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Liban: des entrepreneurs à l'assaut des préjugés?

Qu'en est-il de la jeunesse libanaise? Leurs rêves d'entrepreneuriat sont-ils les mêmes que partout ailleurs, en dépit d'un difficile contexte qui ne doit être ni négligé, ni nié?
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Liban, Beyrouth, Tripoli... Autant de lieux qui font régulièrement la Une des médias du monde entier, et qui évoquent des mots lourds dans l'inconscient collectif: attentat, contexte sécuritaire, liens avec le régime syrien, corruption, réfugiés ou encore guerre civile. Mais qu'en est-il de la jeunesse de ce pays? Leurs rêves d'entrepreneuriat sont-ils les mêmes que partout ailleurs, en dépit d'un difficile contexte qui ne doit être ni négligé, ni nié?

Un écran pour miroir de la vie Libanaise

"Une vie sociale inexistante ? C'est faux ! Au travers de notre site, vous disposez de 90 événements culturels chaque jour". C'est en ces quelques mots significatifs, que la co-fondatrice du site Lebtivity.com, Randa Farah, décrivait le dynamisme d'un pays qu'elle aime. Cette citoyenne a choisi le lancement de ce "calendrier social" en 2012. Son rêve ? Recenser l'intégralité des événements, se produisant sur le territoire libanais: du dîner moules - frites à la soirée clubbing du moment, en passant par l'ouverture nocturne d'un musée, un cours d'escalade ou la soirée d'inauguration d'un nouveau restaurateur local. Avec plus de 150 événements journaliers programmés pour les fêtes de Noël, la croissance est au rendez-vous.

Chadi Zwein et ses associés ont, pour leur part, choisi en 2010 de se concentrer sur les lieux de vie. A l'image de l'américain Yelp, leur site Whereleb.com recense plus de 90 000 places de vie, aussi utiles que quotidiennes: restaurants, nightlife, hôtels, spa, sports, organismes financiers. Evalué au travers de "commentaires clients", chaque lieu se voit ainsi ranker et permet à la fois aux Libanais et aux touristes, de trouver les meilleures adresses du pays. Côté économique, ses fondateurs ont opté pour le modèle "long terme", avec une patience, que nombre d'entrepreneurs pourraient leur envier. Objectif atteint: nouveautés à venir sur ce sujet...

Mais évoquer un miroir sur le Liban sans nommer l'illustratrice Maya Zankoul serait une faute: cette jeune femme, à la fois présentatrice TV (Future Télévision) et cheffe d'entreprise, dessine et caricature la vie libanaise depuis 2009. Après une jeunesse en Arabie Saoudite, suivie d'un "retour au pays" en 2005, c'est au travers du blogue "Maya's Amalgam" qu'elle met en image les défis locaux. Repérée après quelques mois par les médias locaux et internationaux, son initiative s'est classée dans le Top 10 des blogues arabes en 2010. Les médiatisations de sa vision jeune, dynamique et humoristique du Liban, lui ont ouvert les portes de l'édition, publiant successivement deux livres d'illustrations, aujourd'hui également traduits en italien. Une autre forme d'entrepreneuriat en somme, car entreprendre, c'est oser, de quelque manière que ce soit.

Tradition et rencontre on-line

Et que dire, de cette agence matrimoniale on-line Et3arraf.com, lancée par deux jeunes associés libanais (Rakan Nimer & Cedric Maalouf) en 2013, avec pour cibles géographiques les pays conservateurs du Moyen-Orient? Une audace entrepreneuriale, pour tenter d'introduire le concept dans des pays traditionalistes, où tout est pourtant mis en place pour séparer la vie sociale des sexes opposés, que représentent hommes et femmes.

Se voulant qualitatif, l'enregistrement sur le site est soumis au remplissage d'un test de personnalité (créé par une psychologue locale): 40 minutes de questions poussées et très personnelles, permettant de dresser votre "profil", avec exactitude. Les profils ensuite présentés, seront en parfaite adéquation avec votre personnalité, en tenant bien sûr compte des coutumes locales, comme à titre d'exemple, le conservatisme de votre comportement.

Et le concept séduit. En quelques mois, 40 000 utilisateurs ont ainsi validés, ce qui était finalement une attente business et sociétale. Les cartes sont entre les mains des fondateurs, pour savoir trouver les clefs marketing, permettant de promouvoir et déployer leur concept, tout en respectant les coutumes et moeurs locales, comme précise avec insistance M. Maalouf.

S'inspirer: oui; copier: non

Le copycat est un sport internet mondial, mis en lumière et industrialisé par les frères Samwer en Allemagne. Il présente de nombreux avantages et permet des plus-value financières rapides et souvent conséquentes. Mais l'adaptation d'un concept à la norme locale, passe par des ajustements, aussi importants que l'idée elle-même, et sur ce terrain, quelques entrepreneurs Libanais en ont fait l'expérience, pour fonder leurs propres entreprises.

Deezer, Spotify, des noms aujourd'hui connus pour leur offre musicale illimitée. Mais quelle part la musique arabe, représente-t-elle dans leurs services ? Et qu'en est-il de leur pénétration du marché "Moyen-Orient" ? C'est sur ce manque, que les entrepreneurs Eddy Maroun et Elie Habib, ont co-fondé en 2012 Anghami, pour faire raisonner leur petite musique, sur l'ensemble du web arabe. Une application mobile, majoritairement dédiée aux musiques arabes, une interface design qui s'y prête et une découverte originale d'artistes. Les labels ne s'y sont pas trompés, les grands producteurs de la région ayant accepté de partager 3 millions de titres de leur catalogue (Rotana, Platinum Record, Mazzika, Melody), pour certains en exclusivité. Autant de forces qui ont contribué à séduire 2 millions d'utilisateurs, en moins d'une année.

L'entrepreneur Imad Karam, a, pour sa part, choisi le modèle français "Vente-Privée" pour inspiration, donnant aux Libanais la possibilité d'expérimenter, le concept de vente flash depuis 2013. Mais ses réflexions stratégiques l'ont amené à envisager l'ouverture de boutiques éphémères, pour mieux respecter la culture libanaise, où le toucher du produit avant achat est encore d'une importance considérable. La Vente Privée, mais au format "brick and mortar", une originalité dont le succès reste à écrire, les premiers points de vente venant à peine d'ouvrir.

Autant de réalisations enthousiasmantes, qui ne doivent cependant pas effacer d'un revers de main, les difficultés structurelles du Liban. Car outre l'aspect politique et sécuritaire, les problématiques proviennent d'un réseau électrique public aussi couteux que défaillant, allant jusqu'à être inactif plusieurs heures par jour. Les connexions Internet sont à l'avenant, même si de considérables progrès sont à noter, depuis plusieurs années. La volonté du ministère des Télécommunications de déployer 3G et 4G, à travers l'ensemble du pays est notable, selon l'agence de marketing digital ComFu. Le dynamisme de cette jeunesse sera-t-elle suffisante pour faire face aux multiples défis?

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