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PKP: et si ce n'était qu'une ruse?

Il faudrait que Pierre-Karl Péladeau nous explique comment il ferait concrètement pour rétablir la santé financière du Québec sans sabrer dans les généreux programmes sociaux qui lui sont si chers, mais que nous ne parvenons plus à financer.
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C'est un secret de polichinelle : Pierre Karl Péladeau sera de la course à la chefferie du PQ pour succéder à Pauline Marois - si course il y a. En fait, selon un récent sondage, à 53 %, il devancerait de loin d'autres prétendants au poste comme Bernard Drainville, Martine Ouellet, Alexandre Cloutier et Jean-François Lisée, dont les appuis varieraient entre 2 % et 7 % tout au plus.

Au cours des derniers jours, M. Péladeau a multiplié ses sorties dans les médias pour se positionner. Notamment, il se dit contre les mesures d'austérité du gouvernement Couillard et pour le maintien des programmes sociaux et se porte à la défense des plus vulnérables de la société. Il a beau se justifier en affirmant qu'il tient un discours en phase avec les valeurs que partagent les Québécois, ce virage à gauche est certes surprenant venant du « roi des lock-out » du Québec ayant jeté plus d'un travailleur québécois à la rue pendant son règne à la tête de l'empire Quebecor.

Il faut d'ailleurs se demander dans quelle mesure son discours est vraiment en phase avec la réalité du Québec. Lors de l'annonce de sa candidature au poste de député de Saint-Jérôme, en avril dernier, son poing levé et sa déclaration farouchement souverainiste ont marqué le début de la descente aux enfers pour Mme Marois et sonné le glas de la carrière politique de cette dernière. Une nette majorité de Québécois n'en veulent pas d'un troisième référendum, du moins pas à ce moment-ci de leur histoire. Leurs priorités sont ailleurs. C'est d'ailleurs un constat dont ont pris acte certains prétendants plus modérés dans les rangs péquistes comme MM. Drainville et Lisée.

Pour ce qui est de l'austérité - ou de la réduction des dépenses publiques -, M. Péladeau vit sur une autre planète s'il croit que nous pouvons maintenir le cap... Juste pour atteindre l'équilibre budgétaire l'an prochain, l'État doit réduire ses dépenses de l'ordre de 3,2 G$. Juste pour l'an prochain... La ceinture devra également être serrée au cours des exercices à venir. La croissance économique et la croissance des emplois ne sont pas au rendez-vous. La semaine dernière, le ministre des Finances, Carlos Leitao, a avoué que le Québec ratera sa cible en matière de création d'emplois pour 2014. Au net, il s'est perdu 21 000 emplois au Québec depuis le début de l'année, et la chute est marquée depuis le mois d'avril (l'arrivée au pouvoir des libéraux de Couillard).

Oui, le gouvernement libéral de Philippe Couillard fait preuve d'une grande maladresse depuis plusieurs semaines : ballons lancés tous azimuts dans les médias presque quotidiennement et acteurs plus ou moins crédibles pour défendre les compressions envisagées (Yves Bolduc en tête)... On peut même se demander si ce ne sont pas déjà les agences de notation et les créanciers qui tirent sur les ficelles en coulisses tellement le gouvernement semble faire preuve d'amateurisme dans sa grande précipitation pour réduire les dépenses étant donné que les revenus de l'État n'augmentent tout simplement pas pour différentes raisons.

Il faudrait donc que M. Péladeau nous explique comment il ferait concrètement pour rétablir la santé financière du Québec sans sabrer dans les généreux programmes sociaux qui lui sont si chers, mais que nous ne parvenons plus à financer sans nous enfoncer de plus en plus dans l'endettement et, ce faisant, sans hypothéquer davantage les futures générations de Québécois. Il accuse le gouvernement libéral de manquer de vision (je concède), mais il sera intéressant de connaître sa recette miracle pour sortir le Québec de son profond marasme si/une fois qu'il sera installé dans le fauteuil de chef de sa formation politique.

Ce texte a été rédigé avant que ne soient annoncées les règles du jeu de la prochaine course à la chefferie du Parti Québécois. Cependant, si on se fie à l'histoire de ce parti, tout indique que PKP en deviendra le prochain chef, car le PQ s'est toujours donné le chef qui partait en avance selon un article paru dans La Presse samedi dernier. Course ou couronnement? Voilà la question qui demeure, et j'imagine que nous connaîtrons la réponse sous peu.

PKP ne s'est pas lancé en politique pour être député. Il vise rien de moins que le poste de premier ministre. Pour ce faire, il doit d'abord se faire élire (ou couronner) chef du Parti Québécois. De ce que je connais du PQ, ses militants n'éliraient pas le « roi des lock-out ». Il est donc légitime de se demander si le soudain virage à gauche de M. Péladeau n'est rien d'autre qu'une ruse pour amadouer la faction gauchiste du parti et accéder aisément au poste qu'il convoite. Si Pierre Karl Péladeau succède à Pauline Marois, il devra ensuite élaborer un programme à présenter aux électeurs en vue des élections de 2018. Là aussi, je le vois difficilement proposer un programme de droite comme celui du Parti conservateur du Québec s'il espère gagner la faveur - et le vote - des péquistes.

Pour terminer, je ne suis vraiment pas un partisan de Jean-François Lisée, mais il a raison sur un point. Si Pierre Karl Péladeau veut devenir chef du PQ et convoiter la fonction de premier ministre du Québec, il doit se départir de ses actions dans Quebecor, ce qu'il refuse de faire. Même lorsqu'on est multimilliardaire, on doit parfois faire des choix et on ne peut tout avoir. M. Péladeau devra choisir entre son ambition politique et le « legs de son père ». Et on peut se demander, s'il réussit à se faire élire premier ministre en 2018, s'il gérera le Québec comme il a géré son empire médiatique...

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