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Pourquoi la santé mentale des filles est un enjeu d'intérêt national

Dans les faits, les pressions que subissent les filles et les jeunes femmes sont de plus en plus nombreuses, intenses et complexes. À la maison, les filles sont confrontées à de grandes attentes : elles doivent exceller autant à l'école qu'en société
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Un récent article en couverture du Maclean's, intitulé Revenge of the Teenage Girl, a immédiatement piqué notre curiosité. Nous pensions que les responsables de la publication avaient mis cet article en valeur pour souligner la troisième Journée internationale de la fille, qui aura lieu ce samedi, le 11 octobre. Or, quelle ne fut pas notre surprise de constater que ladite journée n'y est pas une seule fois mentionnée.

À la lecture de cet article, nous nous sommes même demandé si cette journée spéciale était encore nécessaire, puisque les filles, représentées par un nombre sans cesse croissant de célébrités et d'entreprises au discours féministe, semblent s'en tirer remarquablement bien de nos jours. À quoi bon organiser une Journée internationale de la fille pour nous rappeler les difficultés auxquelles les filles sont confrontées quotidiennement, puisque ces difficultés disparaissent apparemment à grande vitesse?

Il est vrai qu'au Canada, les filles ont fait beaucoup de progrès au cours des 20 dernières années, mais ce n'est pas le cas pour l'ensemble d'entre elles.

Les filles immigrantes, racisées et autochtones, par exemple, ainsi que les filles LGTBQ et celles habitant en milieu rural, sont toujours confrontées à d'importants défis au quotidien. Il en va d'ailleurs de même pour toutes les filles. Bien qu'il soit toujours sain de marquer une pause pour célébrer nos réussites et nos avancées, il reste encore beaucoup de chemin à faire pour réellement renforcer l'autonomie des filles.

Dans les faits, les pressions que subissent les filles et les jeunes femmes sont de plus en plus nombreuses, intenses et complexes. À la maison, les filles sont confrontées à de grandes attentes : elles doivent exceller autant à l'école qu'en société. Elles sont l'objet de violences physiques et psychologiques et de harcèlement sexuel. Elles sont également visées par de nouvelles formes de pression sociale, dont l'intimidation en ligne et les « sextos », sans parler de l'omniprésence de standards de beauté de plus en plus absurdes. Plusieurs de ces problématiques se renforcent mutuellement, ce qui pose des défis toujours plus complexes pour la santé mentale des filles.

Dans un rapport publié en 2006, l'organisme non gouvernemental Girls' Inc. a inventé le terme « supergirldilemma » pour décrire les pressions complexes auxquelles les filles sont soumises pour être tout et son contraire, pour tout le monde à la fois, en tout temps.

Bien que tous ces enjeux méritent qu'on s'y penche sérieusement et qu'on cherche activement des solutions, certaines problématiques méritent particulièrement notre attention à l'occasion de la Journée internationale de la fille 2014. Compte tenu du regain d'attention accordée à la santé mentale dans la foulée de certains suicides particulièrement médiatisés, la santé mentale des filles est peut-être le plus important de tous ces enjeux. Un sondage national réalisé auprès des jeunes en 2011 par l'Agence de la santé publique du Canada confirme ce constat. Il signale notamment que les filles présentent systématiquement plus de résultats négatifs que les garçons en ce qui a trait à leur santé.

Par ailleurs, les garçons et les filles réagissent de façons très différentes aux facteurs de stress émotionnels. Les garçons sont plus susceptibles d'extérioriser leurs problèmes de santé mentale, ce qui se traduit souvent par des taux plus élevés de délinquance, de toxicomanie et de dépendance au jeu. De leur côté, les filles ont davantage tendance à intérioriser les pressions sur leur santé mentale. Elles présentent des taux plus élevés de dépression, de détresse psychologique, de troubles anxieux et de troubles de l'alimentation.

Les jeunes sont bombardés d'innombrables messages en provenance des médias, des enseignant-e-s et même d'organismes sans but lucratif et de ministères gouvernementaux bien intentionnés. Il n'est donc pas étonnant que les enjeux relatifs à la santé mentale des filles soient de plus en plus d'actualité. En fait, selon un rapport-choc publié le mois dernier par l'Institut canadien d'information sur la santé, le taux d'hospitalisation des préadolescentes et des adolescentes aux prises avec des troubles de l'alimentation augmente de façon spectaculaire.

À moins que nous prenions vraiment les moyens de remédier à cette situation, toutes ces données ne sont rien de plus qu'une série de renseignements.

Pendant que les militantes, les défenseurs de droits, les organismes communautaires et les citoyen-ne-s ordinaires persistent à travailler en faveur d'un avenir meilleur pour les filles, ne serait-il pas possible d'agir immédiatement pour changer les stratégies d'adaptation employées par les filles et les jeunes femmes pour relever ces défis importants?

La bonne nouvelle, c'est qu'il existe des programmes de renforcement de l'autonomie qui abordent la santé mentale des filles. Ils font appel à des modèles d'identification positifs, à l'engagement communautaire et à la mise sur pied de milieux sécurisants où les filles peuvent parler de leurs expériences et se rendre compte qu'elles ne sont pas les seules à faire face à des défis. Ces programmes encouragent également la pensée critique, un outil indispensable qui permet aux filles de déceler les messages cachés leur dictant ce qu'elles devraient être.

Les adolescentes canadiennes doivent-elles se venger de la société, comme le suggère le titre de Maclean's? Certaines personnes sont d'avis que oui, les filles doivent se venger d'injustices commises dans le passé. Mais n'est-il pas plus important de se tourner vers l'avenir que de vivre dans le passé? Pour ce faire, contribuons au renforcement de l'autonomie des filles par des programmes non mixtes et culturellement inclusifs qui invitent les filles à prendre soin d'elles-mêmes plutôt qu'à se faire du mal. Cette année, pour la Journée internationale de la fille, faisons de la santé mentale des filles une priorité.

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