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PQ: analyse des cinq candidats

Le prochain chef devra non seulement battre les libéraux en 2018, avec seulement deux ans devant lui, mais aussi rebâtir la confiance des Québécois envers le PQ.
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La course à la chefferie du Parti québécois aura fort probablement cinq candidats. Le prochain chef devra non seulement battre les libéraux en 2018, avec seulement deux ans devant lui, mais aussi rebâtir la confiance des Québécois envers le PQ. Tous les candidats ont des forces et des faiblesses sur lesquelles ils devront travailler pour y réussir:

Alexandre Cloutier

Peu connu il y a à peine deux ans, il est aujourd'hui une figure dominante du Parti québécois. Jeune, charismatique, avec une belle apparence physique et une personnalité attachante, plusieurs le considèrent comme le Justin Trudeau des souverainistes. Ses sympathisants espèrent qu'il permettra au PQ de répéter les succès électoraux du Parti libéral du Canada.

Mais si ses qualités personnelles lui permettent des gains, ses idées, elles, demeurent floues. Y aura-t-il une démarche pour l'indépendance dans un premier mandat? Il ne le dira pas pendant la course. Il se fiera à son flair pour déterminer le programme sur l'indépendance, sans consulter ni les membres du PQ, ni même... les sondages! Quelles sont ses idées sur les finances publiques et l'économie? On sait qu'il est contre l'austérité et qu'il a une ou deux idées pour aider l'économie, sans plus. Que pense-t-il du nombre d'immigrants arrivants au Québec? Encore là, il choisit de rester vague et affirme qu'il faudra en débattre collectivement quand ce sera le temps - une explication classique pour éviter les questions.

Alexandre Cloutier n'est pas non plus le parlementaire le plus imposant et agressif envers le gouvernement. Ce n'est pas dans sa personnalité. Il est plutôt du type rassembleur, ce qui peut être à la fois une qualité et un défaut en politique. Un manque d'agressivité parlementaire peut donner la chance à un autre parti politique de devenir l'opposition officielle informelle. Ce fut d'ailleurs le cas en 2007 lorsque l'ADQ capitalisa sur la faiblesse du PQ d'André Boisclair lors du débat sur les accommodements raisonnables.

Malgré tout, ses propositions pour le système d'éducation sont pertinentes ainsi que son ouverture envers un nouveau mode de scrutin. Espérons que ses positions se clarifieront au cours de la campagne.

Jean-François Lisée

Après une première course décevante, il a maintenant le vent dans les voiles. Sa force: il frappe sur les points faibles de ses adversaires. Il ose dire tout haut ce que les autres candidats refusent d'aborder. Il propose des idées innovantes pour l'économie et l'immigration, notamment, mais aussi sur la démarche indépendantiste.

Dans un temps où l'appui à l'indépendance stagne et demeure minoritaire, le PQ doit compenser son offre avec un programme diversifié et concret s'il souhaite obtenir le pouvoir. Les idées de Jean-François Lisée sont celles qui connectent le plus avec les Québécois qui doivent vivre avec un système de santé désastreux, une économie en déclin et des revenus personnels insuffisants. Son idée de bâtir la confiance des Québécois avant de se lancer dans une démarche indépendantiste est à la fois intelligente et connectée au rythme des Québécois.

Malheureusement, il n'a pas une personnalité flamboyante et charismatique, ce qui nuira ses chances de gagner la course à la chefferie et peut-être aussi les élections.

Véronique Hivon

Selon le dernier sondage Léger, elle est tombée de la deuxième place à la troisième pour l'instant. Pourquoi? On ne la différencie pas vraiment d'Alexandre Cloutier. À vrai dire, les deux ont un contenu à peu près identique et attirent le même électorat. Dans ce contexte-là, c'est un combat de personnalité qui détermine le vainqueur.

Véronique Hivon est une femme intelligente, très rassembleuse et attachante. Le problème: Alexandre Cloutier l'est aussi. Mais Alexandre Cloutier est un leader naturel, alors que Véronique Hivon ne l'est pas réellement. On le percevait d'ailleurs à l'émission Déjà Dimanche de Radio-Canada lorsque les deux candidats y ont été invités ensemble sur le plateau. La candidate essayait de s'imposer à l'égard de son adversaire, mais on voyait que ce n'était pas naturel. Même s'il avait probablement moins parlé qu'elle lors de l'émission, Alexandre semblait naturellement plus confiant et avait une prestance ressemblant davantage à celui d'un chef de gouvernement.

Ainsi, devant le choix entre Véronique Hivon et Alexandre Cloutier, le public préfère le second.

Si Véronique Hivon souhaite remporter cette course, elle devra se démarquer davantage de son adversaire sur les idées et le contenu.

Martine Ouellet

Une femme extrêmement intelligente, qui maîtrise presque parfaitement les dossiers parlementaires, qui propose un programme clair et innovant, et une militante de longue date... qui ne lève jamais très haut dans les sondages.

Pourquoi?

Pour une raison que personne n'ose dire. C'est parce qu'elle n'a pas une belle apparence physique. Trop petite pour être une chef physiquement imposante devant François Legault et Philippe Couillard, elle n'est pas non plus une femme aussi belle que Véronique Hivon.

Le public choisit rarement une politicienne qui ne plait pas physiquement. C'est triste, mais c'est ainsi.

Elle le sait probablement depuis le début qu'elle perdra la course. Elle continue sa campagne malgré tout parce qu'elle veut obtenir un plus haut prestige à l'intérieur du parti. Elle est présentement porte-parole de l'Opposition officielle sur les transports. Cela fait des mois qu'elle doit se concentrer presque uniquement sur Uber - on peut comprendre son ennui. Elle cherche probablement à se hisser comme porte-parole d'économie, là où elle fait campagne depuis le début de la course.

Paul St-Pierre Plamondon

Un candidat intéressant et suspicieux. Pourquoi a-t-il choisi d'entrer dans cette course alors qu'il est peu connu, qu'il partage déjà une vision similaire avec les autres candidats et qu'il présente une démarche indépendantiste presque non conforme à la constitution du parti? Croit-il vraiment avoir une chance d'emporter la course, ou s'agit-il d'une tactique de visibilité pour se faire connaître, utilisée autrefois par son ex-collègue Mélanie Joly? Cherche-t-il à créer un nouveau parti advenant sa défaite lors de cette course, une sorte de Parti québécois fédéraliste?

S'il a effectivement un agenda caché, il contribuera au cynisme qu'il dénonce régulièrement. Si sa démarche est sincère, il deviendra un atout indéniable au Parti québécois et comme force d'opposition au gouvernement libéral, mais en sacrifiant la crédibilité du mouvement des Orphelins politiques.

Pour le moment, sa plateforme est encore plus vague que celle des autres candidats. Il est trop occupé à amasser les 1500 signatures nécessaires à temps pour devenir candidat officiel qu'il délaisse le temps alloué à l'élaboration de son programme. Il devra jumeler avec les deux en même temps.

***

Dans l'ensemble, le PQ semble se rediriger vers le centre gauche du spectre politique. Les cinq candidats ont une vision semblable sur les enjeux sociaux-économiques. Leur défi à tous sera d'avoir un Parti québécois plus connecté aux Québécois. Les membres du PQ devront choisir intelligemment.

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