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Grève au Canadien Pacifique: pourquoi jeter de l'huile sur le feu?

J'ose à peine y croire. Et pourtant... Quelques heures à peine après le déclenchement d'un conflit de travail au Canadien Pacifique, la ministre du Travail, Lisa Raitt, a déclaré aux journalistes vouloir-«à la première occasion» pour forcer le retour au travail des employés en grève pour 72 heures.
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J'ose à peine y croire. Et pourtant... Quelques heures à peine après le déclenchement d'un conflit de travail au Canadien Pacifique, la ministre du Travail, Lisa Raitt, a déclaré aux journalistes vouloir dégainer le bazooka législatif -«à la première occasion» pour forcer le retour au travail des employés en grève pour 72 heures.

En d'autres mots, la ministre veut déposer une autre loi spéciale.

Je pense que cette prise de position menace l'équilibre actuel des relations de travail. Personne dans une entreprise ne souhaite un conflit, mais lorsque celui-ci survient, la grève est habituellement l'ultime moyen que possèdent les travailleurs pour faire pression sur la partie patronale. Pourquoi l'employeur ferait-il la moindre concession au syndicat quand il sait pertinemment que le gouvernement conservateur, par le biais de la ministre Raitt, forcera les travailleurs à rentrer au boulot dans quelques jours?

Le problème, c'est que la ministre du Travail ne devrait pas prendre parti d'un côté ou de l'autre dans un tel conflit. Puisque les pouvoirs conférés par la position de M. Raitt sont énormes, elle a le devoir moral d'agir de façon posée. Brandir une loi spéciale dès le début d'un conflit est tout le contraire d'un geste responsable. C'est plutôt l'équivalent de jeter un bol d'huile bouillante sur un feu de cuisine en espérant étouffer les flammes.

La grande ironie se trouve évidemment dans l'attitude ambivalente des conservateurs face à l'intervention étatique dans le marché de l'emploi. D'un côté, lorsqu'il s'agit d'agir afin de sauver de bons emplois, comme ceux à Electrolux ou à Aveos, le gouvernement chante les vertus du laissez-faire des entreprises privées, plaidant qu'il faut attendre que les choses se replacent. Résultat : les travailleurs perdent leur emploi.

Mais lorsqu'un conflit de travail éclate, le gouvernement intervient systématiquement en faveur de l'employeur. Les conservateurs ont déjà utilisé la matraque d'une loi spéciale à deux reprises pour casser la gueule aux travailleurs en grève, d'abord sur les employés de Postes Canada, puis sur ceux d'Air Canada. Résultat : les travailleurs perdent virtuellement leur droit à la grève.

Je ne dis pas ici qu'il faille appuyer les revendications de l'une ou de l'autre partie. On peut être d'accord ou pas avec les revendications des travailleurs en grève du CP. Là n'est pas la question. Mais on ne peut être contre le libre exercice de la négociation entre les travailleurs et les employeurs et le droit à la grève ou au lock-out est un droit reconnu.

J'invite donc le gouvernement conservateur à faire preuve de retenue et à laisser les parties négocier de bonne foi. Laissons le temps faire son oeuvre, et je suis persuadée qu'il sera possible de trouver une sortie de crise honorable pour les deux camps.

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