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Le sempiternel combat de coqs...

Philippe Couillard avait promis que les débats se dérouleraient de façon plus civilisée et respectueuse au Salon bleu sous son règne, mais force est de constater que cette enceinte a encore une fois été le théâtre du sempiternel combat de coqs qui caractérise la politique québécoise depuis des lunes.
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Vendredi dernier a pris fin la session parlementaire à Québec, à peine six semaines après son début. Il faut croire que nos parlementaires à l'Assemblée nationale sont fatigués après une campagne électorale ardue.

Philippe Couillard avait promis que les débats se dérouleraient de façon plus civilisée et respectueuse au Salon bleu sous son règne, mais force est de constater que cette enceinte a encore une fois été le théâtre du sempiternel combat de coqs qui caractérise la politique québécoise depuis des lunes.

Au cours des dernières semaines, le spectacle parlementaire a eu de quoi en décourager plus d'un... Les libéraux ont pointé du doigt les péquistes à plus d'une reprise pour l'état critique des finances publiques alors que le PQ n'a formé le gouvernement que pendant 18 mois après neuf années de règne libéral... Par ailleurs, les péquistes ont reproché aux libéraux de ne rien faire pour renforcer l'économie de la province alors que ça ne fait que deux mois que le gouvernement Couillard est en poste. On se lance la balle et la Belle Province fait du surplace pendant ce temps...

C'est probablement François Legault de la Coalition Avenir Québec qui a dressé le bilan le plus près de la réalité de la session parlementaire qui prend fin. Premièrement, M. Legault juge que le PQ ne peut plus aspirer à gouverner. De citer le chroniqueur Vincent Marissal de La Presse : « [...] les péquistes sont plus préoccupés en ce moment par l'avenir de leur propre parti que par l'avenir du Québec. » Il y a bien sûr un fond très partisan à une telle déclaration, la CAQ tentant de réaliser des gains auprès de l'électorat et de s'imposer comme la véritable opposition officielle. Il en demeure que le PQ a perdu beaucoup de crédibilité en matière économique au cours des dernières semaines, notamment depuis le dépôt du rapport du vérificateur général du Québec au début du mois. Il est vrai que le PQ a su se relever après avoir été relégué au statut de deuxième groupe d'opposition en 2007, après la cuisante défaite encaissée sous André Boisclair, mais les péquistes n'ont réussi à décrocher qu'un mandat minoritaire depuis ce temps et le résultat du scrutin en 2014 est pire encore que celui de 2007 pour les péquistes - même s'ils ont réussi à réchapper suffisamment de sièges pour former l'opposition officielle.

Deuxièmement, François Legault accorde une note de 5 sur 10 au nouveau gouvernement : « Je pense [qu'il mérite] 10 sur 10 sur les objectifs de contrôle des dépenses, mais 0 sur 10 sur la relance économique [...] » (source : « Un sprint politique dans le rétroviseur ») Partisannerie à part, Philippe Couillard s'était engagé à ne pas alourdir le fardeau fiscal des contribuables québécois. Force est de constater que les Québécois se font à nouveau berner : énième hausse des taxes sur le tabac et l'alcool, maintien de la hausse de 4,3 % des tarifs d'hydroélectricité que les ménages québécois ont subie le 1er avril dernier, nouvelles hausses de taxes scolaires à venir parce que le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, se dit « impuissant » devant les commissions scolaires (il faut d'ailleurs se demander ce que Couillard a vu en lui pour le nommer à la tête d'un ministère aussi important).

Au même titre que les éternels combats de coqs auxquels nous assistons dans l'enceinte parlementaire, il faut croire que les électeurs québécois aiment se faire raconter n'importe quoi en campagne électorale. Ça fonctionne. Pour preuve, ils ont récompensé les libéraux en leur accordant un mandat majoritaire (qu'ils ne méritaient pas selon plusieurs dont je suis du nombre), et ce, même s'il était évident que bien des promesses seraient rapidement reléguées aux oubliettes tellement elles ne tenaient pas compte de la réalité à laquelle est confronté l'État québécois aux prises avec de graves problèmes financiers structurels.

En préparation de la reprise des travaux à l'autonome, il reste à voir ce que réserve l'avenir pour la ministre de la Sécurité publique et vice-première ministre, Lise Thériault. Autant je trouvais qu'elle avait la tête de l'emploi lorsqu'elle dirigeait le ministère du Travail, autant sa prestation est inquiétante depuis les événements d'Orsainville. De citer le chroniqueur Yves Boisvert : « Pas sûr qu'elle ait le doigté pour manœuvrer dans l'univers très délicat des pénitenciers, de la police et de la justice, qui tous ont leurs codes et leurs susceptibilités légitimes. »

Un autre ministre qui sera à surveiller au cours de l'automne est Pierre Moreau, aux Affaires municipales. Comme on pouvait s'y attendre, les syndicats sont montés aux barricades immédiatement après l'annonce du dépôt d'un projet de loi pour forcer les municipalités et les syndicats à renégocier les dispositions des régimes et à les restructurer pour rétablir l'équilibre. Les syndicats crient au hold-up, et la table est mise pour un nouveau combat de coqs entre ces derniers et le gouvernement. Retour dans le passé... Confronté à une situation similaire en 2003, Jean Charest avait préféré faire l'autruche plutôt que de jouer au coq. Espérons que la « méthode Couillard » connaîtra un aboutissement plus favorable aux contribuables, qui ne peuvent plus financer les généreux régimes de retraite publics sans perpétuer l'injustice sociale qui force de plus en plus de propriétaires - souvent sans régime de retraite autre que leurs propres économies et les prestations gouvernementales - à vendre leur maison, faute de moyens d'absorber les hausses annuelles de taxes décrétées, notamment, pour absorber des déficits actuariels de plus en plus intenables.

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