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Habillées ou nues, les femmes ne sont pas des proies sexuelles

Culpabiliser les victimes, ce raccourci inhumain, aberrant et dépourvu de justice et d'empathie a été la posture de la mairesse de Cologne Henriette Reker conseillant aux femmes de se tenir à une «certaine distance, plus longue que le bras» avec des inconnus pour se protéger contre de telles agressions.
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Des centaines de femmes ont déposé des plaintes aux autorités allemandes pour avoir été agressées sexuellement lors de la Saint-Sylvestre par des hommes décrits comme «arabes» ou «nord-africains». Le phénomène gravement choquant a été étouffé pour ne pas stigmatiser ou causer du tort à un groupe donné. Grave erreur. Une injustice en demeurera toujours une, et la nommer n'est pas une généralisation. C'est un fait.

Nulle surprise, je suis choquée, ce n'est pas la première fois que des violences faites à l'endroit des femmes me laissent dans cet état d'âme, dans cette peine profonde qui invite à l'action contre une injustice. D'ailleurs, les agressions sexuelles commises en terre allemande me ramènent dans divers endroits notamment en Afrique dans les zones en guerre ou juste dévastées par les injustices et les inégalités où toutes les formes de violences sont constamment faites à l'endroit des femmes.

L'exemple le plus frappant qui me hante me vient du Congo. Pourtant, on y assiste à une désinvolture totale des autorités locales et de la communauté internationale à force d'être habituées par l'inaction et la banalisation, qui finissent par normaliser un phénomène cruel qui ne devrait aucunement l'être. Des femmes et jeunes filles y mènent une vie d'enfer sous l'emprise de mâles agresseurs et d'une société qui les rejette, qui met toujours la faute des agressions sexuelles du côté des victimes considérées comme des êtres sans valeur, donc des objets souillés à se départir, qui vont culpabiliser de leur sort...

Culpabiliser les victimes, ce raccourci inhumain, aberrant et dépourvu de justice et d'empathie a été la posture de la mairesse de Cologne Henriette Reker conseillant aux femmes de se tenir à une «certaine distance, plus longue que le bras» avec des inconnus pour se protéger contre de telles agressions. Non, ce n'est pas aux femmes de se tenir loin des hommes connus ou non. Ce n'est pas aux femmes de changer leur habillement pour ne pas susciter la libido d'hommes incapables de se contrôler. Non!

Après le choc, la lucidité m'impose à souligner certaines différences flagrantes entre l'Allemagne et le Congo. La souffrance des migrants n'a laissé presque aucun humain indifférent. Malgré l'empathie humaine, certains ont mis en avant la sécurité comme condition d'accueil. C'est un choix très rationnel. Cependant, l'Allemagne qui a fait preuve d'ouverture et de générosité devant le flux migratoire comparativement aux autres grandes puissances occidentales a négligé le choc des cultures et l'expérience d'inégalité basée sur le genre, le sexisme. Le choc des rapports de genres est pourtant le plus rude. Sa portée est plus grande. Les statistiques montrent des centaines d'agressions et non des cas isolés. Les présumés coupables partagent des caractéristiques communes gouvernées par le patriarcat, c'est-à-dire le pouvoir et l'abus des hommes sur les femmes tout simplement. Le patriarcat est l'injustice commune à presque toutes les sociétés à travers l'Histoire, l'Occident n'y a pas échappé. Cependant, certaines sociétés notamment occidentales s'en sont départi grâce à des luttes féministes et l'affirmation d'une quête de justice sociale qui a encore des gains à faire, alors que d'autres sociétés baignent encore dans le patriarcat et entretiennent celui-ci par la religion et la culture. C'est un fait.

Pour gérer les problèmes issus de la migration de masse découlant des injustices planétaires, il faut reconnaitre que l'arrivée de personnes issues d'autres cultures, d'autres valeurs et de religions peut créer des tensions. Cela ne veut pas du tout dire de fermer la porte aux migrants. Mais il faut trouver des moyens efficaces qui précèdent l'accueil des migrants et leur faire une mise à niveau avec la population locale sur l'égalité des hommes et des femmes en dignité et en droit, sur la laïcité et la liberté d'expression. Il faut reconnaitre que les pays occidentaux, avec leur lot de défauts, sont en avance sur les rapports de genres en leur sein. À cet égard, ils sont des modèles pour bien des pays comme le Sénégal, mon pays d'origine, mais également, a fortiori, pour les pays islamiques. Encore une fois, les statistiques démontrent une forte corrélation d'injustices et d'inégalités dans les pays islamiques, régis par la Charia contrairement aux pays laïques. C'est un fait.

En Occident, les femmes ont quitté l'occupation de zones secondaires, pour prendre leur pleine place dans la société, un fait exemplaire. La mini-jupe ne sera pas troquée contre une longue, les cheveux au vent ne seront pas emprisonnés sous un foulard pour un semblant de pudeur accommodant un comportement masculin répréhensible. La pudeur est dans la civilité, elle est dans les rapports justes et égalitaires entre les hommes et les femmes sans considération aux vêtements portés. Elle est dans la retenue et le respect absolu et inconditionnel de la femme et de son corps vêtu ou nu. D'ailleurs, la valeur occidentale la plus enviable et digne d'être copiée partout où vivent des êtres humains sur terre, c'est l'égalité en dignité et en droit entre les hommes et les femmes. Elle n'est pas à troquer contre aucune religion, aucune culture; elle n'a pas à fléchir, non plus.

Avant de conclure, pour ceux qui se demanderont pourquoi je parle du Congo ici, je leur réponds que j'ai saisi l'occasion d'une injustice pour la dénoncer ainsi que d'autres qui se passent ailleurs. Trop de femmes souffrent dans ce monde d'injustices religieuses, culturelles, sociales, politiques et économiques. Il faut une tolérance zéro, il faut dénoncer à haute voix les acteurs de telles agressions envers les femmes, des êtres à part entière, sans égard à aucune caractéristique pouvant nuancer ou justifier leur comportement condamnable. Que les coupables soient nommés et sévèrement punis. Que des mesures soient prises pour prévenir d'autres abus et agressions similaires. Comme les humains, les injustices voyagent, elles prennent les avions, les pirogues et les bateaux, elles se heurtent à d'autres cultures et civilisations, d'autres modes de vie totalement différents. Dans ce choc, une chose est à retenir et à appliquer: l'égalité des hommes et femmes est supérieure à tout.

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