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«13 Reasons Why»: pourquoi en parler...

J'en parle souvent de mon état. Des choses qui me rendent triste, d'autres qui me rendent nerveux. Tout embouteiller n'aide rien. Le débordement éventuel qui en suivrait serait désastreux. C'est un débordement que j'ai déjà vécu.
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À priori, je dois vous avouer que je n'ai pas écouté la télésérie. Je n'ai pas plus l'intention de l'écouter dans un avenir rapproché. À lire les commentaires positifs et négatifs sur 13 Reasons Why, je suis capable de dire que ce n'est pas mon genre de truc. Je préfère regarder, quoique possiblement moins stimulant, des bandes dessinées avec mes neveux et nièces. Non, je ne tente pas de me mettre la tête dans le sable et d'ignorer que la vie et le monde sont parfois très tragiques. Je ne tente pas de me cacher à la réalité que des histoires telles que celle de cette nouvelle série Netflix se passent dans nos écoles. Non, ce n'est pas mon objectif. Je n'aime pas écouter les drames, les films de répertoires qui finissent mal, des films d'horreur qui se terminent en queue de poisson, des émissions qui se rapprochent trop de choses que j'ai vécues...

Les téléséries et les films mélancoliques me rendent encore plus mélancolique que je le suis déjà à la base.

Quelqu'un pourrait me regarder - de mon entourage, de ma famille, de mes collègues - et me dire que j'ai un beau sourire, que je suis talentueux, que j'ai tout pour moi et que tout roule en ma faveur. Ce n'est pas une façade que je me mets pour fuir une douleur ou des questions quelconques. J'en parle souvent de mon état. Des choses qui me rendent triste, d'autres qui me rendent nerveux. Tout embouteiller n'aide rien. Le débordement éventuel qui en suivrait serait désastreux. C'est un débordement que j'ai déjà vécu.

Il y a quelques années de cela, j'ai décidé que j'en avais assez.

Je ne serai pas explicite sur la date, les lieux, ou les événements directement précédents ou suivants cette décision, car je ne veux pas culpabiliser qui que ce soit sur ce qui a motivé mes comportements.

Suffit de dire que j'avais mal et que dans ma tête, ma solution (qui n'en est pas une) était évidente. Mon plan était établi, j'y allais.

Je remercie Dieu de m'avoir entouré ce soir-là de trois amis incroyables, dont Alex, Bryan et par la suite Marco.

Serait-ce trop simple de dire que tout est bien qui finit bien?

Pour être honnête, j'aimerais bien arrêter d'écrire cet article maintenant. J'ai honte, j'ai mal d'en parler, c'est humiliant et je me sens à nu. Je n'ai pas envie d'en parler.

Qu'est-ce que vous allez penser de moi? Qu'est-ce que vous allez écrire dans les commentaires?

Est-ce que je devrais vous raconter l'histoire féérique inventée de comment je suis sorti de mes difficultés émotionnelles et qu'aujourd'hui le ciel est bleu?

Si j'écris sur la politique, sur les relations amoureuses, sur quoi que ce soit, d'habitude je n'en ai rien à cirer. Mes opinions ne sont pas qui je suis. Mais là, je parle de mes échecs. Je vous parle de ma faiblesse. Devrais-je relire mon texte 20 fois pour m'assurer que tout est clair et que je n'ai pas fait d'erreur de frappe? Est-ce que je devrais vous raconter l'histoire féérique inventée de comment je suis sorti de mes difficultés émotionnelles et qu'aujourd'hui le ciel est bleu?

Voilà le mensonge infernal que ce monde corrompu tente de nous faire croire. La nécessité de la perfection. Les revues, les téléséries, les chansons, parfois même nos amis et notre famille...

Soyez content. Soyez beaux. Soyez performants. Soyez inhumains, merde... Ça me dégoute.

Voici de quoi a l'air un être humain:

J'avais la morve qui me coulait jusqu'au menton; les yeux enflés et rougis tellement j'avais pleuré. Ma voix était rauque parce que j'avais crié dans mon oreiller pour ce qui semble avoir été une éternité. Je suais de nervosité et je crois que j'avais renversé une bière sur mes jeans. Je tremblais de la tête aux pieds. C'est comme ça que mes amis m'ont ramené chez eux et m'ont assis dans le bain pour me faire couler une douche pendant que les larmes coulaient encore sur mes joues. Incapable d'assembler une phrase complète tellement je pleurais...

C'est à ça que je ressemblais. Nu. Démoli par les circonstances et surtout par mon silence.

La honte et notre conscience qui doivent, en temps normal, nous diriger vers de bons comportements et d'avouer nos torts nous mènent trop souvent vers la fierté et donc le silence.

Il n'y avait, en effet, rien de beau dans cette image. Rien de digne d'une première page. Aucun filtre Instagram ou Snapchat n'aurait pu embellir mon état. Je ne crois pas qu'il y ait un mot-clic qui m'aurait mérité un re-Tweet en ce moment. #QuelleSoirée #LaVraieVie Cependant, je dois en parler. Le silence est un ennemi mortel, pour moi, et pour toi.

Je suis content que mes amis m'aient vu dans cet état. Je suis content qu'ils m'aient vu à mon pire, parce qu'ils m'aient vu ainsi m'a probablement sauvé la vie et continue de m'y maintenir.

Il n'y a rien de honteux de dire qu'on est triste, même sans connaitre la raison exacte.

Il n'y a rien de honteux de dire qu'on voudrait que notre situation soit différente.

Il n'y a rien de honteux de s'avouer faible et même de s'avouer vaincu.

Il n'y a rien de honteux d'être imparfait.

Il n'y a rien de honteux de se retrouver émotionnellement à nu devant quelqu'un et dire qu'on a besoin d'aide.

On ne s'en sortira pas seul. On n'est pas fait pour s'en sortir seul. On est fait pour le vivre ensemble.

Si moi je suis capable, par la grâce de Dieu, d'en parler, je suis sûr que toi aussi tu peux le faire. Ne garde pas le silence. Ne te tais pas.

Malgré une vie aisée, un emploi stimulant, une famille qui m'aime, des amis et un entourage sans pareil, une fiancée de rêve... Il m'arrive encore d'être triste. J'en parle. Je n'embouteille pas. Je cherche de l'aide. C'est possible. Il y a des hauts et bas. Vivons-le ensemble; par pitié, vivons-le ensemble.

Parles-en à quelqu'un de ton entourage: «Comment ça va? Est-ce que je peux faire quelque chose pour t'aider? Veux-tu parler de quelque chose?»

Parles-en à quelqu'un de ton entourage: «Ça ne va pas. J'ai besoin d'aide. Il faut que je te parle de quelque chose.»

Il y aura des journées meilleures; il y aura des journées pires.

Je ne vais pas toujours bien. J'ai souvent besoin d'aide. J'ai toujours besoin de parler à quelqu'un.

Je sais que ce n'est pas facile, mais je t'en supplie, parle.

Ensemble, un pas de foi, un pas à la fois.

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