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Je ne suis pas un adepte du duo Coderre-Labeaume, mais les deux maires ont raison dans le dossier des régimes de retraite municipaux : la situation actuelle est intenable financièrement, elle perpétue la tradition d'hypothéquer les générations futures et les contribuables actuels ont assez donné!
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Sans surprise, le projet de loi no 3 du gouvernement Couillard - Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retraite à prestations déterminées du secteur municipal - déposé par le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, en juin dernier a été décrié comme une « déclaration de guerre » par les syndicats qui représentent les employés municipaux. En effet, il était prévisible que toute mesure visant à établir une certaine équité entre des travailleurs dont le régime de retraite est parfois financé à hauteur de 75 % par des deniers publics et les contribuables qui sont appelés à financer de tels régimes par le biais de leurs taxes (qui ne cessent d'augmenter) serait mal accueillie par les syndicats qui représentent les employés municipaux.

La Coalition syndicale pour la libre négociation, qui est montée aux barricades le jour même de l'annonce du projet de loi, dénonce que ce dernier touche le partage des déficits passés des régimes de retraite - autrement dit, les sacrosaints « acquis ». Elle [la Coalition] va aussi loin que qualifier le projet de loi de hold-up! Le problème à l'origine du dépôt du projet de loi no 3 des libéraux est pourtant bien réel, à hauteur de 3,9 G$ : c'est le montant du déficit total des régimes municipaux de retraite à prestations déterminées au Québec. Et ce déficit ne disparaîtra pas par magie... Soit il sera refilé aux prochaines générations (comme on a pris l'habitude de faire au Québec depuis maintenant trop longtemps), soit il sera refilé une fois de plus aux contribuables (qui - pour la plupart - sont bien moins « gras durs » que ceux dont ils paient les salaires), soit il sera réglé de façon équitable entre les municipalités (donc, les contribuables) et les travailleurs concernés qui bénéficient d'excellentes conditions de travail. C'est ce que viserait le projet de loi de M. Moreau. Même Marc Ranger, le porte-parole de la Coalition, reconnaît que l'employé municipal moyen est mieux rémunéré que les autres salariés.

Mais ce n'est pas le but de ce billet. Je ne suis pas un employé municipal; je suis un contribuable parmi tant d'autres qui paie beaucoup d'impôts et de taxes chaque année. Je suis un travailleur autonome, qui certes gagne bien sa vie, mais qui travaille de longues heures depuis des années pour la gagner tout en tentant de se constituer un régime de retraite décent (moi non plus, je n'ai rien volé à personne). Contrairement aux employés municipaux, le mien n'est pas à prestations déterminées. Il a subi des pertes en 2008 et il n'est pas à l'abri de pertes futures advenant une autre crise boursière. Et personne ne m'offrira de le renflouer, le cas échéant. Personnellement, je ne suis pas très sympathique à la cause qu'est celle de la Coalition syndicale pour la libre négociation. Au fil des décennies, le Québec s'est appauvri et peine aujourd'hui à joindre les deux bouts et d'assurer aux Québécois des services à la hauteur de ce qu'ils paient pour ces services. La réalité peut en frustrer certains, mais le fait demeure que tous doivent être mis à contribution pour résoudre l'actuelle impasse financière - y compris les employés municipaux, qui bénéficient de conditions de travail bien supérieures à celles du Québécois moyen... On ne peut pas toujours demander aux mêmes de payer et prétendre ensuite agir au nom de l'équité.

Là où je décroche totalement, c'est lorsque ces gens se donnent la permission de placarder des autobus ainsi que des véhicules et équipements municipaux d'autocollants propagandistes, comme ils l'ont fait la semaine dernière. Ce moyen de pression d'une époque révolue est totalement inacceptable. Ce sont des biens publics, donc payés par les contribuables, les mêmes qui épongent les déficits actuariels des régimes municipaux depuis plusieurs années maintenant. En partant à la guerre contre le gouvernement Couillard, la Coalition cherche-t-elle aussi à provoquer l'ire de celles et ceux qui paient les salaires et une part souvent inéquitable des pensions des travailleurs dont elle représente les intérêts? On dirait bien!

Quant aux policiers en service lors de tels actes de vandalisme, qu'ils aient un peu plus de respect pour leur uniforme et l'autorité dont ils sont investis par l'État et qu'ils fassent le travail pour lequel ils sont bien payés au lieu de se contenter d'être de simples observateurs lors de perturbations sociales au nom de leurs acquis. Si je décidais de protester contre les généreuses conditions de travail de ces gens auxquelles je contribue chèrement en apposant des autocollants sur des véhicules municipaux ou en allumant un feu de camp devant un hôtel de ville, ce ne serait pas long pour que je sois assis sur la banquette arrière d'une voiture de police... Mesdames et Messieurs des corps policiers, votre travail fondamental consiste à maintenir l'ordre public. Faites le job pour lequel on vous paie, celui de maintenir l'ordre, y compris parmi vos consœurs et confrères municipaux!

Je ne suis pas un adepte du duo Coderre-Labeaume - deux personnages colorés, mais parfois grossiers -, mais ces deux maires ont raison dans le dossier des régimes de retraite municipaux : la situation actuelle est intenable financièrement, elle perpétue la tradition d'hypothéquer les générations futures et les contribuables actuels ont assez donné!

Et ça n'a rien à voir avec le vol éhonté de notre argent que nous expose la commission Charbonneau depuis quelques années, comme le prétend la Coalition. N'oublions pas que les magouilles exposées devant cette même commission ont eu raison de Michel Arseneault, président de la puissante FTQ. Employés municipaux, exprimez votre opinion sans pour autant défigurer le bien public. Vous serez - peut-être - un peu plus sympathiques aux yeux de celles et ceux qui sont loin de bénéficier de vos conditions dorées. Le Québec s'appauvrit et la banque des contribuables est à sec. Prenez-en acte!

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