Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Début de sa "tournée de la victoire", Yoani Sánchez quitte Cuba

Après cinq ans de lutte et plus de vingt refus du régime castriste, Yoani Sánchez quitte enfin Cuba aujourd'hui, pour une "tournée de la victoire" qui l'emmènera vers au moins douze pays pendant trois mois, tournée pendant laquelle elle pourra enfin recevoir les différents prix littéraires qui ont honoré son combat.
This post was published on the now-closed HuffPost Contributor platform. Contributors control their own work and posted freely to our site. If you need to flag this entry as abusive, send us an email.
Cuban blogger Yoani Sanchez talks with a member of former US President Jimmy Carter's staff (not depicted) at the hotel in Havana where Carter is staying in, on March 30, 2011. Yoani and a group of Cuban dissidents were received by Carter who wanted to hear their political point of view about the Cuban government. AFP PHOTO/ADALBERTO ROQUE (Photo credit should read ADALBERTO ROQUE/AFP/Getty Images)
Getty Images
Cuban blogger Yoani Sanchez talks with a member of former US President Jimmy Carter's staff (not depicted) at the hotel in Havana where Carter is staying in, on March 30, 2011. Yoani and a group of Cuban dissidents were received by Carter who wanted to hear their political point of view about the Cuban government. AFP PHOTO/ADALBERTO ROQUE (Photo credit should read ADALBERTO ROQUE/AFP/Getty Images)

Après cinq ans de lutte et plus de vingt refus du régime castriste, Yoani Sánchez quitte enfin Cuba aujourd'hui, pour une "tournée de la victoire" qui l'emmènera vers au moins douze pays pendant trois mois, tournée pendant laquelle elle pourra enfin recevoir les différents prix littéraires qui ont honoré son combat.

En octobre dernier, à la suite de l'annonce par le gouvernement cubain de l'assouplissement des règles de sortie du pays, je me demandais si nous allions vraiment revoir Yoani. C'est une bonne nouvelle pour la blogueuse dissidente, mais c'est aussi une bonne nouvelle pour la liberté d'expression à Cuba.

Ma chronique du 16 octobre dernier:

Revoir Yoani Sánchez

Mardi, Cuba a annoncé une très attendue réforme migratoire qui comprend l'abolition du permis de sortie obligatoire, ce qui signifie que désormais, théoriquement, un simple passeport devrait être suffisant aux Cubains pour se rendre à l'étranger. La mesure doit entrer en vigueur le 14 janvier 2013.

Je pense à Yoani Sánchez, la blogueuse dissidente cubaine qui, depuis 2007, au péril de sa liberté, dénonce le régime castriste sur son blogue Generaciòn Y. On retrouve aussi l'essentiel de ses textes écrits de 2007 à début 2010 dans son livre Cuba Libre. Pour le courage de son action dissidente et la force documentaire de ses récits, Yoani a été nommée parmi les cent personnalités les plus influentes au monde par le magazine Times en 2008, et elle a obtenu de nombreux prix et distinctions qu'elle n'a jamais pu venir recevoir, essuyant plus de vingt refus à ce jour à ses demande de sortie du territoire cubain.

Ce matin, Yoani Sánchez réagissait sur Twitter (à l'aide d'un SMS envoyé vers un numéro international depuis son téléphone portable): «Mes amis me disent de ne pas me faire d'illusion, que je suis sur la "liste noire", mais j'essaierai».

L'annonce de cette réforme peut sembler une bonne nouvelle, mais au pays où le salaire mensuel oscille entre trente et cinquante dollars, et où il faut trois mois de salaire pour se payer un ouvre-boîte, cette nouvelle «liberté» risque de demeurer bien théorique pour la majeure partie des Cubains. Par ailleurs, la réforme s'accompagne d'obscures restrictions d'attribution des passeports telles que «des raisons de défense et de sécurité nationale».

On comprend alors la méfiance de Yoani, familière de l'hypocrisie du pouvoir, mais surtout consciente d'être toujours dans sa ligne de mire. Conscience toute fondée puisque le 4 octobre dernier, il y a donc moins de deux semaines, elle était arrêtée à Bayamo par la police cubaine au cours d'une intervention d'intimidation, alors qu'elle s'apprêtait à assister à un procès pour lequel elle voulait faire une couverture journalistique. Elle fut finalement transférée à La Havane, puis libérée le surlendemain. Yoani a publié le récit de sa détention sur le Huffington Post la semaine dernière.

En préambule de Cuba Libre, Yoani Sánchez nous disait: «Chaque personne qui me lit me protège».

En 2010, dans une de ses chroniques, elle raconte qu'un de ses amis dissidents a dans son téléphone, dans le répertoire des brouillons, «pour le protéger des ombres qui l'attendaient en bas de chez moi», un SMS déjà rédigé afin d'avertir en cas d'arrestation. J'ai remonté le fil Twitter de Yoani Sánchez jusqu'au début d'octobre, et le 4, je n'ai pas vu de message d'elle signalant son arrestation. Elle n'en a sans doute pas eu le temps.

En lisant Cuba Libre, j'ai compris que le régime de Castro réforme avec lenteur et cynisme. S'il faut prendre acte des avancées qu'on nous communique, il faut surtout tenter d'en mesurer la part d'illusion, et l'arrestation récente de la blogueuse témoigne qu'au delà de ces annonces au monde, la liberté d'opinion demeure confisquée à Cuba. Aussi nous devons continuer à faire part de beaucoup de vigilance et à ne pas nous laisser endormir par les signaux faibles envoyés par le régime de Raul Castro. En attendant que les actes se conforment aux promesses, pour revoir Yoani, continuons sans relâche de la lire, et donc de la protéger.

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.