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L'emploi des immigrants, enfin un enjeu électoral?

Plusieurs communautés déplorent que leurs jeunes ne trouvent pas d’emploi, malgré des diplômes obtenus dans des écoles et universités du Québec.
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Malgré un taux de chômage historiquement bas, celui des immigrants demeure inquiétant.
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Malgré un taux de chômage historiquement bas, celui des immigrants demeure inquiétant.

La dernière élection provinciale, qui s'est tenue au printemps 2014, a connu une mobilisation sans précédent des Québécois issus des communautés culturelles. En effet, à cette époque le débat sur la Charte des valeurs du Parti Québécois battait son plein et avait polarisé l'opinion publique sur la question du port de signes religieux dans la fonction publique. Cette levée de boucliers contre ce qui était alors considéré comme une atteinte aux libertés individuelles a eu pour effet d'éveiller la conscience politique de bon nombre d'immigrants.

On peut imaginer que ces derniers ont réalisé que leur vote massif peut faire une différence et qu'à chaque rendez-vous électoral ils exprimeront leurs convictions par les urnes. Il s'agit là d'un beau symbole d'intégration et de participation à la vie démocratique et citoyenne québécoise, et tout porte à croire que le temps où les personnes issues des communautés culturelles ne votent pas tend à se dissiper.

Les questions liées à la reconnaissance des diplômes et des compétences par les ordres professionnels n'ont jamais concrètement été traitées par les gouvernements qui se sont succédés, jusqu'aux légères avancées du projet de loi 98 adopté en juin dernier.

Aujourd'hui, ce qui les préoccupe le plus est l'emploi. Malgré un taux de chômage historiquement bas, celui des immigrants demeure inquiétant. Les questions liées à la reconnaissance des diplômes et des compétences par les ordres professionnels n'ont jamais concrètement été traitées par les gouvernements qui se sont succédés, jusqu'aux légères avancées du projet de loi 98 adopté en juin dernier. Entre temps, l'espoir des premières générations d'immigrants s'est transposé à leur filiation, sensée en théorie ne faire face à aucune difficulté de nature culturelle, linguistique et académique. Pourtant, plusieurs communautés déplorent que leurs jeunes ne trouvent pas d'emploi, malgré des diplômes obtenus dans des écoles et universités du Québec.

Finalement saisi par l'enjeu, le gouvernement de Philippe Couillard a décidé de prendre le taureau par les cornes et de mettre en place une commission sur la discrimination systémique. L'idée est de saisir et d'expliquer les réticences de certains employeurs lorsque vient le temps d'embaucher un candidat issu de la diversité et de contribuer à y remédier. Mais la question de l'emploi des immigrants n'est pas seulement d'ordre sociale, elle est avant tout économique. En coulisses, la décision la plus significative aura été la récente nomination d'un haut fonctionnaire d'expérience pour prendre les rênes du ministère de l'Immigration, une administration généralement snobée par les politiciens et les mandarins de l'État. L'arrivée de ce nouveau sous-ministre à la longue feuille de route au ministère de l'Emploi reflète la volonté politique du gouvernement d'arrimer l'immigration aux besoins du marché du travail. Il était temps d'agir, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Les oppositions, quant à elles, dégagent l'impression de chercher un équilibre entre intérêt pour les questions liées à l'immigration et discours populistes. Le Parti Québécois, malgré l'évolution souhaitée et prônée par les deux jeunes candidats battus à la chefferie, Alexandre Cloutier et Paul Saint-Pierre-Plamondon, n'arrive pas à se défaire de ses vieux démons et à faire adhérer les communautés culturelles à ses idéaux sociétaux. Pour sa part, la CAQ qui tente de se positionner comme le parti de l'économie aurait pu se concentrer sur la rareté de la main-d'œuvre dont l'immigration est l'une des solutions. Toutefois, François Legault y est plutôt allé d'une déclaration sur la frontière du Québec à la suite de l'afflux de migrants haïtiens, démontrant peu d'empathie à l'égard d'une situation humanitaire que les traités internationaux, dont le Canada est signataire, exigent d'examiner avec prudence.

Il est à espérer que, pour une fois depuis bien longtemps, l'enjeu électoral entourant la diversité québécoise soit d'ordre économique, sujet plus constructif et rassembleur que celui de l'identité qui a tendance à alimenter la crainte des autres.

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