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Anticosti: il est temps de mettre fin à la chimère pétrolière

À la lumière des études dévoilées la semaine dernière, il est devenu évident que les risques de l'exploration et de l'exploitation des hydrocarbures sur l'île d'Anticosti dépassent les bénéfices.
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À la lumière des études dévoilées la semaine dernière, il est devenu évident que les risques de l'exploration et de l'exploitation des hydrocarbures sur l'île d'Anticosti dépassent les bénéfices.

Si l'exploration sur Anticosti pouvait se justifier par la nécessité de connaître le potentiel réel de pétrole et de gaz sur notre territoire, l'état actuel des connaissances ne saurait justifier la poursuite de cette activité industrielle. Il faut poser un regard lucide sur la situation. Il est temps de mettre fin à la chimère pétrolière sur Anticosti.

Ce n'est pas d'hier que l'or noir fait rêver le Gouvernement du Québec. À l'ère du développement spectaculaire de nos ressources hydro-électriques, des prospecteurs «visionnaires» ont réussi à convaincre les politiciens de se lancer dans l'aventure pétrolière et à créer la Société québécoise d'initiative pétrolière, la SOQUIP. Cette fièvre de l'or noir s'est propagée dans le temps et a réussi à contaminer les gouvernements successifs à Québec. Et ceci, sans compter l'attrait irrésistible qu'exerce l'île d'Anticosti dans l'imaginaire collectif québécois.

«Vol du siècle», le ballon dégonflé

Or noir, île magnifique et lointaine, parfum de corruption politique, clivage privé-public: tous les ingrédients d'une bonne histoire croustillante se trouvaient réunis pour alimenter les phantasmes des adeptes de la conspiration dans ce qu'il est convenu d'appeler le non-événement du «vol du siècle».

Le dévoilement en 2013 de l'entente secrète conclue entre Hydro-Québec et la société Pétrolia a permis de dégonfler le gros ballon d'air chaud du «vol du siècle», selon lequel les droits sur les hydrocarbures d'Anticosti auraient été vendus à vil prix par la société d'État Hydro-Québec à de non moins vilains amis du parti politique au pouvoir. La réalité est plus plate, mais non moins révélatrice du potentiel chimérique du pétrole de l'île.

Hydro-Québec a relancé l'aventure pétrolière avec l'arrivée à sa tête de l'ex-PDG de Gaz Métro, André Caillé. Ce dernier a tenté de détourner la société d'État de l'énergie renouvelable pour l'engager dans un programme de centrales au gaz. Au départ d'André Caillé, et au moment de prendre le virage éolien, Hydro-Québec s'est départie de ses droits d'exploration sur les hydrocarbures de l'île d'Anticosti, tout en conservant un droit de premier refus pour une participation à 50% dans la société d'exploitation. Advenant le cas où la société d'État ne souhaite pas s'engager commercialement, elle toucherait quand même des redevances garanties.

Bref, une entente très correcte, qui ramenait Hydro-Québec dans le secteur des énergies renouvelables tout en gardant un œil sur une potentielle découverte d'hydrocarbures. Ni un pactole, ni un scandale, mais une lamentable déception pour les théoriciens du complot.

La soif de savoir

L'idée de ne garder qu'un tel œil désintéressé sur les richesses, potentielles mais réelles, d'Anticosti ne pouvait toutefois garantir l'acquisition des connaissances nécessaires à une prise de décision éclairée. C'est ainsi que de nombreuses personnes, dont je fais partie, se sont laissé convaincre qu'il fallait que le gouvernement du Québec s'engage plus avant. En contribuant activement aux activités d'exploration, Québec s'assurerait d'exercer un plus grand contrôle et d'acquérir une meilleure connaissance des impacts environnementaux.

Je n'ai personnellement jamais été opposé à un approvisionnement responsable de pétrole et de gaz d'origine québécoise ou canadienne, dans une perspective de transition énergétique. J'ai exposé les conditions selon lesquelles cela devient acceptable dans mon livre Pour un Québec vert et bleu, lors de conférences et dans des pages d'opinion. Le débat public et l'acceptabilité sociale, des normes environnementales exemplaires, le plafonnement des émissions de GES, l'attribution d'un coût au carbone et le réinvestissement dans les mesures de transition énergétique sont pour moi des conditions incontournables.

Le bilan des connaissances acquises au cours des dernières années permet aujourd'hui de mieux documenter les risques et les bénéfices d'une éventuelle exploitation des hydrocarbures présents sur le territoire québécois. Les études publiées récemment, dont certaines il y a quelques jours, ne font que confirmer les craintes et grandement réduire les attentes.

En ce qui concerne l'île d'Anticosti, et à la lumière des études dévoilées la semaine dernière, il est devenu évident que les risques de l'exploration et de l'exploitation des hydrocarbures en dépassent les bénéfices. Pourquoi continuer à suivre un chemin qui apparaît maintenant clairement comme un cul-de-sac?

Il est temps de mettre fin à la chimère pétrolière!

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