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Il faut dire que le «dossier de l'imprégnation» a vite pris un virage résolument ridicule.
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On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir blogué.

D'entrée de jeu, je n'appuie aucunement les propos loufoques du chef intérimaire du PQ, Stéphane Bédard, propos repris par plusieurs candidats à la direction de ce parti, selon lesquels Philippe Couillard semble imprégné des valeurs saoudiennes après un séjour de travail dans ce pays - où règne la charia - dans les années 1990. C'était une basse attaque personnelle de la part de M. Bédard et des autres péquistes, alors que le PQ donne nettement l'impression d'un parti sans repères et sans arguments - malgré le « phénomène PKP ». Pierre Karl Péladeau est d'ailleurs un des seuls à ne s'être pas engagé sur cette pente glissante.

D'ailleurs, avec le concours des médias, le PQ et sa non-course à la chefferie commandent beaucoup plus de visibilité et de couverture que ce à quoi on pourrait s'attendre d'un parti politique ayant fait élire une trentaine de députés aux élections d'avril 2014 au terme d'une cuisante défaite.

Il faut dire que le « dossier de l'imprégnation » a vite pris un virage résolument ridicule. Bédard a imploré le premier ministre de ne pas importer le modèle saoudien au Québec, Alexandre Cloutier a accusé le premier ministre d'être devenu tolérant envers les violations des droits de la personne et Bernard Drainville a affirmé que Philippe Couillard avait des affaires non réglées avec le régime saoudien. Cloutier s'est d'ailleurs empressé de se rétracter dès le lendemain matin en entrevue avec l'animateur Paul Arcand du 98,5 FM. Une chance que le ridicule ne tue pas, car plusieurs parlementaires auraient rendu l'âme la semaine dernière sinon...

Cela étant dit, il y a quelque chose de gênant à entendre le ministre de la Santé, le bon Dr Gaétan Barrette, traiter les péquistes de faire preuve d'une « profonde médiocrité ». Le ministre - ex-caquiste devenu libéral - a déploré que les candidats [péquistes] se soient lancés dans une course à la chefferie pour éventuellement tenter de former un gouvernement alors qu'ils font tout pour diviser. Il y a un fond de vérité dans cela. Rappelons-nous que le projet de charte du gouvernement Marois avait semé une profonde division au sein de la population québécoise. Mais il en demeure que la médiocrité n'est pas l'apanage du PQ à l'Assemblée nationale du Québec.

Cependant, on ne peut pas dire que le gouvernement libéral dirigé par Philippe Couillard se hisse bien au-dessus de la médiocrité jusqu'à présent. Ce gouvernement compte plusieurs ministres qu'on pourrait qualifier de médiocres. Je pense d'emblée à Lise Thériault (gestion médiocre du dossier des évadés d'Orsainville), David Heurtel (gestion médiocre du dossier des bélugas), Francine Charbonneau (gestion médiocre du dossier du projet de loi 27 sur les « places fantômes » dans les garderies), sans oublier Yves Bolduc (gestion médiocre de pratiquement tous les dossiers qu'il pilote depuis son assermentation comme ministre de l'Éducation). Tous ces ministres médiocres demeurent en poste, le premier ministre ayant réitéré publiquement sa confiance à leur égard malgré leurs bourdes parfois répétées et assez monumentales.

Outre les éléments plutôt médiocres formant son conseil des ministres, Philippe Couillard n'excelle pas lorsqu'il est question du dossier identitaire. Que l'on ait été pour ou contre la charte proposée par le gouvernement Marois, et que l'on soit pour ou contre sa mouture 2.0 maintenant proposée par Bernard Drainville, il faut au moins reconnaître que les députés du PQ ont une vision à proposer aux Québécois en cette matière. Du côté du PLQ, niet. Patrick Lagacé de La Presse a d'ailleurs publié un excellent billet à ce sujet samedi dernier. Dans « PLQ, le parti avant la patrie (encore) », le chroniqueur affirme que « le PLQ ne fait qu'appliquer ces jours-ci la méthode Jean Charest : on essaie de gagner du temps et, bientôt, la tempête passera... » Ce n'est pas pour rien que j'ai déjà qualifié le gouvernement Couillard de gouvernement Charest 2.0 dans un billet antérieur.

En matière identitaire, M. Couillard et ses troupes demeurent très mollasses. Le PLQ ne veut pas s'aliéner sa base électorale dans les communautés culturelles. Il n'en demeure pas moins que la réponse que le premier ministre a servi aux partis d'opposition et à l'ensemble des Québécois depuis Davos laisse à désirer. Les Québécois réclament une prise de position claire de leur gouvernement dans ce dossier, une majorité de 59 % des Québécois sondés se disant favorables à une charte sur la laïcité. Il faudra donc que Philippe Couillard « se branche » une fois de retour de Davos.

M. Barrette, gardez-vous une petite gêne la prochaine fois que vous traitez vos opposants politiques de médiocres. De la médiocrité, il y en a au sein de tous les partis représentés à l'Assemblée nationale, dont le vôtre, et l'ensemble des parlementaires auraient intérêt à relever leur discours de quelques crans, vous y compris.

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