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Condamnés à choisir le moins pire?

Comme c'est parti, les électeurs semblent résignés à renfiler de vieilles pantoufles confortables, mais usées à la corde. Il ne reste plus qu'à savoir si elles seront bleues ou rouges et si nous devrons les endurer pendant quatre ans ou le temps d'un autre gouvernement minoritaire.
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La campagne électorale bat son plein et c'est une drôle de campagne. Déclenchée à l'encontre de la nouvelle Loi sur les élections à date fixe parce Pauline Marois voyait miroiter dans les sondages d'alors la possibilité de former un gouvernement majoritaire, cette campagne ne se déroule pas aussi bien pour la première ministre sortante qu'elle l'aurait souhaité. Depuis l'annonce de la candidature de Pierre Karl Péladeau, la popularité du PQ est en baisse (32 % selon le dernier sondage CTV-Ipsos-Reid) et - surprise! (#sarcasme) - ce sont les libéraux de Philippe Couillard qui en bénéficient. Il reste maintenant à voir si le débat de jeudi soir changera la donne. Ça me surprendrait, car personne n'en est sorti réel gagnant par rapport aux autres.

Les stratèges péquistes devaient sûrement saliver aux perspectives qu'ils entrevoyaient suivant l'annonce de la candidature du baron québécois des médias. Quelle arme électorale redoutable pour les partisans de la souveraineté! Mais qui aurait cru que l'image de M. Péladeau brandissant le poing après avoir avoué la motivation de son engagement politique aurait l'effet contraire, soit de plomber la campagne de Mme Marois? C'était pourtant écrit dans le ciel et ce fut confirmé par un récent sondage CROP : l'idée d'un troisième référendum n'a pas la cote auprès de deux Québécois sur trois.

Les stratèges libéraux ont rapidement saisi la balle au bond. Philippe Couillard a ressorti la cassette anti-référendaire du PLQ et l'a jouée abondamment. La déclaration du candidat-vedette du PQ ayant eu pour effet de polariser l'électorat à nouveau entre indépendantistes et fédéralistes, nombre de Québécois ont lancé l'appel à leurs compatriotes sur les réseaux sociaux et ailleurs de voter libéral pour empêcher l'élection des péquistes et la tenue d'un hypothétique troisième référendum. Voilà, le mal était fait et Philippe Couillard est soudainement devenu pour plusieurs un « sauveur », la seule personne capable d'épargner le Québec de la tenue d'un autre référendum déchirant...

Je ne suis pas favorable à la tenue d'un référendum et encore moins à la séparation du Québec. Comme plusieurs, je vois en Philippe Couillard une option « moins pire » que Pauline Marois, car la menace référendaire est écartée si M. Couillard devient premier ministre. Mais je ne me réjouis pas pour autant de la perspective d'un gouvernement libéral - encore moins s'il est majoritaire.

Il ne faudrait surtout pas oublier qu'il y a à peine un an et demi, de nombreux Québécois en avaient ras-le-bol du PLQ au terme de neuf ans de règne de Jean Charest. On reprochait alors aux libéraux leur mauvaise gestion des fonds publics et un nuage toxique de corruption et de collusion flottait au-dessus du parti. Je ne peux croire que ce parti se soit « refait une virginité » en l'espace de seulement 18 mois, surtout qu'aucun élu libéral - actuel ou ancien - n'a comparu devant la Commission Charbonneau à ce jour, car ce volet des travaux tarde toujours à être abordé publiquement. Il reste donc bien des questions qui demeurent à ce jour sans réponse.

Dix-huit mois dans l'opposition après neuf ans de pouvoir, ce n'est pas très long et le bilan des libéraux en matière de gestion des finances publiques n'est guère plus reluisant que celui des péquistes. Rappelons, par exemple, que la dette a augmenté de 55 G$ sous Jean Charest. En ce moment, la popularité de Philippe Couillard s'explique plutôt par la crainte d'un hypothétique référendum suscitée par la déclaration fracassante de Pierre Karl Péladeau il y a quelques semaines.

Bref, le nuage toxique n'est pas encore dissipé, le ciel demeure sombre au-dessus du PLQ et on s'apprête peut-être à reporter les libéraux au pouvoir. Avouons que la politique suit parfois une logique étrange. Quant à Philippe Couillard lui-même, j'ai toujours eu de la difficulté à accepter qu'il s'est négocié un job dans le privé alors qu'il était toujours ministre de la Santé et qu'il a néanmoins quitté avec son allocation de transition (bien qu'il soit loin d'être le seul élu à l'avoir fait). Et sa relation avec Arthur Porter demeure bien nébuleuse à mes yeux... même si M. Couillard considère qu'il a répondu à toutes les questions à cet égard et qu'il n'a plus rien à ajouter. Mais une chose est certaine : s'il est élu premier ministre, ce sera un retour à la traditionnelle gouvernance libérale, car il n'a rien d'un révolutionnaire. Je l'écoutais pendant le débat jeudi soir, et j'avais presque l'impression d'entendre Jean Charest - en moins vigoureux ou charismatique...

Donc, si les libéraux sont élus le 7 avril prochain pour former le prochain gouvernement, il s'agira pour moi d'un moindre mal par rapport à la réélection de Pauline Marois. Toutefois, pour le Québec et les Québécois, je ne pense pas qu'on puisse parler d'une grande victoire. Cette élection nous aura plutôt confirmé que nous demeurons captifs de la sempiternelle dualité PLQ-PQ axée principalement sur la question référendaire veille de quatre décennies.

Comme c'est parti, les électeurs semblent résignés à renfiler de vieilles pantoufles confortables, mais usées à la corde. Il ne reste plus qu'à savoir si elles seront bleues ou rouges et si nous devrons les endurer pendant quatre ans ou le temps d'un autre gouvernement minoritaire. Comme électeur, je suis loin d'être convaincu que je sors gagnant de cet exercice démocratique auquel les Québécois ont été conviés pour satisfaire les ambitions électoralistes de Pauline Marois.

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