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Une rencontre qui pourrait changer notre système de santé

Les décisions qui seront prises cette semaine à Vancouver ont le potentiel de changer durablement la trajectoire sur laquelle nos systèmes de santé sont lancés. Seule l'innovation permettra d'améliorer notre système de santé public
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Cette semaine, la ministre fédérale de la Santé Jane Philpott rencontrera ses homologues provinciaux à Vancouver afin de discuter d'un nouvel accord fédéral-provincial en santé. Cette rencontre pourrait entraîner de profonds changements pour notre système de santé public.

Contrairement à leurs prédécesseurs conservateurs, les libéraux fédéraux souhaitent que le gouvernement fédéral redevienne un acteur en santé. En 2014, le gouvernement Harper avait décrété unilatéralement les montants des transferts fédéraux en santé en plus de se retirer complètement de toute décision dans le domaine. Cette position entrait alors en parfaite contradiction avec le rapport Naylor sur l'innovation en santé, rapport indépendant que les conservateurs eux-mêmes avaient commandé.

Le désengagement du gouvernement Harper en matière de santé était certes idéologique; certains chroniqueurs qualifiaient même les conservateurs de «fondamentalistes constitutionnels». Pendant près de 10 ans, l'approche «laissez-faire» de ce gouvernement a mené à l'intégration des transferts aux circuits existants de dépenses. En d'autres mots, les gouvernements provinciaux, soumis à des impératifs de délivrance de soins qui augmentent plus vite que les sommes disponibles, n'ont pu changer leurs façons de faire. L'argent a ainsi servi à augmenter le volume de ce qu'ils faisaient déjà. Pendant dix ans, le gouvernement fédéral de M. Harper a laissé notre système de santé public dériver, alors que les provinces souhaitaient un gouvernement collaborant aux transformations nécessaires.

Notre système de santé moderne, élaboré au cours des années 1960, est construit sur une entente entre le gouvernement fédéral et les provinces. Initialement, chacun des paliers de gouvernement couvrait 50 % des dépenses en santé. Si l'on s'attarde aux dernières années, depuis 2003, les dépenses privées et publiques en santé sont passées de 124 milliards de dollars à 207 milliards en 2012, et la part du gouvernement fédéral s'est réduite à près de 22 %. Malgré l'augmentation des dépenses, notre système n'a pas changé de manière significative.

Les ministres qui se réuniront à Vancouver auront une tâche colossale devant eux. Leurs choix auront des implications majeures sur la capacité budgétaire des provinces, elles qui doivent assumer d'autres responsabilités importantes telles que l'éducation et les infrastructures. Ils devront travailler sur un plan visant un système de santé plus accessible, tout en maîtrisant l'augmentation des dépenses en santé. C'est dans ce contexte que le gouvernement fédéral devra naviguer afin de s'assurer que l'argent investi dans le nouvel accord permette l'évolution de notre système de santé.

Les pistes de solutions porteront notamment sur le virage vers les soins à domicile, sur l'adoption de dossiers électroniques intégrés, et sur l'achat regroupé de médicaments afin d'en faire diminuer le prix.

La question de l'accès à des médicaments d'ordonnance est majeure. Le Canada est le seul pays avec un système de santé universel qui n'inclut pas un système d'assurance-médicaments universel. Un programme universel d'assurance-médicaments permettrait d'épargner aux alentours de 6 milliards de dollars par année, argent présentement dépensé en prix pharmaceutiques gonflés et en frais de gestion privés et publics.

Un programme d'assurance mixte, comme celui présent au Québec, est malheureusement trop dispendieux et freine l'accès à des médicaments d'ordonnance pour de nombreux citoyens.

Si l'argent transféré aux provinces n'est pas rattaché à des innovations et des objectifs clairs et consensuels (la façon de délivrer les soins demeure l'entière prérogative des provinces), il y a peu de chance que notre système de santé prenne le virage nécessaire afin d'en assurer sa pérennité.

De plus, un système de santé public pérenne et accessible ne peut ignorer la question de la prévention des besoins curatifs. Au-delà d'un accord sur le financement, tous les paliers de gouvernements doivent tenir compte des déterminants sociaux de la santé dans l'élaboration de leurs politiques publiques, afin d'investir l'argent où il sera le plus rentable en termes de bénéfices pour la population. Le revenu, l'éducation, l'accès à un logement et à de la nourriture abordables ont des impacts bien plus importants sur la santé des individus que le système de santé en lui-même. Les politiques publiques modernes ne peuvent plus ignorer les déterminants sociaux de la santé si nous voulons réellement une population plus saine.

Les décisions qui seront prises cette semaine à Vancouver ont le potentiel de changer durablement la trajectoire sur laquelle nos systèmes de santé sont lancés. Seule l'innovation permettra d'améliorer notre système de santé public, et ce sans entraver les autres missions essentielles de l'État.

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