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Manier l'arme

Je ne crois qu'en l'action citoyenne en fait. Je n'attends rien des gouvernements par rapport à la Palestine. Je suis persuadée que c'est par l'engagement citoyen que germera le changement.
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Longtemps, j'ai fais de la citation Le savoir est une arme mon modus vivendi. J'ai lu, lu et lu. Je suis devenue sombre à force de lire sur la guerre, les massacres effacés de la mémoire des hommes et les injustices ayant court aujourd'hui encore.

Le cas par excellence: la Palestine.

En quelques points, ce qu'il y a de révoltant:

• Le mur long de 730 kilomètres en Cisjordanie qui permet d'accaparer davantage de parcelles de terre palestinienne pour y implanter des colonies. Le mur sépare les routes pour les Israéliens et les Palestiniens, et réservent nombre de postes-frontières et de files d'attente pour les derniers, comme l'écrit René Backmann.

• Les médias annoncent qu'Israël reconnait l'État palestinien et, de ce fait, qu'il accepte de se retirer de la Cisjordanie. Pourtant, il n'y a eu qu'un retrait de 2% des terres. (Noam Chomsky dans Un monde surréel).

• Israël est le seul État au monde où la constitution ne fixe pas les limites territoriales, parce que c'est un projet d'expansion, notamment sur les terres palestiniennes, tel que l'exprime Michel Collon.

39 : c'est le nombre de fois que les États-Unis ont apposé leur véto alors que les États membres de l'ONU votaient pour imposer des sanctions à Israël.

• Quatre familles sur cinq ne font plus qu'un repas par jour. 80% des habitants dépendent de l'aide alimentaire internationale. Et beaucoup d'enfants souffrent de l'anémie que provoque la malnutrition. (Jean Ziegler dans Géopolitique de la faim).

Roger Heacock, professeur à l'Université Birzeit, nous explique ce que cela implique concrètement dans La Palestine, un kaléidoscope disciplinaire: ces barrières sur la route empêchent les femmes enceintes de rejoindre l'hôpital, les hommes leur travail et les enfants leur école. Une partie de la vie des Palestiniens est ainsi perdue à faire la queue toute la nuit pour un permis de se déplacer, pour voyager ou pour travailler avec comme ultime espoir d'obtenir un permis de construire ou réunir sa famille, trop souvent en vain. Et cette guerre d'usure épuise tout autant les étrangers venant travailler au service de la société civile, qui n'y restent pas plus de deux ou trois années.

Plus je lisais, plus j'enrageais. D'un côté, l'une des plus grandes puissances militaire. De l'autre, un peuple démuni sans armée. Et on qualifie cela de guerre?

Et encore plus de quoi m'enrager: ce silence public, ce silence médiatique, ce silence total entourant le sujet.

Déclic.

Il faut manier l'arme: le savoir que l'on n'applique pas à la vraie vie est vain. Le savoir est une arme, oui, une arme qu'il faut apprendre à manier. Ce sont nos choix qui importent, et non pas nos connaissances inexploitées.

À quoi bon être à l'affût d'injustices sans œuvrer à y mettre fin. On est les acteurs de ce monde et c'est à coup de choix que l'on construit le monde de demain. À nous de le former à l'image de ce dont l'on rêve.

Au-delà de l'indignation, l'action.

Les réseaux sociaux ont été mon premier lieu de diffusion de publications qui donnent frissons ou espoir.

Comme celle-ci contrastant la paix d'antan et la tension d'aujourd'hui.

Ou celle-là d'enfants qui refusent de sacrifier leur jeunesse

Ou encore l'œuvre du célèbre Banksy à même le mur israélo-palestinien: Make this the year YOU discover a new destination.

Les manifestations contre les bombardements m'ont aussi paru telle la moindre des choses à faire, année après année. Quand on est rendu à manifester pour faire entendre que de bombarder des enfants, ce n'est pas correct... il y a de quoi questionner l'humanité.

Photo que j'ai prise lors de la grande manifestation en solidarité avec Gaza du 18 novembre 2012.

Dans le cadre d'associations étudiantes, j'ai ensuite eu l'occasion d'aider à l'organisation de collectes de fonds pour la cause. Et comme le partage de l'information est à mon sens un devoir, j'ai mis en ligne tous mes articles sur la question palestinienne.

Toujours au sein d'une association universitaire, on a tenté la sensibilisation avec une conférence sur les droits et libertés civils bafoués en ce territoire. Grâce au financement populaire, nous avons eu la chance d'accueillir les témoignages percutants d'Eran Efrati et Maya Wind, ex-détenus d'origine israélienne.

Oui, je sais bien: la situation ne s'est pas améliorée en Palestine.

Mais bon, ma conscience hurle trop fort pour que je ferme les yeux et me croise les bras devant une telle injustice. Et je crois fermement en l'implication sociale. Je ne crois qu'en l'action citoyenne en fait. Je n'attends rien des gouvernements par rapport à la Palestine. Il aura fallu des décennies avant que le drapeau palestinien flotte parmi ceux de la communauté internationale. Tant d'années pour du symbolisme. C'est déjà ça, oui, mais des enfants meurent encore de conditions déplorables. La solidarité 2.0 est ce qu'il y a de plus inspirant dans le contexte de la mondialisation, à mon avis. Donc, je suis persuadée que c'est par l'engagement citoyen que germera le changement.

Il y a tant d'initiatives apportant leur part de solution et je veux vous partager ces trois-là:

  • On assiste à l'essor de nouvelles plateformes de financement qui contribuent à l'empowerment économique, tel www.kiva.org. Ce mouvement permet de prêter une somme d'argent à des entrepreneurs dans le besoin. L'entrepreneur s'engage à rembourser les bailleurs de fonds, qui ont le choix de prêter cette même somme à un autre entrepreneur. En ce qui à trait à la Palestine, on a là le moyen de contourner le blocus en soutenant un individu directement. Du pur génie!
  • La société civile palestinienne a lancé le mouvement boycott-désinvestissement-sanction (BDS) en 2005, appelant une campagne internationale pour la fin de l'occupation et de la colonisation, le respect des droits des Palestiniens d'Israël et le respect du droit au retour des réfugiés.
  • L'organisme Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient mène des opérations de conscientisation dans le but de promouvoir la justice, le développement et la paix au Moyen-Orient, et ici, au Canada.

Je crois fermement que l'on nourrit l'injustice en la taisant. Et je crois aussi que c'est ma responsabilité de partager ces moyens d'aider la cause: nos petits gestes peuvent faire une grande différence. Le monde ne changera que grâce aux actions des individus. À nous de le former à l'image de ce dont l'on rêve.

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