 2014) Lorsque M. Khadir identifie le milieu des affaires comme le plus grand adversaire de la souveraineté, je pense qu'il contribue à créer des oppositions contreproductives qui nuisent au projet indépendantiste. Il est évident que le gouvernement doit se tenir debout devant le milieu des affaires. Il doit encadrer ses pratiques, l'empêcher de polluer, lui demander de partager sa richesse et d'être solidaire envers la classe des travailleurs. Le milieu des affaires au Québec est constitué principalement de PME et les entrepreneurs québécois auront un grand rôle à jouer dans la construction du Québec. Ce sont eux qui, en collaboration avec l'État, développeront l'économie durable vers laquelle nous devons cheminer pour survivre au XXIe siècle. À moins de vouloir étatiser l'ensemble de l'économie, nous devons nous en faire des alliés, dans la mesure du possible, et les inciter à agir avec nous dans l'intérêt supérieur de la nation québécoise.

Un projet national, c'est un projet susceptible de créer la solidarité nécessaire entre les différentes classes sociales d'un même peuple, dans le but de cheminer vers un objectif commun qui dépasse les intérêts de classe ou les intérêts individuels. C'est possible. Cela s'est fait dans l'histoire. Les révolutions française et américaine n'auraient pas pu réussir sans cela. Bien sûr, ces révolutions n'ont pas mis un terme à la lutte des classes, mais elles ont fait avancer grandement leur peuple. L'indépendance n'est pas «la fin de l'histoire», c'est un nouveau début.

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