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C'est l'été, l'actualité est bien maigre en faits de société et en joutes politiques à analyser, mais grâce à Hollywood la récolte de navets est toujours abondante. Je ne nommerai pas de titres, le navet des uns étant le joyau des autres. Enfin bref, vous me permettrez de déménager mes pénates aux arts et spectacles le temps d'un billet.
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Non, rassurez-vous, ce billet n'aura pas pour objet la plante herbacée de la famille des brassicacées dont la racine charnue est consommée comme légume. J'ai bien suivi quelques cours sur la nutrition au secondaire, mais je n'y ai pas appris comment apprêter ladite racine pour qu'elle devienne mangeable. Non, je ne vous entretiendrai pas des navets que l'on mange, mais bien de ceux que l'on visionne : les films poches.

C'est l'été, l'actualité est bien maigre en faits de société et en joutes politiques à analyser, mais grâce à Hollywood la récolte de navets est toujours abondante. Je ne nommerai pas de titres, le navet des uns étant le joyau des autres. Enfin bref, vous me permettrez de déménager mes pénates aux arts et spectacles le temps d'un billet.

Je ressens pour les navets le même sentiment amour-haine que plusieurs d'entre nous. Évidemment, je m'intéresse d'abord aux grands films, à ceux qui deviendront des classiques, à ceux dont tous connaissent le réalisateur, à ceux qui sont censés m'apprendre quelque chose, me faire réfléchir ou m'émouvoir. À ceux qui suintent l'Art avec un grand A et la Culture avec un grand C. Alors les navets, pfff! Non. Ouache. Caca. Les navets sont au cinéma ce que les patates (frites) sont à l'alimentation : des calories vides qui font engraisser et qui rendent niaiseux. Sauf que.

Sauf que, parfois, on a besoin de comfort food - ou d'une excuse pour manger un gros popcorn extra beurre. On a besoin de s'évader, d'arrêter de se prendre la tête. D'arrêter de triturer nos problèmes (et ceux de l'humanité) pendant une heure ou deux. De se sentir plus intelligent que le film qui défile sous nos yeux, en s'imaginant un second degré là où il n'y en a (peut-être) pas. C'est profondément thérapeutique et bon pour le moral.

Au cinéma comme dans la vie, tout est une question d'attentes. Si je m'assois devant l'écran géant dans l'expectative d'un petit bijou, qui révolutionnera le septième art et qui me marquera pour la vie, une offrande solide et bien faite, mais ordinaire, me décevra. Mais si au contraire je m'attends à voir un navet profondément ridicule, alors là... Chaque cliché éculé, chaque effet spécial exagéré, chaque revirement tordu seront source de grande satisfaction. Non pas parce que le film est un ratage absolu et que ça m'amuse, mais bien parce que le film est exactement le ratage absolu auquel je m'attendais. Une question d'attentes, je vous dis.

Pour moi, les navets ont joué un rôle important dans ma vie quand j'ai été déprimé, voire dépressif. Quand on est dans cet état-là, sortir sa carcasse à l'extérieur pour aller au cinéma est parfois le premier jalon vers le rétablissement. Au début, sortir de son appartement (voire de sa chambre) est impensable. La solitude est impérative. Ensuite, quand ça va un peu mieux, on considère aller voir un film pour se changer les idées. N'importe quel film - le chemin est plus important que la destination. Alors on choisit le premier navet disponible. Et on y va, et on rit de bon cœur à chaque cliché éculé, à chaque effet spécial exagéré, à chaque revirement tordu. Pourquoi? Pas parce que c'est (forcément) si drôle que ça.

Parce que ça veut dire qu'on est de retour dans la game. Qu'on a réintégré le clan, qu'on est rentré au bercail. Parce que, pour aller rire dudit navet, il a fallu sortir de la maison. Prendre une douche. Changer son linge mou pour des vêtements plus convenables en public. Peut-être se faire la barbe ou arranger la touffe de poils en bataille qu'on a sur la tête. Peut-être utiliser les transports en commun, avec le peuple. Aller acheter un billet (bon, si vous êtes comme moi, vous l'achetez à la machine et non pas à la caisse où ou devez parler à un autre être humain, mais bon, un jour à la fois). S'asseoir dans une grande pièce (sombre, heureusement - ici aussi, un jour à la fois) avec d'autres personnes. Tout ça a l'air simple et évident quand on va bien. Mais quand on va moins bien, c'est toute une liste d'accomplissements à inscrire à sa fiche dans le même après-midi (allez-y le mardi, c'est moins cher).

Voilà le rôle du navet. C'est un remède, homéopathique et temporaire j'en conviens, pour le vague-à-l'âme ou la fatigue mentale. On pourrait répliquer que ce remède traite davantage les symptômes que les racines du problème. C'est exact. Mais parfois, c'est tout ce dont nous avons besoin pour remettre la machine en marche. Alors, cet été, si ça ne va pas, gâtez-vous et dégustez un ou deux navets. En modération, mais sans culpabilité!

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