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Sylvie Bernier pourrait-elle battre Heymans et Abel?

De nos jours, les plongeuses de 16-18 ans maîtrisent les plongeons qu'exécutait la majorité des hommes seniors lors des compétitions internationales, au cours des années 80.
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La Sylvie Bernier de 1984 aurait-elle fait mieux qu'Émilie Heymans et Jennifer Abel en 2012 ?

En avril dernier, lors d'une entrevue réalisée au sujet de son rôle de chef de mission adjointe de l'équipe olympique canadienne aux Jeux de Londres, Sylvie Bernier m'a lancé en rigolant qu'elle était vraiment très heureuse d'avoir compétitionné dans les années 80 et qu'elle ne voudrait pour rien au monde plonger contre Émilie Heymans et Jennifer Abel au tremplin de 3 m.

« J'étais puissante pour mon époque, mais le sport a énormément changé depuis 1984, explique la seule médaillée d'or olympique de l'histoire du plongeon canadien. Je voyais déjà une grande différence avec Annie Pelletier, qui a gagné sa médaille de bronze 12 ans après moi, mais c'est encore plus flagrant avec Émilie et Jennifer. J'étais une pinotte à côté de ce qu'elles font aujourd'hui. Si je plongeais en 2012, je me ferais probablement battre au niveau provincial ! »

Lancée comme une boutade, cette théorie démontre néanmoins l'impressionnante évolution du plongeon au cours des dernières décennies. De nos jours, les plongeuses de 16-18 ans maîtrisent les plongeons qu'exécutait la majorité des hommes seniors lors des compétitions internationales, au cours des années 80. Au tremplin de 3 mètres, les femmes ont ajouté un tour complet à leur double saut périlleux et demi avant carpé pour en faire un triple saut et demi. Même situation avec le saut périlleux et demi avant avec deux vrilles - la norme à l'époque - qui est désormais remplacé par un double saut périlleux et demi avant avec une vrille.

Selon Sylvie Bernier, plusieurs éléments permettent aux plongeurs d'apprendre des figures plus difficiles à un plus jeune âge. « Les tremplins sont plus flexibles qu'avant et donnent la chance aux plongeurs d'avoir plus de puissance et une meilleure hauteur pour exécuter leurs figures. Ils font beaucoup plus d'entraînements à sec (trampoline, ceinture, harnais) et débutent des programmes de conditionnement physique plus jeunes qu'à mon époque. Ils sont entourés de spécialistes (préparateurs physiques et mentaux, nutritionnistes) et d'entraîneurs avec un niveau de formation plus élevé qu'avant. »

La construction de nouveaux complexes aquatiques possédant des installations complètes de plongeon (tremplins de 1 m et 3 m, ainsi que des plates-formes de 5, 7.5 et 10 mètres) permet également aux plongeurs de s'entraîner avec des infrastructures d'une bien plus grande qualité. En plus des piscines de Pointe-Claire, du PEPS de l'Université Laval à Québec, du CEPSUM, du Complexe Sportif Claude-Robillard et de la piscine olympique de Montréal, les jeunes Québécois peuvent également plonger de la tour au Complexe aquatique de Gatineau et au Complexe aquatique Jean-Drapeau pendant l'été.

L'opportunité de se concentrer uniquement sur son sport et/ou sur ses études est un autre facteur qui s'est ajouté au paysage. Depuis que les gouvernements fédéral et provincial, les partenaires de la Fondation de l'Athlète d'Excellence, de l'Alliance Sports-Études et de plusieurs autres organismes ont investi des millions de dollars dans le sport depuis 25 ans, les athlètes pauvres ont disparu du paysage.

Bien qu'elle fasse sourire, la théorie de Sylvie Bernier m'apparaît un brin irréaliste. En plus de profiter de son talent naturel, de sa détermination légendaire et de son ardeur au travail, la médaillée d'or des JO de Los Angeles aurait elle aussi tiré avantage de l'encadrement des athlètes d'aujourd'hui. Nul doute qu'elle livrerait une chaude lutte aux Émilie Heymans et Jennifer Abel de ce monde, avant d'aller montrer aux Chinoises de quel bois elle se chauffe.

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