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Il faut impliquer les familles dans les troubles alimentaires

Elles s'appellent Laetitia, Alexia, Emilie, Irène, elles souffrent ou ont souffert de troubles du comportement alimentaire. Dans leurs témoignages, elles nous parlent des TCA et des répercussions sur leur famille.
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«Je m'appelle Laetitia, j'ai 21 ans et cela fait maintenant 7 ans que je souffre d'anorexie-boulimie, de façon altérée, mais ce n'est que depuis que 2 ans environ que j'en ai parlé à mes parents. Avant cet aveu, j'étais sans cesse dans la dissimulation et le mensonge. »

«Je m'appelle Alexia, j'ai 27 ans. J'ai souffert de troubles alimentaires, anorexie et boulimie. »

«Je m'appelle Émilie, j'ai 20 ans. Je fais de l'anorexie mentale depuis mes 14 ans. J'ai la phobie de grossir. »

Elles s'appellent Laetitia, Alexia, Émilie, Irène, elles souffrent ou ont souffert de troubles du comportement alimentaire. Vous pouvez lire leurs témoignages ici. Dans leurs témoignages elles nous parlent des TCA et des répercussions sur leur famille.

Il y a beaucoup d'idées reçues sur les troubles alimentaires :

•l'anorexie ne touche que les femmes

•il suffit de reprendre vite du poids pour être guéri

•c'est une maladie de l'adolescence

•la boulimie est une affaire de volonté

•etc.

Parmi ces idées reçues, celle que l'anorexie serait la faute de la mère. En effet, les familles - la mère en particulier - ont longtemps été accusées d'être responsables de l'anorexie de leur adolescent. Comme si les parents ne culpabilisaient pas déjà assez...

«J'ai pendant un temps maintenu un poids à peu près normal. Normale en surface et de plus en plus abimée à l'intérieur... Mais ça passait. Personne n'osait rien me dire. »

Les parents sont parfois les derniers à voir ce qui se passe. Entre les dissimulations de la personne malade (qui préserve sa maladie ou ne veut pas faire souffrir ses proches) et le déni, les raisons d'une prise de conscience tardive sont nombreuses. Le plus souvent, c'est l'incompréhension générale :

«J'étais en colère contre moi qui faisait du mal à mes parents, à ma famille. Mais cette même famille ne comprenait pas pourquoi j'avais fait ça, pourquoi je faisais du mal à mon corps en l'amaigrissant et en me coupant?! "TU es pourtant une fille intelligente! Tu aurais pu éviter ça!" "Ce n'est pas compliqué de manger et de GROSSIR." L'incompréhension était trop présente, je ne comprenais pas pourquoi ils m'engueulaient, ils ne comprenaient pas pourquoi je faisais ça.»

Tout le monde tente de bien faire et malgré cela, les maladresses sont fréquentes. On cherche à s'épargner mutuellement. La malade qui souffre de faire souffrir :

«Je passais ma vie dans les toilettes ou la douche, sans cesse à fuir, à me cacher des miens, pour ne pas les blesser, leur faire peur.»

Les parents qui ne comprennent pas que leur enfant puisse refuser leur aide :

«Ils me reprochent d'avoir refusé leur aide, mais c'était l'aide de tout le monde que je refusais,

Les parents veulent souvent trop faire pour nous aider, mais parfois, c'est pire que mieux. Ils peuvent par contre nous soutenir sans être trop envahissants.»

On arrive parfois à des situations compliquées ou la communication ne passe plus :

«Ma mère ne comprend pas pourquoi je me fais du mal comme ça, mon père ne m'adresse plus la parole depuis de nombreuses années à cause de cela.»

C'est très difficile pour les proches de faire face à la maladie de leur enfant. Les parents jouent bien sûr un rôle majeur dans le développement de leur enfant, mais on sait aujourd'hui qu'un trouble du comportement alimentaire a des causes multifactorielles et complexes.

Il faut déculpabiliser les parents : que la mère soit trop «présente»" ou le père trop «absent », cela ne suffit pas à engendrer un TCA. Voici ce qu'une personne malade voudrait dire à sa famille :

«Comment leur expliquer que le processus de guérison est long, mais possible, qu'il faut juste être patient? (...) Ma guérison et mes soins sont mon espace, je veux vivre d'autres choses avec eux que la difficulté de la maladie. (...) C'est aussi important de leur faire comprendre qu'ils ne sont en aucun cas coupables de notre maladie, personne n'est responsable de la survenue d'une grippe ou d'une angine. Pour moi, c'est la même chose, divers facteurs interviennent et eux aussi doivent s'entourer et se faire suivre.»

Il est indéniable que la maladie impacte toute la famille. Si les parents peuvent se remettre en question (l'introspection est rarement négative), il convient de se concentrer sur le présent et sur l'avenir, pour mieux lutter contre la maladie. Les malades ne comprennent pas toujours l'importance du concours de leurs parents dans leur combat et cherchent plutôt à s'isoler et se couper. Pourtant, la façon dont la famille va réagir et se mobiliser, avec l'aide de l'équipe médicale, est très importante. L'implication des proches favorise la guérison. C'est pourquoi il faut informer les familles afin qu'elles puissent connaître les signes, avoir des conseils sur ce qu'il faut dire ou ne pas dire... Vous trouverez ici des conseils pour l'entourage.

Conseils de Irène, gestalt* thérapeute :

«Je ne saurais trop conseiller aux parents et aux proches de se faire aider. Pour traverser ce tsunami. La meilleure aide pour l'autre est parfois de montrer l'exemple de tenir debout dans la tempête.

Le déni n'échappe pas non plus aux proches : entre les cachotteries du malade et l'impuissance à faire face à un trouble qui nécessite une prise en charge médicale et pluridisciplinaire, les TCA restent une maladie grave, mortelle, à ne pas prendre à la légère. Il est toujours utile de répéter que ce n'est ni un caprice ni une lubie, mais une maladie. Dont on se sort. Dont on peut aussi se sortir grandi quand on réalise que ces symptômes cristallisent parfois les douleurs et les non-dits de toute la famille. »

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*la gestalt thérapie est une forme de psychothérapie issue du courant humaniste

À voir également :

Ces stars qui ont déclaré publiquement avoir des troubles alimentaires

Ce billet a initialement été publié sur le Huffington Post France.

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