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Depuis le début de la grève des étudiants collégiaux et universitaires, les médias ne cessent de parler de leur «violence» et de leurs pratiques «antidémocratiques». Mais qui parle de la violence exercée par le gouvernement libéral de Jean Charest?La violence n'a pas forcément à blesser des gens pour en être. En voici quelques exemples.
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Depuis le début de la grève des étudiants collégiaux et universitaires, les médias ne cessent de parler de leur « violence » et de leurs pratiques « antidémocratiques ». Mais qui parle de la violence exercée par le gouvernement libéral de Jean Charest?

La violence n'a pas forcément à blesser des gens pour en être. En voici quelques exemples:

- Les messages de la ministre Line Beauchamp et des administrations universitaires invitant les enseignants et les étudiants à franchir les lignes de piquetage. Un piquet de grève n'a pas à ressembler à une barricade pour signifier la grève ; une ligne de piquetage est symbolique. Qu'il y ait trois ou cinquante étudiants devant une porte de classe, ils n'ont pas pour rôle de résister par la force à toute intrusion tels des gardiens de sécurité ; leur rôle démocratique consiste plutôt à rappeler aux personnes se présentant qu'une grève a été votée et qu'ils sont là pour la faire respecter. Inciter à franchir les lignes de piquetages est violent et antidémocratique.

- La négation des droits d'association et de revendication des étudiants. On ne cesse de répéter que les étudiants n'ont pas le droit de grève, qu'ils ne sont pas syndiqués, qu'ils feraient mieux d'étudier que de s'impliquer politiquement, et que par conséquent, leur grève est illégitime. Les étudiants savent qu'ils n'ont pas légalement le droit de grève, d'où le fait qu'ils ne le réclament pas en ce moment. Nous prenons ce droit, et nous l'avons déjà pris par le passé. Des dizaines d'associations étudiantes jugent légitime de s'arroger ce droit, puisqu'elles ont l'appui de la majorité des membres présents lors des assemblées générales. S'il fallait toujours attendre que l'on nous accorde des droits, le Québec ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Nier les droits des étudiants est violent et antidémocratique.

- Les attaques répétées du gouvernement et des médias envers la démocratie étudiante. Celles-ci ne sont pas fondées. Depuis quand les personnes ne participant pas au processus démocratique, alors qu'elles en ont la possibilité, sont-elles devenues des victimes ? Si les étudiants en faveur de la hausse étaient si nombreux et si convaincus, ils se présenteraient en masse dans les assemblées générales. L'on dira encore que ces étudiants ne connaissent pas forcément les procédures des assemblées générales. Comment expliquer alors que les assemblées générales de vote de grève comportent souvent une forte proportion d'étudiants n'y participant pas normalement ? Tant les étudiants pour et contre la hausse ont l'occasion d'y participer et d'exprimer leur point de vue. Nier les décisions des assemblées générales est violent et antidémocratique.

- La brutalité dont a fait montre le Service de Police de la Ville de Montréal le 7 mars alors que les étudiants manifestaient pacifiquement et occupaient l'édifice de Loto-Québec abritant les locaux de la Conférence des Recteurs et Principaux des Universités du Québec (CRÉPUQ). Ceux qui ont l'habitude de suivre les manifestations savent très bien qu'elles dégénèrent dès que l'escouade anti-émeute commence son intimidation. Quiconque se retrouve face à des dizaines de policiers blindés et armés réagirait comme il le peut. Il est vrai que les étudiants ont réagi hier : ils se sont assis, ils ont chanté, ils ont scandé des slogans, ils ont fait des signes de paix. Il est vrai que quelques boules de neige ont été lancées (les fameux projectiles !), mais n'apprend-on pas aux enfants à ne pas se battre pour si peu et à dialoguer ? Peut-être faudrait-il penser à surveiller ces rambos.

Le mouvement étudiant est une richesse pour le Québec. Il est en effet peu de groupes au Québec qui parviennent à se mobiliser aussi rapidement et à inscrire leurs revendications dans un cadre plus large de changements sociaux. Les étudiants veillent à protéger notre démocratie et à faire progresser la société québécoise, et non à la détruire. Bloquer la tour de Loto-Québec ou bloquer le pont Jacques-Cartier ne sont pas des actions violentes, du moins certainement pas au même titre que les gestes du gouvernement, puisqu'elles ne s'accompagnent pas d'un mépris flagrant de la démocratie et des droits collectifs dont le Québec s'est doté.

Nous devons donc continuer à lutter contre l'idée selon laquelle il est normal pour un gouvernement et des administrations universitaires de réprimer les étudiants. Il est en effet déplorable que nous ayons perdu le sens d'une véritable communauté universitaire. Non, les administrations n'ont pas toujours cherché à nuire à leurs étudiants. C'est pourquoi les étudiants exigent des administrations universitaires et collégiales qu'elles défendent leurs étudiants en se positionnant contre la hausse inacceptable des frais de scolarité imposée par l'un des gouvernements les plus impopulaires de l'histoire du Québec.

Que le gouvernement condamne sa propre violence et son propre mépris de la démocratie avant de demander aux organisations étudiantes de condamner leur prétendue «violence».

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