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Exporter le cancer pour sauver un ministre

Presque tous les jours, je reçois un courriel des services de santé et sécurité de la Chambre des communes m'avertissant que des travaux liés à l'amiante sont en cours dans l'un des édifices du Parlement. Depuis que des preuves irréfutables existent prouvant le lien entre l'amiante et le cancer, les différents gouvernements ont procédé à d'importants travaux de désamiantages dans nos hôpitaux, nos écoles, et nos bâtiments publics comme celui du Parlement.
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Presque tous les jours, je reçois un courriel des services de santé et sécurité de la Chambre des communes m'avertissant que des travaux liés à l'amiante sont en cours dans l'un des édifices du Parlement.

Comme beaucoup de pays au cours du vingtième siècle, le Canada s'est servi des propriétés isolantes et ignifuges de l'amiante pour protéger nos bâtiments.

L'or blanc, comme on l'appelle aussi, était utilisé presque partout : routes, automobiles, construction.

Mais depuis que des preuves irréfutables existent prouvant le lien entre l'amiante et le cancer, les différents gouvernements ont procédé à d'importants travaux de désamiantages dans nos hôpitaux, nos écoles, et nos bâtiments publics comme celui du Parlement.

Il y a là un gros paradoxe.

Bien que presque toutes les utilisations de l'amiante soient désormais interdites chez nous, le Canada continue d'exporter la ressource cancérigène vers des pays où la réglementation en matière de santé n'est pas aussi stricte.

Ce que dit l'Institut du Chrysotile, un think-tank mis en place par l'industrie de l'amiante pour promouvoir le statu quo, c'est que l'amiante peut être utilisé de manière sécuritaire et responsable, tout en étant bon marché.

Ce que l'industrie cache cependant, c'est que l'amiante devient cher s'il faut respecter toutes les règles de sécurité à la lettre.

On se doute que dans les pays émergents comme l'Inde -- avec qui le gouvernement fédéral négocie un traité de libre-échange qui permettrait d'augmenter les exportations d'amiante canadiennes en diminuant les tarifs -- on ne s'embarrasse pas trop avec les mesures de sécurité.

L'Association médicale canadienne, la Société canadienne du cancer, l'Association canadienne de santé publique ainsi que les seize Directeurs de la santé publique du Québec, tous se sont prononcé clairement en faveur de la fin des exportations d'amiante.

Qu'est-ce qui pousse le fédéral à vouloir augmenter les exportations d'une ressource qui fauche 107 000 vies par année à travers le monde, selon l'Organisation mondiale de la santé?

Ça fait beaucoup, 107 000 personnes. C'est quatre fois plus que la population de Thetford Mines, le berceau historique de l'amiante.

La pression sur le gouvernement augmente, et certains députés conservateurs admettent maintenant en privé qu'ils sont mal à l'aise face à la position qu'ils doivent défendre.

Comme députée, je crois que c'est hypocrite et immoral d'exporter un minerai si cancérigène qu'il n'est presque plus utilisé chez nous. C'est à se demander si l'entêtement du gouvernement Harper n'a pas pour seul but que de sauver le siège du ministre de l'Industrie, Christian Paradis, originaire de... Thetford Mines.

La question se pose.

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