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Entreprendre dans la lingerie pour changer la condition féminine en Inde

Conservatisme et féminité, forment un ménage conflictuel en Inde. Rohhan A Divanji et Neha H Gupta incarnent une jeunesse à contre-courant. Ils lancent un défi sociétal: démocratiser la vente de lingerie en ligne et ainsi faire évoluer l'image de la femme dans la société Indienne.
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13 Décembre 2013, New Delhi. Quatre hommes sont condamnés à mort pour viol collectif. Amère prise de conscience, dans le pays où un cas est déclaré chaque 20 minutes. Conservatisme et féminité forment un ménage conflictuel. Rohhan A Divanji et Neha H Gupta incarnent une jeunesse à contre-courant. Ils lancent un défi sociétal: démocratiser la vente de lingerie en ligne. L'arrière-pensée? Faire évoluer l'image de la femme dans la société indienne.

«Le moyen de me faire plaisir sans être honteuse »

Rohhan A Divanji, est issu de l'ingénierie automobile. Neha H Gupta, du monde technologique. À deux, ils ciblent les dessous des dames. L'idée émerge du «tabou» entourant le produit. Le sexe des vendeur y contribue: masculin, à 90%. «L'héritage culturel accentue l'embarras, déjà existant, chez des consommatrices timides», confirme Rohhan. Motivation entrepreneuriale et conviction personnelle sont en symbiose. Neha confie son souhait «de contribuer, à faire évoluer la place des femmes en Inde».

Dont acte: FunSexyYou.com naît en Juin 2012. Le concept? Importer des lingeries internationales en Inde et les vendre sur internet. Première ouverture de colis et première réaction de la mère de Rohhan: «Mon dieu, où mon fils a-t-il mis les pieds?» Un choc générationnel aujourd'hui résorbé. «Mon père distribue même mes cartes d'affaires», affirme Rohhan avec fierté.

Les consommatrices adhèrent. Acheter dans l'intimité du logis séduit. «Un moyen d'éviter le regard inquisiteur du vendeur», admet une jeune consommatrice, avant d'ajouter, le regard espiègle: «Le choix est large, je peux me faire plaisir!». Un moyen de s'offrir une part de féminité, dans une société qui la rejette. Pour autant, transformer l'exception en généralité serait indécent. Ces produits sont réservés à l'élite. 50 % des habitants en sont exclus, car ils vivent dans les bidonvilles de Mumbai

«La position des femmes est dramatiquement difficile»

«La femme est un objet en Inde». Des mots durs utilisés après quelques secondes d'hésitation par Rakhee, une chef d'entreprise, les yeux dans le vague. Pour sa part, Preethi est une femme citadine et moderne de 31 ans. La cause des femmes en Inde est l'un de ses combats. Son analyse est contrastée:«Les droits des femmes ont été ignorés pendant des siècles. De nouvelles lois les protègent dans différentes sphères. Malheureusement, société et culture paternaliste en gênent l'application. Hommes comme femmes développent les inégalités». Deux aspects de la culture indienne qu'elle détaille en soulignant que «notion d'image, honte publique et honneur de la famille ont un pouvoir démesuré»

Avec 1% de taux de divorce, l'Inde fait office d'exception mondiale. Un tel extrême révèle une problématique sociétale. Le regard de Preethi vous transperce lorsqu'elle déclare, sombrement «la position des femmes est dramatiquement difficile.» Une position qu'elle justifie par un changement qui doit être individuel, mais surtout collectif.

Une phrase de conclusion vient illuminer son visage: «Dans plusieurs villes du pays, les femmes avancent vite. Plus vite que la société indienne n'est prête à l'accepter.»

Comparer considération féminine et défi n'a rien d'un euphémisme. 46% des femmes sont encore mariées avant 18 ans. La tâche est considérable. Le supertanker indien se meut avec indolence (1,21 milliard d'habitants en 2013). Pourtant, l'éducation des femmes évolue (29% de femme lettrées en 1981 versus 54% en 2001), et avec elles, leur place dans la société. Une jeune génération éduquée émerge, rejetant de concert traditions ancestrales et dérives.

Les jeunes Indiennes rêvent de voir leur considération évoluer. Elles l'auront, lentement et difficilement, à l'image de leur pays.

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