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Grèce: ce n'est pas facile de transformer une cigale en fourmi

En élisant Tsipras, les Grecs ont démontré qu'ils n'ont pas compris ce qui leur arrive.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

Le 25 janvier dernier, les Grecs ont élu Alexis Tsipras, un politicien d'extrême gauche, premier ministre. À la suite de l'annonce de son élection, devant une foule qui chantait et dansait, il s'écria : «Le peuple a le droit de faire la fête et de danser, ils nous en ont privés pendant cinq ans.»

Le party risque d'être de courte durée.

En élisant Tsipras, les Grecs ont démontré qu'ils n'ont pas compris ce qui leur arrive. Les temps difficiles dont ils font les frais sont le résultat de décennies d'abus. Ce n'est ni la faute des Allemands, de la BCE, du FMI ou de l'UE. Ce sont les politiciens grecs élus par les Grecs qui ont ruiné la Grèce.

Syriza a un programme imprégné de pensée magique typique de la gauche socialiste. L'introduction d'un nouvel impôt pour les ultra-riches, une recette pour accélérer la fuite des cerveaux et des capitaux dont la Grèce a pourtant bien besoin pour relancer son économie. La hausse du salaire minimum, une bonne façon d'encourager le travail au noir et la réduction des recettes fiscales. Un 13e mois pour les retraités, la gratuité de l'électricité et des transports pour certaines catégories sociales, des travaux publics pour relancer l'activité, et ainsi de suite. Mais d'où viendra l'argent pour financer ces belles promesses?

Ce n'est pas nouveau, les socialistes préconisent toujours des mesures qui vont à l'encontre des objectifs recherchés. Dévaluer la monnaie, multiplier les déficits, accroître les dépenses publiques et augmenter les impôts, n'a jamais sauvé un pays de la faillite. Il suffit de revoir l'histoire récente de l'Argentine et du Venezuela pour s'en convaincre.

L'histoire de la Grèce n'a rien pour rassurer ses créanciers. Depuis le début de la révolution industrielle, elle a déclaré faillite six fois : 1826, 1843, 1860, 1893, 1932 et 2012. Est-ce que 2015 sera la septième?

Les choix qui s'offrent aux Grecs sont forts limités : apprendre à vivre selon leurs moyens ou faire faillite.

En 2012, les gouvernements européens ont radié une partie de la dette grecque et lui ont accordé une ligne de crédit à des taux préférentiels. En plus, depuis son adhésion à l'UE, la Grèce a reçu de l'UE l'équivalent de 78 milliards d'euros en subvention. Les pays membres de l'UE ne peuvent pas en demander davantage à leurs contribuables. Ce serait un suicide politique. Pourquoi les contribuables allemands, français, espagnols ou italiens accepteraient-ils de rembourser une autre tranche de la dette grecque? Déjà qu'ils travaillent plus, qu'ils prennent leur retraite plus tard, qu'ils remboursent leur propre dette, qu'ils subissent des taux de chômage élevés, etc.

De plus, accepter de rembourser une autre tranche de la dette motiverait d'autres pays de l'Union à en demander autant. À un moment donné, les États comme les individus doivent assumer les conséquences de leurs choix. La Grèce à frapper le mur, il ne lui reste qu'à respecter les conditions de la faillite de 2012 ou de se retirer de l'Union européenne. Sinon, c'est l'avenir même de l'UE qui sera en jeux.

Aux grands maux, les grands remèdes. La Grèce n'a d'autres choix que de réduire les dépenses publiques, de déréglementer les marchés du travail et d'encourager l'entrepreneuriat, les investissements privés et la création d'emplois. Le gouvernement doit poursuivre son régime d'amaigrissement pour que les individus et les entreprises puissent investir, créer des emplois et ramener le pays sur la voie de la croissance.

Si les Grecs refusent de prendre leurs responsabilités, il leur reste l'option du retour à la drachme. Toutefois, cette option comporte d'importants risques : l'effondrement des secteurs bancaire et immobilier, la fuite des capitaux (déjà bien amorcée), le tarissement des investissements directs étrangers et qui sait, un retour de la dictature militaire.

La fable de Jean de la Fontaine, quelque peu modifiée, résume bien la tragédie grecque.

La Grèce, ayant gaspillé

Depuis des années,

Se trouva fort dépourvue

Quand la hausse des taux fut venue.

Pas un seul euro

Dollars ou peso

Elle alla crier famine

Chez l'Allemagne sa voisine,

La priant de lui prêter

Quelques milliards pour subsister

Jusqu'à la reprise prochaine.

Je vous paierai, j'en suis certaine,

Avant longtemps, foi de Grec,

Principal et intérêts, c'est correct?

L'Allemagne n'est pas prêteuse;

C'est là son moindre défaut.

«Que faisiez-vous lorsque l'économie était au plus haut?

Dit-elle à cette emprunteuse.

- Bon an, mal an

Je gaspillais, ne vous déplaise.

- Vous gaspilliez? J'en suis fort aise.

Eh bien! Travaillez maintenant.

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